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O.N.G. - Extrême-orient(é)
2 septembre 2008

Alexander Ernst Alfred Hermann von Falkenhausen

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Alexander Ernst Alfred Hermann von Falkenhausen est né à Git Blumenthal en Allemagne le 29 octobre 1878. Issu d’une famille de vieille noblesse dans laquelle la carrière militaire est une tradition ; il est apparenté au général Ludwig von Falkenhausen, son oncle, qui sera gouverneur général de Belgique de 1917 à 1918. Après ses études primaires à Breslau, il entame sa carrière militaire à douze ans, en rejoignant l’école des cadets de Wahlstadt. Il rejoint ensuite le 91e régiment d’infanterie d’Oldenburg, commandé par Paul von Hindenburg, et est nommé second lieutenant en 1897.

Au début de l’été 1901, il est muté, à sa demande, au 3e régiment d’infanterie d’Asie orientale, qui participe à la répression de la révolte des Boxers. Après un séjour d’un an en Chine, il regagne l’Allemagne, où il poursuit sa formation à Oldenburg puis à l’académie militaire de Berlin. Passionné par l’histoire de la colonisation européenne et par l’histoire et la culture du Japon et de la Chine, il suit les cours du séminaire de langues orientales à l’université de Berlin et termine ses études avec distinction. En 1908, il est nommé au grand état-major, puis en 1909, il est envoyé au Japon. Il séjourne et étudie en Asie pendant deux ans, période au cours de laquelle il visite non seulement le Japon, mais aussi le nord de la Chine, la Corée et l’Indochine. À peine de retour en Allemagne en 1911, il est à nouveau envoyé au Japon, cette fois comme attaché militaire, poste qu’il occupe lors du déclenchement de la Première Guerre mondiale.

Pendant la guerre, von Falkenhausen combat avec les forces de l’empire ottoman. Après avoir été chargé par Mustafa Kemal d’opérations dans le sud de l’empire, contre les troupes anglaises dans la région de Bagdad, von Falkenhausen combat en Palestine, sous les ordres du général Liman von Sanders et est décoré de l’ordre Pour le mérite. Il reste dans l’armée après la fin de la guerre et il est nommé à la tête de l’école d’infanterie de Dresde en 1927. En 1930, il se retire du service et part en Chine pour servir de conseiller militaire à Chiang Kai-Shek. En 1937, l’Allemagne nazie s’allie avec le Japon, en guerre avec la Chine. En gage de bonne volonté, l’Allemagne reconnaît l’état du Manchukuo créé par le Japon et rompt l’accord de coopération germano-chinois. Sa famille restée en Allemagne étant menacée de poursuites pour trahison, von Falkenhausen est forcé de quitter son poste auprès de Chiang Kai-Shek, qu’il quitte en lui promettant de ne rien révéler de ses plans aux Japonais.

Von Falkenhausen est rappelé en service actif en 1938, et sert comme général d’infanterie sur le front de l’ouest, jusqu’à sa nomination comme gouverneur militaire de la Belgique occupée en mai 1940 avec le Nord-pas de Calais qui y est annexé. Il succède ainsi à son oncle qui avait déjà occupé le même poste pendant la guerre 1914-1918. Aristocrate prussien traditionaliste éduqué à l'ancienne (poliglothe) il méprise le Führer et le parti nazi qu'il tient pour des parvenus, mais, en bon militaire, il leur obéit puisqu'ils représentent le pouvoir légal. Cependant, il est secrètement favorable au roi Léopold III de Belgique, tenu en résidence surveillée à Bruxelles. Cela se devine et les milieux nazis de Belgique mènent contre lui une insidieuse campagne de dénigrement auprès d'Hitler. Contraint il signera dix-sept décrets, préparés par son adjoint Eggert Reeder contre la population juive de Belgique. Falkenhausen soutiendra, après la guerre, qu'il n'avait aucun pouvoir de s'opposer aux nazis qui formaient une autorité parallèle à la sienne et directement soumise au Führer. Durant l’occupation allemande, 43 000 non-juifs sont aussi déportés et 13 000 perdent la vie, et de nombreux résistants sont arrêtés. C'est aussi sous l'autorité d'Alexandre von Falkenhausen que les Allemands procèdent à l'exécution de 240 otages civils, en représailles aux attentats de la Résistance. Il interviendra, dans certains cas, pour sauver des résistants et des Juifs.

Von Falkenhausen est de plus en plus opposé au nazisme au fur et à mesure que la guerre avance. Il est un ami proche de plusieurs opposants à Hitler dont Carl Friedrich Goerdeler et Erwin von Witzleben et il offre son soutien à von Witzleben pour la préparation d’un coup d’État. Après l’échec de l’attentat du 20 juillet 1944, il est arrêté et interné dans la baraque des personnalités à Buchenwald, puis à Dachau, d’où il est libéré par les Alliés en 1945. Incarcéré à nouveau, von Falkenhausen est renvoyé en Belgique pour y être jugé en 1948 ; en mars 1951, à Bruxelles, il est condamné à douze ans de travaux forcés pour la déportation de 25 000 Juifs et l’exécution d’otages. Trois semaines après sa condamnation, von Falkenhausen est libéré et renvoyé en Allemagne, sur la base de témoignages qui établissent qu’il a cherché à contrecarrer la déportation des Juifs et les condamnations de résistants. C'est notamment la déposition de madame de Perlenghi, nom d'une chinoise mariée en Belgique qui avait intercédé en faveur des condamnés en invoquant une vieille amitié avec le général qu'elle avait connu en Chine où il avait été conseiller militaire de Tchang-Kaï-Chek. Il n'a cependant manifesté aucun regret pour les assassinats commis sous ses ordres, et à sa libération, il va jusqu'à se plaindre de « l'ingratitude » de la Belgique à son égard, reprenant à son compte, non sans outrecuidance, la formule de Scipion l'Africain contre sa patrie romaine Ingrata Belgia, non possidebis ossa mea (« Ingrate Belgique, tu n'auras pas mes ossements »).

Veuf depuis 1950, il se remarie dix ans plus tard avec une ancienne responsable de la Résistance belge, Cécile Vent, de 28 ans sa cadette. Il décède le 31 juillet 1966 à Nassau (Lahn). Il avait gardé jusqu'au bout intacts son anticommunisme, son désir de voir la nouvelle armée allemande jouer un rôle-clé dans la défense de l'Europe occidentale à la place de soldats français qu'il jugeait de mauvaise qualité, et sa conviction que la Wehrmacht avait pendant la guerre mené une guerre "propre".

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