Les Bagnes coloniaux
Figures de l’horreur, de l’exotisme ou de la punition méritée, les bagnes ont suscité une floraison de récits, d’images, de témoignages, de films ou de reportages. Adossée aux collections de la Bibliothèque des littératures policières (Bilipo) ainsi qu’à de nombreuses pièces d’autres établissements (Forney, BHVP, M. Durand, etc.) ou collections, l’exposition nous entraîne au coeur d’un imaginaire à la fois coloré et tourmenté, mais qui dit aussi la violence et la honte attachées à cette sombre page de notre histoire... Du 5 novembre au 26 février 2011 en entrée libre.
Éloigner les indésirables constitue un réflexe ancien, que la plupart
des sociétés ont pratiqué. Mais l’essor des empires coloniaux y associa
deux idées neuves : oeuvrer à la mise en valeur des nouveaux territoires
et tenter de régénérer les criminels. Les bagnes coloniaux furent ainsi
érigés en pénalité moderne et rationnelle.
La France n’a pas manqué à la règle : dès l’Ancien Régime, on déporte
dans les possessions d’Amérique mendiants, prostituées et « gens sans
aveu » ; la Révolution Française envoie en Guyane des opposants et des
prêtres réfractaires. Mais c’est avec la reprise de l’expansion
coloniale au XIXe siècle que le mouvement prend toute sa dimension : en
1830, on transporte en Algérie des milliers de condamnés militaires, aux
sources de ce qui sera bientôt Biribi. À compter de 1848, on y déporte
les insurgés et les opposants politiques. En 1852, on commence à vider
les bagnes métropolitains à destination de la Guyane et de la Nouvelle
Calédonie. La République accentue le mouvement, peuplant tout l’Empire,
de la Tunisie au Tonkin, de Madagascar aux Saintes et à l’île du Diable,
d’effroyables camps de relégation où des centaines de milliers de
condamnés font l’expérience du travail contraint.
À compter des grandes campagnes de presse du premier XXe siècle, ces
espaces de non-droit sont peu à peu démantelés. Mais seule la
décolonisation aura raison de ses vestiges, rappelant ainsi le rapport
intrinsèque liant le bagne et l’expérience coloniale.
Le parcours de l’exposition
- Le bagne avant le bagne : Premières expériences
- L’Algérie, terre de bagne : Condamnés militaires et déportés politiques
- Transportés, déportés, relégués... : L’expansion coloniale et son besoin de main d’oeuvre
- La “guillotine sèche” : La Guyane, terre de grande punition
- A Biribi : Camps disciplinaires et pénitenciaires de l’armée française en Afrique du nord
- La lente agonie des bagnes coloniaux : des voix s’élèvent pour contester leur horreur.
L’exposition s’attarde plus particulièrement sur : La représentation
des bagnes dans la culture imprimée, notamment les romans populaires
(Chéri-bibi) ; Albert Londres, ses prises de positions, ses ouvrages Au
bagne (1923) et Dante n’avait rien vu : Biribi (1924) ; Les Communards.
Commissaires :
JÉRÔME PIERRAT, journaliste et historien du crime, est notamment
l’auteur d’Une histoire du milieu, grand banditisme et haute pègre en
France de 1850 à nos jours (Denoël, 2003), de Gangs de Paris : petite
chronique du milieu des années 1970 à nos jours (Parigramme, 2007) et de
Mafia, gangs et cartel : la criminalité internationale en France
(Denoël, 2008).
DOMINIQUE KALIFA, professeur d’histoire contemporaine à l’Université
Paris 1 Panthéon-Sorbonne, est l’auteur de nombreux ouvrages consacrés
au crime, notamment L’Encre et le sang : récits de crimes et société à
la Belle Époque (Fayard, 2005), Crime et culture au XIXe siècle (Perrin,
2005) et Biribi. Les bagnes coloniaux de l’armée française (Perrin,
2009). Il a déjà organisé, avec Catherine Chauchard, plusieurs
expositions à la Bilipo : “Les crimes de Paris au XIXe siècle”,
“Célérité et discrétion : les détectives privés de Vidocq à Burma” et
“Gangsters de Paris” en 2007, en collaboration avec Jérôme Pierrat.
48 / 50 rue du Cardinal-Lemoine, Paris 5e
Tél : 01 42 34 93 00
Du mardi au vendredi de 14h à 18h, le samedi de 10h à 17h
Fermetures les 11 novembre, 25 décembre 2010 et le 1er janvier 2011.
Les bagnes coloniaux 5 novembre 2010 / 26 février 2011, Entrée libre.