Direction l'Indochine

Le 10 avril 1953, j'embarquais sur le "Boulogne-sur Mer", un Liberty Ship laissé par les Américains, sans aucun confort, direction l'Indochine. Les femmes, infirmières, ambulancières, les médecins partaient sur des bateaux plus confortables. En France cette année-là le président de la république Vincent Auriol était socialiste. Nous, nous partions combattre les communistes, nous étions donc mal considérés, oubliés, comparés à des mercenaires, seulement un corps expéditionnaire. En même temps que nous, le bataillon de Corée était venu à Marseille pour embarquer vers l'Indochine; dès leur départ le journal "La Marseillaise" a fait paraître des articles incendiaires sur ces hommes. Leur bateau a eu des problèmes techniques et a dû rentrer sur Marseille. Les gars se sont chargés de faire comprendre aux journalistes ce qu'ils pensaient d'eux et ont saccagé les locaux du journal.

Nous avons donc embarqué à Marseille, trois cents hommes, tous regardant s'éloigner Notre-Dame-de-la-Garde, lui disant silencieusement Adieu en se demandant s'ils la reverraient un jour. Je faisais partie du 1er Bataillon Montagnard qui comprenait quatre compagnie, une médecin et deux infirmières ; à l'escale d'Alger nous avons embarqué des tirailleurs algériens puis des tirailleurs sénégalais à Dakar. Nous étions six cents sur le bateau. Nous avons fait beaucoup d'escales de ravitaillement : Bizerte, Port-Saïd, Djibouti, Aden, Colombo, Singapour. Au total la traversée a durée trente et un jours.

Mon Grand-Père