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O.N.G. - Extrême-orient(é)
26 mai 2008

Le planteur de Deli

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Mais le monde fut changé quand le 1er homme blanc aborda, presque par hasard, sur cette cote. C’était un hollandais du nom de Nienhuijs qui venait de Singapour et cherchait des terres propres à l’établissement de plantations.

Il n’y avait pas d’administrateurs, pas d’européens, pas d’armée ni de police coloniales dans cette région. Les indigènes n’avaient encore jamais vu d’hommes blanc. Et le hollandais arriva, seul et sans armes, muni seulement d’un costume blanc et d’une inébranlable détermination. Au petit sultan malais il apporta un présent. Il parla avec lui longtemps et éloquemment. Il parla de richesse, de palais majestueux, de tas d’or, d’une armée équipée. Le petit sultan l’écouta, parcourant du regard sa maison de feuille de palmier avec un sentiment de honte.

Et le Hollandais fonda la première plantation de tabac, sur le terrain que le sultan lui avait donné. Mais les sujets du sultan ne voulurent pas travailler. Les malais de la forêt n’avaient jamais travaillé de leur vie. Ils ne savaient pas comment on travaille, et ils n’avaient pas envie d’apprendre.

Le hollandais fit venir des coolies chinois de Singapour et de Penang. Il fit venir aussi d’Europe des superviseurs. Et alors, d’une tension gigantesque, commença le combat inextricable entre la volonté de l’homme et la résistance désespérée de la forêt vierge. [....]

La 1ere année la récolte de tabac ne fut pas abondante. Mais à la bourse du tabac d’Amsterdam les experts furent intéressés. Ils n’avaient jamais vu de tabac comme celui là. Les feuilles étaient plus fines que le papier à cigarettes et plus douces que la soie. Pour eux, c’était la meilleures enveloppes au monde et ils s’arrachèrent la poignée de balles. […]

Là ou avait régné la forêt se développaient les plantations que desservaient des routes étroites mais praticables. L’administration coloniale envoya des fonctionnaires, des juges, des policiers : la colonisation était lancée. Mais le planteur , ce pionner, cet intrépide aventurier, demeura le maître. A Deli, la colonie de la cote Est de Sumatra, le planteur était au sommet de l’échelle sociale, il était l’aristocrate, celui qui donnait le ton Tous les autres n’étaient que scribouillards et boutiquiers, et ces planteurs les regardaient de haut.

Et voilà ce que j’étais devenu moi aussi, à présent : un planteur de Deli.

Délire des Tropiques - Laszlo Szekely

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