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O.N.G. - Extrême-orient(é)
17 octobre 2008

L'aviateur de Qingdao

Aviateur_de_Tsingtau

Quand les premiers mots allemands frappèrent nos oreilles, il ne restait plus à faire qu'une dizaine d'heures de chemin de fer, à travers un admirable pays de culture, couvert de jardins, de champs et de fleurs. Enfin, notre train entra lentement en gare de Tsingtau (Qingdao). Je revoyais cette ville après six années d'absence; je me retrouvais maintenant sur le sol allemand, dans une ville allemande, en Extrême-Orient.

Mes camarades vinrent au-devant de moi et les petits chevaux mongols me conduisirent d'un trot rapide vers ma nouvelle demeure.

Nous arrivâmes d'abord sur la place Iltis qui était notre champ de courses et devait me servir en même temps de terrain d'aviation. Elle avait un aspect de fête et tout Tsingtau y était réuni. Au centre de la verte pelouse, on distinguait un cercle énorme de spectateurs entourant le terrain de foot-ball. C'était, en effet, jour de fête et un grand match devait avoir lieu entre les matelots allemands et leurs camarades anglais du vaisseau amiral Good Hope.

Le Good Hope était venu en visite à Tsingtau. La partie fut très brillante et se termina par 1 à 1.

Qui aurait pu prévoir que, juste six mois après, ces mêmes adversaires seraient de nouveau aux prises et qu'alors, ce serait un jeu sérieux, effroyable, où il n'y aurait que des vainqueurs ou des morts? C'est, en effet, à la bataille de Coronel que les marins allemands envoyèrent, en vingt-sept minutes, le vaisseau amiral anglais Good Hope dans les profondeurs effroyables du Pacifique.

A ce moment, personne ne pouvait prévoir encore les événements qui se préparaient, et les matelots allemands firent preuve de la meilleure camaraderie en accueillant chez eux avec joie leurs hôtes anglais. Deux jours après, l'escadre anglaise quittait le port escortée par notre propre escadre de croiseurs sous les ordres de l'Amiral Comte von Spee.

Les pavillons des deux chefs d'escadre flottaient joyeusement au vent et semblaient dire: « Bon voyage! Au revoir! »

Qui aurait pu penser alors à ce qui devait arriver à Coronel?

Dès mon arrivée, après avoir remis mes lettres de service, je m'inquiétai de mon appareil. J'espérais déjà pouvoir présenter dans un délai de quelques jours mon oiseau géant aux yeux des habitants étonnés de Tsingtau. Mais, bonsoir! Je pouvais attendre plusieurs semaines, car mon avion naviguait encore quelque part sur l'Océan Indien et le vapeur qui le transportait n'était attendu qu'en juillet.

Puisqu'il en était ainsi, j'avais largement le temps de me retourner à Tsingtau et d'y chercher un logement. Une délicieuse petite villa était justement libre tout près du terrain d'aviation; je la louai au plus vite et je partageai ce home charmant avec mon nouveau camarade Patzig.

Tout semblait réuni pour que je me sente parfaitement heureux. Un beau commandement, celui de la marine à terre; j'étais à Tsingtau et c'était pour moi le Paradis terrestre; j'avais un service aussi agréable que je pouvais le souhaiter et j'habitais cette charmante villa située sur une hauteur avec une vue superbe sur la place Iltis, et, à l'infini, sur la mer bleue. Qui pouvait être plus heureux et plus content que moi?

L'aviateur de Tsingtau par le capitaine Gunther Pluschow

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