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O.N.G. - Extrême-orient(é)
19 mai 2011

Le chevalier de Chaumont en Thaïlande

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Alexandre, chevalier puis marquis de Chaumont, naît vers 1640. D’une famille calviniste, il abjure très jeune sa religion pour devenir catholique dévot, voire même bigot. Une carrière de marin commencée en 1669 le mène à Toulon, puis l’élève au grade de major de l’armée du Levant en 1672. Sans avoir rien fait pour cela, il est pressenti par le marquis de Seignelay, ministre de la marine, pour conduire l’ambassade au Siam en 1685, à la grande déception de l'abbé de Choisy qui multipliait pourtant démarches et intrigues afin d'obtenir ce poste. Le choix n'est guère heureux, car les qualités d’ambassadeur d’Alexandre de Chaumont sont plus que discutables. Lacune fâcheuse pour un diplomate, il ne parle aucune langue étrangère. C’est un homme raide, sans humour, sans imagination. Sottement entêté, imbu de son rôle, il s’empêtre dans d'insignifiants détails de protocole, il discute interminablement de la façon dont il remettra la lettre de Louis XIV à Phra Naraï et manque suffisamment de tact et de diplomatie pour infliger une grave humiliation à celui qu’il est chargé de convertir. L’abbé de Choisy lui-même, pourtant peu enclin à dénigrer son prochain, ne peut s’empêcher d’en faire la remarque. La mission de Chaumont est à la fois religieuse et économique. Il doit obtenir, si possible, la conversion du roi Naraï et des garanties pour les missionnaires et les jésuites qui demeurent ou se rendront au Siam, et négocier des avantages commerciaux pour la Compagnie française des Indes orientales. Il obtient des engagements du roi Phra Naraï, mais se heurte aux manigances de monsieur Constance Phaulkon (aventurier grec et conseiller du roi de Siam) qui s'ingénie à atténuer les promesses accordées verbalement par le roi. Peu intelligent, l'ambassadeur ne pèse pas lourd face à ruse et à la rouerie du Grec. Fêtes, divertissements, spectacles, banquets et parties de chasse, Monsieur Phaulkon sort le grand jeu et met tout en oeuvre pour différer encore et toujours le véritable but de l'ambassade : la conclusion d'avantageuses négociations. Les traités ne sont signés qu'à la toute dernière minute, alors que sur le point de mettre à la voile, le chevalier n'a plus le loisir de négocier. Le protocole religieux ne sera jamais appliqué ; quant au traité commercial, de l'avis de l'abbé de Choisy, il est fort décevant. Toutefois, on peut penser que ces arrangements n’étaient pas si mauvais puisque, même si les acquis étaient faibles pour la France, ils étaient encore à sens unique. Le Siam n’y gagnait strictement rien en échange. De retour en France, le chevalier de Chaumont est reçu à la cour sans grand ménagement (le père Tachard, à présent investi d'occultes missions et de mystérieux pouvoirs, n’est sans doute pas étranger à cet accueil mitigé). On lui reproche notamment la faiblesse de son traité économique. Il rédige comme un pensum une morne relation de son ambassade, où curieusement, certaines pages sont presque mot à mot identiques à celles de la relation de l’abbé de Choisy. Il se marie en 1689 et disparaît à peu près complètement de la scène politique. Il meurt à Paris le 28 janvier 1710.

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