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O.N.G. - Extrême-orient(é)
16 juillet 2012

Les pistes cyclables

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Les Chinois font du vélo parce qu'ils sont pauvres, les Parisiens parce qu'ils sont snobs, ce n'est pas la même chose. Ce serait tellement simple s'il suffisait de rouler à vélo pour régler le problème de la circulation et de la pollution dans les villes. Seulement, en vrai, le vélo ne remplace pas la voiture:

  • On ne peut pas faire du vélo quand il pleut (et il pleut souvent à Paris).
  • On ne peut pas faire du vélo quand on est vieux ou malade.
  • On ne peut pas faire du vélo quand on a des enfants, des paquets.
  • On ne peut pas faire du vélo quand il faut traverser le périphérique parce qu'on vient de banlieue.
  • On ne peut pas faire du vélo quand on doit porter un costume, qu'on a de nombreux rendez-vous à honorer dans la journée; bref, on ne peut pas faire du vélo quand on travaille.

La preuve que le vélo n'est pas une solution, c'est qu'en dehors de rares glandeurs branchés, les pistes cyclables sont désespérément vides (la mairie de Paris aura-t-elle un jour le courage de publier les chiffres ?) et que même ceux qui sont pour, en théorie, préfèrent laisser à d'autres ce moyen de locomotion aussi pratique que le cheval. Du coup, ce rétrécissement de la chaussée ne fait qu'augmenter les embouteillages - donc la pollution - sans compter le stress et la haine. Un embouteillage organisé qui est, au fond, la vraie et la seule stratégie de la Ville de Paris pour dissuader les usagers de rouler en voiture ; un peu comme si Delanoë décidait demain d'organiser la pénurie alimentaire pour lutter contre l'obésité! Derrière le fantasme de la piste cyclable - sorte de monument symbolique inutile et coûteux dédié à l'écologie (l'équivalent de la TGBNF pour le livre)- se terre la lâcheté du pouvoir devant les vraies nuisances qui pourrissent la circulation au cœur de la ville : les autocars et autres camions de livraison qui confisquent, au mépris de la loi, des quartiers entiers au profit du tourisme et du monocommerce (Pigalle, Montmartre, le Sentier, le quartier du Temple) avec, derrière, les lobbies intouchables (Séfarades de la fringue, Chinois du bijou fantaisie... ) qui arrosent, d'une façon ou d'une autre, la mairie de Paris. Mais surtout, derrière cette volonté d'interdire au simple citoyen l'usage du moyen de transport le plus pratique et le plus démocratique pour se déplacer en ville (puisque tous les pauvres ont désormais une voiture grâce à laquelle ils souhaitent échapper aux transports en commun auxquels ils étaient traditionnellement contraints), s'avance la même logique d'un monde à deux vitesses: celui d'un Paris désormais réservé aux riverains qui ont les moyens de vivre et de travailler sur place (professions libérales de droite et de gauche) et dont la voiture ne sert plus qu'à partir en week-end. Ce qui revient à interdire la traversée de Paris aux autres, excepté bien sûr les riches et les touristes qui ont les moyens de se déplacer en taxi (compter au minimum deux cents francs par jour). Un embourgeoisement de Paris encore favorisé par les pistes cyclables, quand celles-ci contraignent les artisans qui ne peuvent plus se garer sur le boulevard Richard-Lenoir, les quais de Jemmapes, de Valmy... à vider les lieux au profit des nouveaux « bo-bos » qui, coup double, viennent ainsi grossir les profits immobiliers et les rangs de l'électorat socialiste. Toutes mesures faussement écologiques qui contribuent à faire de Paris un ghetto pour riches (riches de droite Rive gauche, riches de gauche Rive droite) sur le modèle américain des lotissements privés, interdits de circulation aux non-résidents, qui fleurissent déjà sur la Côte d'Azur. Quant aux élus socialistes de Paris, il est certain que leurs voitures de fonction circuleront bien mieux au milieu des taxis et des voitures de luxe, quand tous les pauvres seront à vélo ou à pied comme à Bucarest !

Alain Soral - Abécédaire de la bêtise ambiante

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