Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
O.N.G. - Extrême-orient(é)
26 octobre 2011

Arrosant de phosphore les villes européennes

B_26C_light_bomber_korea_1951

"Cette semaine-là, les vaillantes troupes populaires de la Corée du Nord avaient entrepris d'arracher leurs frères méridionaux aux délices de la Démocratie yankee. Cela aurait pu n'être qu'un fait divers. N'était-ce pas la vingtième fois – ou la trentième – depuis le V Day qu'on bousculait les pactes et les traités ? Mais tout de suite, sans qu'on sût trop pourquoi, les choses avaient tourné à l'aigre. Des bombardiers américains étaient intervenus, puis – ce qui est beaucoup plus grave – des fantassins. Le tout avec d'irrésistibles mouvements du menton et de grands airs de ne pas vouloir qu'on vous crache sur les pieds. Bref, le Kriegsgehfarzustand. Et même un peu plus. Le tout assaisonné à Paris de la traditionnelle, de l'inévitable crise ministérielle. Le monde s'embrasait et les Français s'expliquaient sur l'Ecole laïque et le sexe des économiquement faibles.

Cousteau - Cette fois-ci, dit Cousteau qui venait d'achever la lecture clandestine d'un quotidien vieux à peine de deux ou trois jours, ça paraît bougrement bien engagé.
Rebatet - Je n'y croyais plus, du moins à brève échéance, je voyais ça renvoyé à plusieurs années. Et voilà que ça s'allume, à l'endroit le plus inattendu.
Cousteau - Remarque qu'il n'est pas encore tout à fait sûr que ça soit vraiment le grand coup... Je suis devenu prudent, très prudent, ces derniers temps... Je me méfie de mes impulsions.
Rebatet - Moi aussi, je suis prudent. Mais il ne faut pas non plus que nos déceptions nous portent à un excès d'incrédulité. Regarde ces dépêches : elles existent, ça n'est plus du flan. Dans cette minute même, il y a des aviateurs américains qui se mitraillent avec des aviateurs russes, il y des G.I. couchés sanglants dans les sillons d'une Corée mal défendue.
Cousteau - Et parmi ces premiers Ricains butés, c'est bien le diable s'il n'y en a pas quelques-uns qui ont fait leurs premières armes en arrosant de phosphore les villes européennes."

Lucien Rebatet & Pierre-Antoine Cousteau, Dialogue de “vaincus”

Publicité
Commentaires
Publicité