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O.N.G. - Extrême-orient(é)
1 avril 2008

Vers un tourisme sexuel de masse ?

367handcuffs

Il n’est plus rare de rencontrer, […], un routard occidental avec […] une « girlfriend », appellation officielle et plus acceptable de la prostituée, qu’il a louée à la semaine ou au mois. […] Ils remplacent peu à peu les vieux touristes allemands, japonais ou américains, lesquels avaient eux-mêmes déjà succédé aux militaires en stationnement pendant la guerre du Vietnam. A la recherche de sexe facile et bon marché, les touristes sexuels étrangers affluent en quête de cette chair fraîche, disponible et soumise. Nombre d’entre eux, afin de se donner bonne conscience, trouvent toutes les raisons du monde pour se persuader qu’ils n’abusent pas de la détresse de ces jeunes. Ils ne feraient que les aider, les soutenir, voire contribuer au développement de leur pays...

[…]Les industries « classiques » du sexe : pornographie et prostitution. Une prostitution qui n’est que la traduction pratique de ce que la pornographie propose.

Le touriste organisé se dégage, souvent, de toute responsabilité dès le moment où il foule la terre de sa destination exotique et vacancière. […] Au bout du monde, tout redevient possible, notamment braver une série d’interdits.[…] L’« indigène », disait-on du temps des colonies – est le serviteur touristique, dont le rôle consiste à être exploité. Le touriste sexuel se débarrasse souvent de toute responsabilité humaine puisque, par l’intermédiaire d’une transaction financière, il se sent libéré du besoin de s’occuper de l’Autre […]. [comme dans le roman] Plateforme de Michel Houellebecq, où le plongeon dans le sexe et le voyage permet au touriste quelconque d’avoir l’impression d’être quelqu’un d’autre que l’employé soumis et l’homme sans qualités qu’il est dans sa morne vie quotidienne.

Cinq raisons principales sont à l’origine de l’essor du tourisme sexuel de masse : la paupérisation croissante ; la libéralisation des marchés sexuels encourageant plus ou moins directement la traite aux fins de prostitution ; la persistance de sociétés patriarcales et sexistes ; la dégradation de l’image de la femme sur fond de violence sexuelle généralisée et banalisée ; et l’explosion du tourisme international et des flux de migrants en tout genre.

A la suite de la déclaration de l’OMT […] adoptée au Caire en octobre 1995 […] la lutte contre le « tourisme sexuel de masse » a commencé à s’organiser.

Franck Michel dans Le Monde Diplomatique (août 2006)

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