Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
O.N.G. - Extrême-orient(é)
24 octobre 2010

Jean Hougron

azeaze

Né le 1er juillet 1923 à Mondeville près de Caen, jeune professeur d’Anglais à Dreux, rien ne laissait prévoir sa lumineuse existence indochinoise. Le hasard l’envoya en 1947 à Saïgon pour une maison d’Import-Export. Il avait 24 ans. Il s’ennuie vite, écrit-il à vendre des sardines à la tomate et du fromage australien en boîte à des Chinois obèses et très rusés. "Je regardais dehors le ciel de l’Indochine et ses pistes blondes qui remontaient vers le Nord…". Jean Hougron va tout laisser tomber et partir sur les pistes, en camion, pendant quatre ans. A son retour en France en 1951, il va entreprendre une vaste fresque littéraire de près de 4000 pages, regroupées sous le titre général La Nuit Indochinoise. Son premier manuscrit, Tu récolteras la tempête sera refusé par 12 éditeurs avant d’être publié par Domat. Le succès sera immédiat. Au fil de cette vaste Comédie Humaine asiatique, Jean Hougron mettra en scène toute une galerie de personnages “blessés et ambigus, humiliés et ratés : les petits Blancs qui par centaines vont faire la richesse de l’œuvre. Les héros n’y sont jamais complètement des héros et sont toujours capables du meilleur comme du pire. Le Docteur Lastin se révèlera double criminel. My Diem, l’héroïne de Soleil au ventre a été agent Viet-Minh. Le petit Couvray, révolté dans sa jeunesse, devra pourtant liquider le domaine de son père, la Terre du Barbare. Chef d’œuvre à part, Les Asiates déroute par sa forme et par ses idées. Tous les chapitres de la vie du Père sont mélanges à dessein. A-til raté sa vie, a-t-il perdu tout respect de lui-même pour l’amour des femmes indigènes ou bien a-t-il au contraire rejeté toute hypocrisie sociale pour mener une vie sans mensonges ? Jean Hougron ne retourna jamais en Indochine dont il avait su peindre les dernières années d’avant la tourmente. Mais il répètera jusqu’à la fin que les quatre années qu’il y avait passées, étaient les plus belles de sa vie. En postface, il nous a paru intéressant de joindre le témoignage d’un contemporain de Jean Hougron à Saïgon dans les années 50 : "Tout le monde aboutit au Club de la presse. Tel ce braillard, qu’on a relégué dans le coin le plus lointain, tellement il est fou. Il n’a pas grand chose pour plaire, rablé presque nain, il ne parle que de cul, il est mythomane. Il souffre de sa petitesse et sa manie est de défier quiconque est grand. On ne sait pas grand chose de lui, sauf qu’il a été au Laos un peu professeur, un peu tout, vivant à la traîne, à la petite aventure. A Saïgon, il s’est casé à la Radio. Il y travaille petitement, misérablement. Pourtant, c’est ce ‘pauvre mec’ qui va se révéler un génie. Car tout le côté sordide de l’Indochine, où il se vautre, il va le rendre admirablement, avec grandeur, avec pitié même. C’est le romancier H....". Ces lignes édifiantes se trouvent dans le livre L’Humiliation, signé Lucien Bodard.

François Doré - Librairie du Siam et des Colonies
Bangkok librairiedusiam@cgsiam.com

Œuvre :

  • Tu récolteras la tempête (La Nuit indochinoise, I), Domat, 1950
  • Rage blanche (La Nuit indochinoise, II), Domat, 1951
  • Soleil au ventre (La Nuit indochinoise, III), Domat, 1952
  • Mort en fraude (La Nuit indochinoise, IV), Domat, 1953 (Grand Prix du roman de l'Académie française 1953)
  • Les Portes de l'aventure (La Nuit indochinoise, V), Domat, 1954
  • Les Asiates (La Nuit indochinoise, VI), Domat, 1954
  • Je reviendrai à Kandara, Domat, 1955
  • Quatrième étage, in Les Oeuvres libres..., A. Fayard, 1955
  • Par qui le scandale, Éditions mondiales
  • La Terre du barbare (La Nuit indochinoise, VII), Del Duca, 1958
  • Le Signe du chien, Denoël, coll. "Présence du futur", n°44, 1960
  • Histoire de Georges Guersant, Stock, 1964 (Prix du roman populiste 1965)
  • Les Humiliés, Stock, 1965
  • La Gueule pleine de dents, Plon, 1970
  • L'Homme de proie, Plon, 1974
  • L'Anti-jeu, Plon, 1977
  • Le Naguen, Plon, 1980 (Grand Prix de la Science-Fiction 1981)
  • La Chambre, Hachette, 1982
  • Coup de soleil, Hachette, 1984
  • Beauté chinoise, Hachette, 1987

Préfaces :

  • Michel de Saint-Pierre, Les écrivains, Les Amis du Club du livre du mois, 1958
  • Robin Moore, Les Bérets verts, Stock, 1965

Œuvres adaptées au cinéma :

  • Je reviendrai à Kandara (1956) par Victor Vicas
  • Mort en Fraude (1957) par Marcel Camus

affiche_mortenfraude_pt

Publicité
Commentaires
P
mais j'aurais ausi bien pu titrer "La gueule pleine des dents" parce que ces 2 romans de j.hougron m'ont passioné tant et si bien que j'ai la nette impression d'avoir vécu au laos et au vietnam, alors qu'en réalité, je n'ai visité aucun de ces 2 pays. après avoir lu "L'homme de proie", le regard que je pose sur un soldat...a à jamais changé. merci monsieur jean hougron de m'avoir fait vivre des moments inoubliables! vous êtes de cette race des conteurs qu'on ne fait plus!
Publicité