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O.N.G. - Extrême-orient(é)
26 septembre 2011

Le poids du réel des Khmers Rouges

 

Au delà de la conscience malheureuse de l'histoire nationale, et de l'influence des communismes au pouvoir, la violence des Khmers rouges fut induite par le contexte temporel et spatial dans lequel leur régime se situait. Produit presque accidentel d'une guerre qui dépassait largement le Cambodge, il se vit avec effroi faible et isolé dans son propre pays sitôt la victoire acquise. L'hostilité du Vietnam et les étouffantes embrassades de la Chine firent le reste. Le 17 avril vint trop tard dans un monde trop vieux. La première faiblesse des Khmers rouges, peut-être la plus grande, c'est d'être une anomalie historique, et moins une utopie qu'une uchronie. li s'agit d'un «communisme tardif», au sens où l'on parle d'antiquité tardive, alors que le monde est déjà en train de basculer vers autre chose. Quand Pol Pot parvient au pouvoir, Staline est mort (1953), Hô Chi Minh est mort (1969), et Mao ne se sent vraiment pas très bien (il meurt en septembre 1976). Reste Kim li Sung, mais la Corée du Nord est petite et lointaine. Le grand modèle chinois se craquelle sous les yeux du nouveau dictateur: la « bande des Quatre» essaie de relancer la Révolution culturelle en 1975, mais rien ne vient; après d'ultimes manoeuvres, la mort du Timonier suffit à la balayer tel un château de cartes; les Khmers rouges tentent de se rabattre sur ce qu'il reste de maoïstes inconditionnels, mais ceux-ci, dès fin 1977, sont engagés dans un combat d'arrière-garde contre l'irrésistible retour de Deng Xiaoping et de ses partisans réformateurs; un an après, c'est la fin officielle du maoïsme, et le Mur de la démocratie, cependant qu'on massacre à tour de bras au Cambodge. Fini le Grand Bond, vive le révisionnisme ! Le reste de l'Asie, vu de Phnom Penh, est encore plus déprimant : après le stimulus momentané fourni par la victoire des forces révolutionnaires en Indochine, les guérillas maoïsantes de Thailande, de Malaisie et de Birmanie reprennent ou amorcent leur déclin; surtout, peutêtre, l'aile marchante du continent, enviée et admirée, ce sont désormais, aux côtés du Japon, les «petits dragons» (Singapour, Taïwan, Corée du Sud, Hong Kong), aussi prospères économiquement qu'anticommunistes politiquement, et pourtant de plus en plus émancipés de la tutelle occidentale. Enfin, ce qu'ils peuvent savoir d'une intelligentsia occidentale où le marxisme amorce un déclin défInitif ne peut que les dérouter.

Le Livre Noir du Communisme

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