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O.N.G. - Extrême-orient(é)
29 avril 2014

Un écrivain puissant, protéiforme et poétique

Tous ceux qui l’ont connu de près se souviennent de l’ami, du complice, drôle, narquois, entraînant, modeste, enthousiaste. Ils restent à jamais marqués par le souvenir de l’homme de convictions et de fidélité, généreux, ignorant la rancune et le ressentiment, incapable même d’inimitié. Pour eux, il ne fut que joie communicative et amitié.

Il fut aussi tellement plus ! Pour beaucoup de ses lecteurs il fut un éveilleur sans égal, celui qui, d’abord, donna vigueur et beauté à l’idée normande. Pour un très vaste public jeune, il éleva aussi les combats de la Seconde Guerre mondiale au niveau de l’épopée, sans choisir entre les camps, racontant avec le même enthousiasme l’aventure casquée de la Division Charlemagne, les volontaires de la Brigade Frankreich, ou les paras britanniques des Diables rouges attaquent. Avec le même talent romanesque, il a fait revivre Les Samouraï, les fusiliers-marins de La bataille de l’Yser, les chasseurs alpins de Narvik, les matelots à pompons de l’Eté rouge de Pékin, ou les cosaques du baron Ungern. Il s’intéressait moins aux situations historiques qu’aux hommes contraints de se surpasser dans les combats, les révolutions ou la dure vie du soldat.

Mais tout cela n’est qu’une part seulement de son talent d’écrivain et de journaliste incroyablement fécond qui a tant fait pour les auteurs et les poètes normands (2).

Personnellement, je place très haut l’extraordinaire galerie de portraits de plusieurs centaines d’écrivains, réunies sous le titre Que Lire ? Jean Mabire y révèle plus qu’ailleurs encore sa fibre poétique. Avec une extraordinaire empathie, il sait trouver chez chacun de ses auteurs, même les plus éloignés de lui, ce qui les relie à un terroir, une tradition. Suivant ses propres mots, « on peut aimer Aragon sans être communiste et Céline sans être antisémite ». Jamais personne n’avait entrepris un tel travail de mise en perspective de tant d’écrivains, avec cette liberté. Il n’était pas question pour Jean de mobiliser à titre posthume ces écrivains pour une cause qui n’était pas la leur. « Je cherche au contraire à élargir notre horizon en découvrant parfois chez l’écrivain les plus divers la présence et même l’exaltation des valeurs qui sont les nôtres (3). »

Jean Mabire fut et demeure un grand écrivain et aussi un grand journaliste protéiforme. C’est ce que révèle d’emblée l’importante bibliographie établie par Alain de Benoist, et c’est bien entendu ce qui fait la qualité première de ce travail méticuleux. S’y révèle toute la richesse d’une œuvre et d’un esprit dont l’absence pèse chaque jour à ceux qui l’avaient aimé.

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