Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
O.N.G. - Extrême-orient(é)
17 mars 2010

Les lettres édifiantes et curieuses

Les_Lettres__difiantes_et_curieuses

Les lettres édifiantes et curieuses forment une large collection de 34 volumes de lettres envoyées en Europe par des Jésuites missionnaires en Chine, au Levant, en Inde, en Amérique, et ailleurs. Publiés entre 1702 et 1776, cette collection fit beaucoup pour ouvrir l’Europe de la Renaissance (surtout la France) aux cultures non-européennes.

Pour que le gouvernement de la Compagnie de Jésus soit basé sur une bonne information, saint Ignace de Loyola établit un système de correspondance par lequel tout jésuite ayant autorité devait lui écrire régulièrement (Constitutions, N°674, 790). Il y avait ainsi les Relations annuelles des diverses missions, et les autres lettres adressées plus personnellement à Ignace, au ton nettement plus chaleureux. Du vivant du saint quelques lettres envoyées de l’Inde par saint François Xavier (janvier 1544, avril 1552, etc.) furent à l’origine de nombreuses vocations missionnaires.

L’aspect édifiant : Comme tout le travail apostolique, en Europe aussi bien que missionnaire, dépendait de la générosité de bienfaiteurs il était important de les informer régulièrement sur ce qui se faisait avec leurs dons. Il y eut alors deux types de lettres, les Lettres d’affaires qui traitaient des personnes et des problèmes à résoudre et les autres qui parlaient du travail apostolique, son développement et ses succès. Les premières étaient à usage interne et destinée strictement au gouvernement interne de la Compagnie, les autres (les édifiantes) étaient copiées et répandues parmi les amis, prélats, et bienfaiteurs divers. Elles eurent beaucoup de succès.

L’aspect curieux : Durant le XVIe siècle et le XVIIe siècle les voyages outre-mer (à but commercial) se multipliant entre l’Europe et les autres continents, surtout Amérique et Asie, une grande curiosité se développa que les marchands qui n’avaient que des contacts épisodiques avec ces ‘'nouveaux pays'’ ne pouvaient satisfaire. Les missionnaires qui y habitaient et en avaient appris la langue étaient de bons observateurs (car intellectuellement bien formés) et pouvaient répondre à cette demande. A l’aspect édifiant de leurs lettres ils ajoutèrent le curieux. Il y a les souffrances des missionnaires, les joies de nombreux baptêmes, les martyres également. S’ajoute dans la même correspondance de véritables reportages sur la Chine, son mode de gouvernement les particularités de sa langue, ses mœurs et coutumes. Tout cela donna naissance à la première sinologie européenne et suscita un véritable engouement pour les '‘chinoiseries'’ et tout ce qui venait de l’empire du Milieu. D’autres lettres circulaient également, qui venait d’Amérique, du Levant et de l’Inde mais ce sont les lettres de Chine qui eurent le plus grand retentissement. Cet enthousiasme poussa même le Père Jean-Baptiste Du Halde - qui de sa vie ne quitta jamais Paris - à écrire une Description de la Chine entièrement basée sur la correspondance reçue. Elle fit autorité.

Des publications partielles de lettres eurent lieu durant le XVIIe siècle (la toute première lettre imprimée fut celle de saint François Xavier aux étudiants de Paris, en 1545). Le père Charles Le Gobien, procureur à Paris des missions jésuites de Chine entreprit de les rassembler et de les publier ensemble. Comme le premier volume (sorti en 1702) fut très bien reçu, il en publia d’autres au rythme de un par an (vol. I-VIII). Il donna comme titre à la collection : Lettres édifiantes et curieuses écrites des missions étrangères par quelques missionnaires de la Compagnie de Jésus. Le père Jean-Baptiste Du Halde prit la relève et publia (de 1709 à 1743) les volumes IX à XXVI. Ensuite, les volumes XXVII, XXVIII, XXXI, XXXIII, XXXIV furent publiés par le père Patouillet (de 1749 à 1776) et les volumes manquant (vol. XXIX-XXX-XXXII) par le père Ambrose Maréchal.

Publicité
Commentaires
Publicité