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O.N.G. - Extrême-orient(é)
1 novembre 2012

Norodom Sihanouk, le prince rouge

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Né à Phnom Penh en 1932, Norodom Sihanouk, qui vient de s’éteindre chez ses complices communistes, à Pékin, était monté sur le trône en 1941. En 1955, il avait abdiqué en faveur de son… père. Redevenu chef de l’Etat en 1960, il sera renversé par un putsch anticommuniste en 1970. Après la prise de pouvoir par les Khmers rouges (« Un peuple en liesse accueille ses libérateurs », titrait à l’époque Le Monde), en 1975, il sera l’éphémère président marionnette du Kampuchéa démocratique (sic). Les Khmers le garderont prisonnier de 1975 à 1979. Cornaqué par la Chine rouge, il remonte sur le trône en 1993 et laisse la place, quelque dix ans plus tard, à l’un de ses fils. Voilà, résumé en quelques dates, le parcours d’un personnage particulièrement méprisable. Tout en rondeurs grassouillettes, en sourires figés, en contorsions cauteleuses, qui ne réussiront jamais à gommer sa personnalité profonde, celle d’un tyranneau implacable à l’occasion, il aimait à se définir comme un être « changeant ».

A d’autres occasions, il se décrira comme « le plus gaullistes des gaullistes ». Ce n’était pas faux. Il était aussi retors, aussi fourbe, aussi manoeuvrier que la Grande Zohra. Et, comme ce dernier, il entretint des rapports de compagnonnage avec les communistes, ne manquant jamais de réaffirmer sa « reconnaissance éternelle » à la Chine maoïste. En 1954, alors que le peuple vietnamien et le corps expéditionnaire français se battent contre le communisme, il sera l’un des fondateurs, à Bandung en 1955, du mouvement dit des « non-alignés ». A savoir une courroie de transmission du marxisme-léninisme avec des « non-alignés » comme Sukarno, Nasser et autres Zhou Enlai. 

Pendant la guerre du Vietnam, il fricotera avec Hanoi, permettant aux Viets de se servir du Cambodge comme d’un sanctuaire et de s’installer au nord-est du pays où passait la « piste Ho-Chi-Minh ». Avec un chef d’Etat aussi « neutre » que Sihanouk, les Viets n’avaient pas besoin qu’il se déclare leur allié… Vers la fin des années soixante, il donnera son aval à la « piste Sihanouk » par laquelle transitaient, depuis le port de Sihanoukville, une partie du ravitaillement des Nord-Vietnamiens. Mû par une même haine des Américains, De Gaulle ne pouvait que choyer et soutenir ce gaulliste khmer. Il le fera avec éclat en 1966, avec son « Discours de Phnom Penh » qui sera bien évidemment applaudi par Hanoi.

Réfugié à Pékin en 1970, Sihanouk tombe définitivement le masque et appelle à la victoire des Khmers rouges. Il en sera mal récompensé : quatorze de ses enfants et de ses petits-enfants seront massacrés par les génocideurs du peuple cambodgien. Lui-même ne devra qu’aux Chinois de ne pas subir le même sort. Après l’invasion du Cambodge par les Nord-Vietnamiens, il sera exfiltré à Pékin. C’est de la capitale chinoise qu’il lancera un appel, concocté par Pékin, à « libérer » le Cambodge des Khmers rouges.

Après les élections de 1993, organisées sous l’égide l’ONU, il redeviendra un roi sans pouvoir, tentant ici et là (1993, 1998) de redorer son blason. En 2004, il avait désigné son fils, Norodom Sihamoni, pour lui succéder à la tête d’un Cambodge toujours en proie à ses vieux démons. De vieux démons installés, pour certains, par un prince rouge qui aura largement contribué aux malheurs de son pays. 

Présent.fr

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