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O.N.G. - Extrême-orient(é)
3 mai 2012

La vérité sur le dernier Steve Jobs et les délocalisations d’Apple

foxconn-Apple-iphone

Quand le Maître présenta l’iPad, le WSJ parla du « livre de Jobs ». Chiche.

J’ai enfin terminé la biographie de Steve Jobs par Walter Isaacson, gros pavé médiocre que j’ai payé 23 euros, moi qui ne m’étais plus offert un livre neuf et en page et en os depuis dix ans. Celui-là est en papier recyclé et s’en vante, comme le savoir de l’époque.

Car c’est un des premiers effets de la révolution digitale : on ne vendra plus ou on vendra de moins en moins de livres matériels. Voyez la FNAC qui va fermer ou bien se recycler.

La révolution digitale suppose la famine des éditeurs et des auteurs et l’inflation des écrivains : cinq ou six millions de blogs en France, des centaines de millions de par le monde, cela a de quoi limiter les vocations d’écrivains. Jobs aimait parler et reparler de créativité à tout bout de champ : comment oser comparer la créativité d’un gamin qui écrit un poème ou joue d’un instrument de musique et d’un autre qui copie sa musique sur son iTunes ou filme son cocker pour Youtube ?

Il faudra que l’on m’explique. La création a été dévalorisée, et Jobs a beau dire que Léonard de Vinci ou Michel-Ange aimaient la technique et auraient aimé la technologie ; il reste que notre époque (démarrons en 19...80), la plus nulle depuis la nuit des temps, n’a ni de Léonard ni de Mozart ni de Balzac ni de Shakespeare. Elle n’a même plus de Mireille ou de Gilbert Bécaud, c’est tout dire. Gates et Jobs ont recyclé Dylan, les Stones ou les Beatles ; ils n’ont rien révélé. Quant au cinéma, qui peut nous faire croire encore qu’il y ait des maîtres ? Lasseter pour John Ford ? Burton pour Mankiewicz ? Basta.

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Les contenus sont morts. Le cornet a bouffé la glace, le parc national la nature, le cadre l’oeuvre d’art, le design la machine, le software le compositeur. De toute manière, et s’il en reste, le génie sera noyé non pas par l’absence des lecteurs mais par l’omniprésence des "créateurs". Plutôt que créateur il vaut mieux être actionnaire d’Apple (3 000 % en quinze ans !!), ce que je suis d’ailleurs.

L’action montera jusqu’à l’éclatement de la prochaine bulle ! Je la vendrai à découvert.

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Je cite le livre, surtout les vingt dernières pages. Le reste surtout au début m’a rappelé ma jeunesse folle et nos embarras bien sots devant la technologie de l’époque qui a certainement plus pris un coup de vieux que le bon vieux viaduc romain ou le monastère médiéval. Qu’est ce que c’est laid, un McIntosh, même en photo !

Je cite donc les (50) dernières pages.

- Tous les gosses, dit le maître, sont les mêmes : les enfants sont tous habillés chez Gap, tous équipés de portable, et voient tous les mêmes programmes. Ils bouffent tous la même pizza et le même bonbon. Jobs insiste sur le fait qu’il n’y a plus qu’un seul homme sur la terre. Il n’y a pas d’américain, de turc ou de français, il n’y a qu’un consommateur enfantin pour qui le monde est un lieu unique. Toutes les différences nationales sont tuées. Le psalmiste (le qui ?), toujours lui, voit venir l’ombre (Ps.,9,15) :

« Les nations se sont enfoncées dans la fosse qu’elles ont faite ; au filet même qu’elles ont caché, leur pied a été pris. »

- La plaque d’immatriculation : Jobs n’en avait pas. Il avait peur qu’on le suive et qu’on l’enlève. Puis il ajoute qu’avec Google Earth c’est de toute manière très possible (de le suivre). On va imposer des blouses GPS à tous les écoliers friqués du Brésil, m’apprend-on par ailleurs. Et les voitures équipées de GPS servent à dénoncer leurs propriétaires à chaque infraction de la circulation, en attendant mieux (alcoolémie, propos raciste, islamophobe ou bien sexiste).

- L’intégration du Pentagone dans toutes les strates de la société. Le biographe signale comme ça en passant que les brevets Pixar sont utilisés aussi bien par l’armée que par les radiologies ou les studios d’animation. A ce propos notre ami Nick Thurso parle d’un complexe militaro-ludique : le jeu vidéo nous prépare aux guerres éternelles de l’Asie centrale et de ses gazoducs coûteux.

- L’impact insignifiant sur l’éducation : c’est l’un des hits de ce bouquin creux jusqu’au vertige. Bill Gates reconnaît avec le grand Steve que l’ordinateur n’a rien donné sur le plan éducatif. Mais si, voyons ! Les enfants passent leur vie à jouer, à se projeter dans des jeux vidéo et à fuir la vie réelle. Inactifs, ils grossissent en se musclant les pouces. Quand on leur demande de dessiner, ils font des monstres et des canons. C’est ce qu’on appelle la créativité. Jobs d’ailleurs a oeuvré en profondeur pour que l’on puisse plus bidouiller ses machines comme sa bagnole. La technologie aura créé des cancres mécaniques !

- L’absence d’ingénieurs en Amérique : C’est le must du bouquin. Il ne dure que dix lignes, car noyé par sa doc, comme tout bon journaliste américain, Isaacson n’a plus aucun esprit de synthèse. Jobs demande donc à Obama de mettre au point un système éducatif pour qu’il y ait enfin des ingénieurs américains, ce qui lui permettrait de ne pas délocaliser en Chine !!! Car on ne délocalise pas en Chine parce que les salaires y sont bas mais parce qu’il y a des ingénieurs !!! Il y en a trente mille qui bossent pour Apple, encadrent et contrôlent 700 000 ouvriers chinois ! Et Obama ne le sait pas ! Comme Sarkozy qui ne savait pas que ni Peugeot ni Renault ne fabriquent leurs bagnoles en France !

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Ce n’est pas seulement la fin des temps et de l’Histoire que nous vivons. Avec le cyberspace, c’est aussi la fin de l’espace. Dieu sait quelles forces le chevalier noir de l’ordre digital aura servies, et dans quel but, car le filet, le net, est le piège de l’âme.

Car, sans cause, ils ont préparé secrètement pour moi leur filet ; sans cause, ils ont creusé une fosse pour mon âme.
Ps,35,7.

L'après Libre Journal

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