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O.N.G. - Extrême-orient(é)
12 juin 2008

Les Nipo-brasileiro

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Le Brésil est le pays qui accueille le plus de japonais en dehors du Japon (entre 1,3 et 1,5 millions, comparé aux 800 000 qui vivent aux États-Unis). Ce sont les Japonais-Brésilien (Nipo-brasileiro en portugais et 日系ブラジル人 en japonais), personnes d'origine japonaise nées au Brésil.

Bien que très hostile aux asiatiques (les gouvernements brésiliens préférant les colons européens), la nécessité de main d'œuvre pour remplacer le travail des esclaves fut un facteur essentiel à l'arrivée de colons japonais depuis l'indépendance du Brésil (que ce soit durant la Monarchie, l'Empire ou l'a "Vieille république"). Le 18 juin 1908, les premiers immigrants japonais débarquaient du navire Kasato Maru dans le port de Santos, São Paulo. Ils étaient au nombre de 791 (principalement des fermiers venus d'Okinawa). Ils partaient pour le Brésil pour travailler dans les plantations et pensaient revenir au Japon après avoir gagné un peu d'argent, mais ce ne fut pas le cas. Le flux migratoire en direction du Brésil ne s'intensifia cependant qu'à partir des années 1910, précisément quand le gouvernement nord-américain (les États-Unis étaient le pays d'immigration favori des Japonais) bloqua l'immigration japonaise. Au début, les activités de la communauté japonaise étaient libres -il y avait des écoles japonaises- mais cela changea pendant la Seconde Guerre mondiale lorsque l'on interdit les journaux en japonais et les écoles japonaises

Quand le Brésil déclara la guerre au Japon, les Japonais furent persécutés par le gouvernement brésilien, et comme ce fut le cas avec la langue des communautés allemande et italienne du pays, le japonais fut interdit sur tout le territoire. Les écoles japonaises furent fermées et les manifestations culturelles interdites. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la majorité des 200 000 immigrants n'accepta pas la défaite de 1945, et la colonie se divisa entre "défaitistes" (makegumi), moins de 20%, et "victoristes" (kachigumi). Le colonel à la retraite Junji Kikawa fonda peu après la fin de la guerre l'organisation secrète Shindo Renmei ("Ligue de la voie des sujets de l'Empereur"), pour empêcher la divulgation de "nouvelles fausses de défaite" et pour éliminer les "défaitistes", aussi appelés "Cœurs Sales". Le Shindo Renmei persécuta les Japonais qui croyaient que le Japon avait réellement perdu la guerre, tuant vingt-trois personnes entre 1946 et 1947. L'organisation fut démantelée quand le gouvernement brésilien, après avoir interrogé 30.000 personnes, en arrêta 300 et en expulsa 80 au Japon.

On a l'habitude de dire que, bien que récente, l'immigration japonaise a réussi. Cela peut se vérifier par l'ascension sociale des descendants et leur présence dans divers secteurs d'activité, particulièrement en milieu urbain. Beaucoup d'immigrants trouvaient dans le commerce urbain leur source de revenus, mais la majorité fut dirigée vers la production agricole. Nombre d'entre eux ont été travailler dans les plantations de café paulistes (de l'État de São Paulo), comme colons. Dès qu'ils arrivèrent, les travailleurs japonais furent conduits sur les terres des compagnies d'immigration ou des groupes d'immigrants. Ils cultivaient essentiellement des produits intéressant l'économie japonaise, comme le coton, fondamental pour la toute jeune industrie textile du Japon. Avec le temps, ils diversifièrent leur production dans des produits d'autosuffisance et d'approvisionnement des régions où ils vivaient : ils cultivaient des légumes, du riz, du thé, élevaient des vers à soie, etc., principalement dans le Sud du pays, pendant qu'au Nord, en Amazonie, ils cultivaient le poivre. En terme de religion, la plupart des japonais-brésiliens ont été convertis à la religion catholique ; seulement 25% ont gardé les traditions religieuses japonaises (bouddhisme, shinto)

Une émigration à rebours se produit actuellement, due à la crise économique qui affecte les mode et niveau de vie des classes moyennes. Pour les Japonais, intégrés à celles-ci en majorité, le Japon est le lieu pour maintenir cette prospérité, même s'ils ont perdu le contact avec ce pays et qu'il ne parlent plus le japonais. Dans les années 1980, le Japon qui manquait de travailleurs encouragea fortement le retour au pays de cette communauté, en leur octroyant des visas plus pratiques notamment. En 1990, on donna le droit à la citoyenneté japonaise à ceux qui étaient restés au Brésil. On trouve actuellement au Japon, 270 000 Japonais ayant des ancêtres qui ont vécu au Brésil. Ils constituent la plus grande communauté parlant le portugais dans toute l'Asie.

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