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O.N.G. - Extrême-orient(é)
30 décembre 2008

Gros sous et mythologie

la

La République populaire démocratique de Corée a lancé, le 15 décembre, sa troisième génération de téléphones mobiles (hahaha). L'opérateur est le groupe égyptien Orascom, qui doit investir 400 millions de dollars (285 millions d'euros) au cours des quatre prochaines années. En 2002, le régime le plus fermé du monde – radios et télévisions ne peuvent recevoir que les émissions officielles – avait déjà expérimenté un service de téléphonie mobile mais, dix-huit mois plus tard, son utilisation avait été interdite, sauf à une élite restreinte. Le système mis en place par Orascom permet des connexions rapides à Internet mais le coût d'un mobile (près de 500 euros) est prohibitif. L'utilisation illégale de mobiles dans la région frontalière avec la Chine – permettant des communications avec l'extérieur – est par ailleurs passible de lourdes peines.

Par le jeu de prises de participation, une entreprise française est indirectement impliquée dans cette opération et figure parmi les principaux – sinon le premier – investisseurs étrangers en Corée du Nord. Car en prenant le contrôle, en décembre 2007, de la division ciment d'Orascom, Ciment Lafarge est devenu partenaire à 50 % d'une cimenterie nord-coréenne dont l'un des projets est le redémarrage des travaux de l'hôtel Ryugyong à Pyongyang. Grande pyramide de béton au nord de la capitale, l'hôtel (330 mètres) est le symbole des ambitions pharaoniques du régime. Les travaux avaient commencé en 1987 en prévision du Festival mondial de la jeunesse de 1989, contre-point aux Jeux olympiques de Séoul (1988) où la Corée du Nord n'avait pas été invitée. L'établissement devait être doté de 3 000 chambres. Mais depuis l'arrêt des travaux, en 1992, seuls des oiseaux y logent.

Or, Orascom s'est engagé à reprendre le chantier en prenant une participation de 115 millions de dollars dans l'entreprise nord-coréenne Sangwon Concrete Company, maître d'œuvre du projet. Un accord dont a finalement hérité Ciment Lafarge. Le patron du groupe français, Bruno Lafarge, a d'ailleurs été reçu en septembre par le président du présidium de l'Assemblée suprême du peuple, KimYoung-nam, qui assume les fonctions de chef de l'Etat. Pyongang attache une grande importance à l'achèvement du Ryugyong, embarrassant rappel d'un échec qu'il veut absolument effacer pour la célébration, en 2012, du centième anniversaire de la naissance du "grand dirigeant" Kim Il-sung.

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