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O.N.G. - Extrême-orient(é)
18 juin 2013

Marin et gentilhomme

Sans titre

Il s’agit des mémoires de Jean Hourcade, entré en 1918 à la Baille à Laninon. Il s’y montre boulinard et coutumier du chibi ; après la Jeanne d’Arc et trois embarquements (très bon marin, un peu grande gueule, aimant les femmes), il commande une canonnière de la flottille du Si-Kiang, à Canton. Lors des attaques chinoises de juin 1925, il est cité à l’ordre de l’armée. École canon en 26. Loufiat-Jeanne (Jeanne d’Arc 27, Edgar Quinet 28). Deux commandements : en campagne des pêches, puis la goélette stationnaire Zélée à Tahiti jusqu’à fin 33. à bord de l’Émile Bertin, il mouille à Fort-de-France : c’est déjà pour la 35e fois de sa carrière. Ce premier tome s’arrête en 1936 ; il a 37 ans et trois galons.

C’est donc un vrai marin de la vieille marine de l’entre-deux-guerres, avant le séisme de 1939-45. On voyait encore un torpilleur commandé pendant un mois d’exercices par un enseigne de 22 ans seul officier à bord, ou une goélette voile et moteur avec permission d’embarquer « tomana vahine » (Madame commandant). Il existait une campagne de Chine, des « marins et marsouins d’une originalité fracassante »… Hourcade campe un personnage en trois lignes : « Breton bretonnant, lourd et massif ; haut en couleurs et chauffant au vin blanc ; bref en ses gestes ; rude en ses propos, merveilleusement grossier à l’occasion » (Douguet). Et cet autre : « Électricien, mauvais marin, grand corps maladroit, parlant avec une voix de tête, (…) un grand chat-fourré doté du mauvais œil. Je l’ai détesté tout de suite ; il me l’a bien rendu. » (Marquis). Il ne cache ni les noms ni les sentiments. Mer, paysages, personnages ; on le lit avec grand plaisir.

Il parle des navires et des hommes, des belles navigations et des mouillages rares, de l’insolence et de la joie de vivre. C’est toute la jeunesse d’un officier, et c’est pourquoi son récit reste fascinant aujourd’hui. « Les jours étaient lumineux, les soirs étaient gais, les amours rieuses, les amitiés sans calcul. Comme nous étions jeunes ! »

Dominique Nasse

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