Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
O.N.G. - Extrême-orient(é)
15 octobre 2013

L'historique du Nin-jitsu

Sans titre

Les origines des principaux arts martiaux japonais sont maintenant connues de tous. Nous savons que le maître Jigoro Kano a élaboré le judo d'après ses études sur le Ju-jutsu, suppefiant ce qu'il y avait de plus dangereux pour n'en garder que l'aspect éducatif. Le maître Funakoshi fit une synthèse de l'art du Té okinawaien, art qui venait lui-même de la Chine la plus ancienne. L'Aïkido de maître Ueshiba se décanta de I'Aïkibudo traditionnel et le Kendo n'est qu'une extension moderne du Ken-jutsu des samouraïs.

Cependant l'historique du Nin-jitsu nous échappe encore en partie. Tout d'abord parce que le Nin-jutsu était un art de guerre, un bugeï qui ne s'est pas transformé en "voie", en Do, comme la plupart des autres techniques. Le Nin-jutsu est resté tel qu'à l'origine alors que les autres Jutsu se sont adaptés à l'époque moderne. Le sabre en acier, le Katona, a été remplacé par le Shinaï en bambou. Les terribles clés de cou et de pied du vieux Ju-jutsu ont été bannies de la pratique moderne du Judo et paradoxalement, les techniques les plus efficaces de karaté (attaques aux parties génitales, aux yeux. attaques du coude par exemple) ne font plus partie du karaté de compétition. Seul le Nin-jutsu n'a pas voulu dévier de son but premier; être efficace. Un auteur américain, Stephen K. Hayes l'un des rares non-japonais à avoir pratiqué le Nin-jutsu depuis de nombreuses années s'irrite des questions qu'on peut lui poser quand à l'efficacité de cet art martial. Dans une interiew publiée dans le volume de la série Ninja "l'héritage du guerrier de la nuit" il répond à son interlocuteur qui lui demande si l'on pourrait tester l'efficacité du Nin-jutsu sur une aire moderne de combat, en prenant certaines précautions et en adoptant certaines règles adéquates. "Les règles et le fait d'organiser une rencontre entre deux pratiquants n'est pas un critère d'efficacité. Rien ne remplacera l'expérience réelle de celui qui doit faire face à la mort. Il n'y a que dans une situation cruciale comme celle-ci que l'on peut déployer une efficacité certaine, que l'on doit la déployer. Portez des protections par exemple pour faire un match, et vous perdez aussitôt de vue l'image terrible de la réalité. Le combat de rue est un monde qui est à cent lieues du combat pré-arrangé dans un ring".

Jusqu'à maintenant le monde des Ninjas n'était que légende. En janvier 1970, apparaissent dans la revue Budo Magazine de H. Plee quelques informations et quelques documents sur le sujet. Ce n'est que très récemment que le Nin-jutsu a fait son apparition. Après l'avènement du Kung-fu chinois, popularisé par Feu Bruce Lee, il fallait aux cinéastes du plus fort encore. C'est ainsi que l'on a vu apparaître sur nos écrans une floraison de "Ninja blanc", "Ninja noir"' et autres "revanches du Ninja" ou "Return of the Ninja". Au delà des fantaisies de l'écran, il faut replacer cet art martial dans son véritable contexte historique.

On pense que, bien avant les écoles de samouraï. le Nin-jutsu fit son apparition vers l'an 1 000 du moyen-âge japonais. Les premiers grands affrontements entre clans nippons datent de l'opposition et de la rivalité des Minamoto (ou Genji) et des Taira (ou Heike ). Après la célèbre bataille navale de Dan-no-ura, les Genji triomphent de leurs rivaux et Minamoto Yoritomo organise un pouvoir central appuyé sur une caste de guerriers nobles, les samouraï, dont le code d'honneur. le bushido, est resté célèbre à travers les âges. Cependant derrière cette façade toute d'honneur et de sacrifices le Shogun et les seigneurs locaux. toujours prêts l'un à mâter les révoltes, les autres à lui disputer le pouvoir vont faire naître une nouvelle race de guerriers; les Ninjas! En effet. dans tous les pays et à toutes les époques. les espions ont été le support indispensable de toute politique. C'est pendant la période Kamakura (1192-1333) que se développèrent les principales écoles de Nin-jitsu. dans la région entourant Kyoto. alors siège du gouvernement militaire, le Bafuku. Le Shogun était celui qui avait réussi à prendre le pouvoir et qui s'occupait des affaires du royaume en lieu et place du Mikado relégué à un rôle de liaison entre les hommes et les dieux. Pour gouverner le Shogun dut s'appuyer sur une force militaire extrêmement solide loyale à son chef. Le moyen-âge japonais nous a laissé une série d'interminables conflits entre les clans suzerains et le pouvoir central. A l'intérieur de chaque clan. les Ninja s'organisèrent hiérarchiquement de façon parallèle à l'organisation du Bafuku et devinrent des puissances de l'ombre redoutables. Cette organisation était parfaitement cloisonnée. Pour éviter toute infiltration ennemie et pour ne pas faire écrouler la pyramide en cas d'éventuelle capture. Le chef du clan (le Jonin) était pratiquement inconnu de tous sauf de ses assistants (les Chunin) qui s'ils le connaissaient. ne se connaissaient pas entre eux. Chaque Chunin avait pour réaliser ses missions un certain nombre de Genin, en fait les Ninjas opérationnels. élevés dans la tradition guerrière et prêts à mourir sous la torture sans desserrer les dents.

Tout au long du moyen-âge japonais les Ninjas constituèrent une force de plus en plus importante et même... gênante politiquement. Ce fut le Shogun Oda Nobunaga qui décida de briser leur pouvoir. Le 3 Novembre 1681, il envahit la province d'lga. et, fort de ses armes à feu anéantit les Ninjas après une bataille sanglante. Un moment décimés, les Ninjas dispersés refirent surface avec leyasu Tokugawa. le nain épileptique qui fut. malgrè son physique, l'un des Shogun les plus représentatifs du Japon. En 1868 sonna l'ère des lumières et la fin de la féodalité japonaise. Les samouraï commencèrent de disparaître et les Ninjas retournèrent dans l'ombre. Voici qu'ils nous reviennent.

E. Crespin - Les ninjas

Publicité
Commentaires
Publicité