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O.N.G. - Extrême-orient(é)
24 novembre 2008

Aujourd'hui au Japon, 188 martyrs ont été béatifiés

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Il faut remonter à 150 ans pour retrouver un contingent aussi nombreux de béatifiés japonais. Plus significatif encore, il s'agit de la première béatification présentée au Vatican par l'Eglise nippone elle-même, et non par un ordre religieux, et la première à avoir lieu au Japon.

Les recherches sur ceux qui vont devenir "bienheureux" ont duré plus de 15 ans. Le procès canonique s'est ouvert en 1996 et Benoît XVI a promulgué le décret de béatification le 1er juin 2007. A ce jour, l'Eglise du Japon s'enorgueillit de 42 saints et 205 bienheureux. "Les nouveaux béatifiés sont presque tous des laïcs, y compris des femmes et des enfants, tous des Japonais, très peu de clergé, quatre prêtres et une religieuse", a souligné Mgr Takami (archevêque de Nagasaki)

Il est vrai que le christianisme au Japon revient de deux siècles et demi de persécution et d'isolement, et qu'il le doit à ce petit peuple qui a transmis sa religion à travers le martyre ou dans le silence. Des dizaines de milliers de Japonais furent pourchassés, torturés, emprisonnés ou exilés en raison de leur foi. Régulièrement soumis à l'ostracisme et à la discrimination, à des pratiques cruelles comme le "fumi-e" qui les obligeait à fouler au pied des images saintes pour abjurer.

Ces 188 martyrs ont été exécutés entre 1603 et 1639 sous le shogunat des Tokugawa qui prohibèrent le christianisme, y voyant un cheval de Troie de l'Occident et un danger pour l'ordre social et religieux. Le premier nom de la liste est le jésuite Pierre Kibe, ordonné prêtre à Rome en 1620 avant de rentrer au Japon pour y prêcher secrètement sa foi. Capturé, il fut torturé à mort pendant 10 jours. Face aux persécutions, privés de prêtres et de sacrements, les croyants nippons devinrent des "kakure kirishitan", des chrétiens cachés, contraints à une clandestinité d'où ils ne sortiront qu'en 1865 avec le retour des missionnaires français.

Un siècle et demi plus tard, le christianisme est ultra-minoritaire au Japon. L'archipel, à majorité shintoïste et bouddhiste, compte moins de deux millions de chrétiens (soit 1,5% de la population), dont à peine un demi-million de catholiques. Mais non sans influence: la bonne société nippone continue d'envoyer ses enfants chez les jésuites et le premier ministre Taro Aso est un catholique.

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