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O.N.G. - Extrême-orient(é)
17 février 2010

Interview de ONG par ID mag

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ID Mag : Comment vous est venue l’idée de créer votre blog « ONG » ? Quelles ont été vos motivations et quels en sont les objectifs ?

ONG : L'idée de créer un blog traitant de l'Asie me taraudait depuis pas mal de temps lorsque, après avoir écouté une émission traitant de l'Asie et ses identités, je me suis aperçu qu'au final, parmi les intervenants, personne n'y connaissait vraiment grand chose. Il y avait dans l'argumentaire des contradictions flagrantes, des points évasifs et des imperfections historiques. Le soir même je commençais le blog.

Les objectifs de ONG sont multiples. Vivant en Asie depuis quelques années maintenant, je me suis d'abord dit que de faire un blog ayant une optique identitaire permettrait de mieux faire connaître l'Asie à nos camarades. Ensuite le blog me permet de mieux appréhender la situation géopolitique qui m'entoure. Il m'est donc très utile aussi et je m'y mets donc tous les jours avec plus de plaisir.

ID Mag :Que trouve-t-on quotidiennement sur votre blog ?

ONG : Le contenu du blog est très varié et, du fait qu'il traite de tous les pays d'Asie à la fois, il saute sans cesse du coq à l'âne. Néanmoins il est possible d'y lire quotidiennement des nouvelles importantes d'Asie, des faits historiques marquants, des biographies, des extraits de livres et des recommandations de lectures, des analyses politiques et sociales, des visites virtuelles de lieux historique et de paysages et même parfois des recettes de cuisines locales. Tous les sujets sont accompagnés d'une ou plusieurs photos pour illustrer et rendre plus vivant le blog. Sur ONG il est enfin possible de découvrir tous les jours de nouveaux groupes de musique et de voir des vidéos, là aussi dans tous les styles. Je fais souvent des rappels de sujets précédemment traités pour éclairer un article et ainsi rendre parfaitement possible la compréhension du site si on arrive dessus par hasard.

ID Mag :D’où vous vient cet intérêt passionné pour l’Asie ?

ONG : Petit, mon grand-père me racontait de fabuleuses histoires, épiques et palpitantes, pleine de courage et d'héroïsme, sur son long séjour en Indochine, lorsqu'il y vivait et lorsqu'il s'y est battu à la tête de la 2eme section de la 2eme compagnie du 1er bataillon de montagnards (moï) à Buon Po. En 1995, mon père a été muté un an au Cambodge dans le cadre d'une coopération interarmées. Ma famille l'a suivi. C'était une expérience fantastique et marquante. Fantastique car le Cambodge est un pays sublime où les gens sont ouverts et gentils. Marquante car lorsqu'à 12 ans on visite S-21, les camps en périphérie de Phnom Phen et qu'on entend les récits de familles khmers décimées par le génocide communiste, on ne peut plus voir cette doctrine de la même manière. Enfin, après deux ans d'ennui dans une université française à apprendre le chinois, je me suis dit qu'il fallait y aller plutôt que de stagner en France.

ID Mag :Vue de loin, la culture asiatique, ou plutôt les cultures asiatiques, semblent si éloignées de la culture européenne qu’on conçoit avec difficultés les apports mutuels qui peuvent les lier. Quels sont pour vous les différences fondamentales mais aussi les points de ressemblance ou de contact ?

ONG : Déjà il est bon de noter que les liens entre l'Europe et l'Asie sont très anciens. La Chine et l'Empire romain se sont progressivement rapprochés avec les ambassades de Zhang Qian en -130. Il est donc possible de dire sans se méprendre qu'il y eut toujours des échanges entre les deux continents et cela n'a nullement empêché les Asiatiques et les Européens de garder leurs identités propres et leurs différences. C'est une fois que les occidentaux ont voulu s'implanter et coloniser l'Asie que les problèmes sont naturellement apparus. Les philosophies européennes véhiculées par les soldats et les missionnaires, puis les colons, ont petit à petit réussi à estomper ces différences. Mais, aujourd'hui, il existe toujours de nombreuses différences entre les peuples des deux continents. Il suffit de marcher dans les rues de n'importe quelle ville d'Asie pour s'en rendre compte. Quant aux ressemblances, hormis le fait que le capitalisme s'attaque à leurs cultures comme aux nôtres, il existe en Asie comme en Europe le sentiment fort de devoir se défendre, d'être respectueux de l'Histoire, de vouloir protéger les siens et l'envie de perpétuer ses traditions.

ID Mag :L’Asie subit-elle la même vague d’acculturation matérialiste et marchande que l’Occident ?

ONG : Oui, c'est surtout flagrant dans la jeunesse. En Chine, pays que je connais le mieux, il y a un abîme entre la génération actuelle et leurs parents. Les parents vivent d'après un schéma traditionnel que même le communisme n'a pas réellement réussi à rompre. Le matérialisme a lui réussi à corrompre même la jeunesse la moins favorisée, celle de la masse des ruraux, qui ne rêvent maintenant que de modernité. Leurs parents, survivant à peine au quotidien ne pouvant pas leur acheter ce qu'ils voient à la télévision, nombreux sont les jeunes qui ne reprennent pas les terres familiales, n'envisagent même pas d'aider leurs vieux parents, qui laboureront leurs champs jusqu'au jour de leur mort. Ils préfèrent tenter leurs chances dans les grandes villes, touchant un salaire de misère pour se faire exploiter, pour se permettre de toucher du bout des doigts la société marchande. Ailleurs, hormis au Bhoutan qui reste un pays présenté comme arriéré alors qu'il fonctionne parfaitement et les gens y sont heureux, ce constat est le même. La jeunesse ne veut plus d'une vie laborieuse où le bonheur existe mais se mérite. Ils veulent pouvoir l'acheter.

ID Mag : Votre blog porte l’estampille « Zentropa Clan ». Qu’est-ce que cela signifie ?

ONG : Cela veut dire qu’ONG adhère au manifeste de Zentropa. Nous sommes avant tout une communauté qui partage des valeurs aussi bien en ce qui concerne le militantisme, l’amour de la culture, de l’histoire ou des peuples. ONG est en quelque sorte la branche asiatique de Zentropa.

ID Mag : Si vous deviez tirer un premier bilan de votre expérience asiatique, quels enseignements tireriez-vous ?

ONG : Je pense qu’il est nécessaire de se confronter au monde. Cela permet non seulement de connaître de nouvelles cultures mais aussi à bien des égards de se rapprocher de la sienne car on en devient un représentant au quotidien. J’ai appris à aimer le pays et ses habitants et j’ai clairement envie d’y rester. Malgré l’éloignement, avec Internet, cela revient quasiment au même d'être ici ou ailleurs. En direct je peux suivre l'actualité, discuter avec mes proches et continuer à mettre mes modestes compétences au service de notre cause.

ID Mag : Un mot pour conclure ?

ONG : Deux alors. Avec la situation actuelle, il est impossible de ne pas se tenir au courant de ce qui se passe en Asie et de comprendre que l'Asie est très complexe. Et enfin "Zentropa Unica Via".

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