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O.N.G. - Extrême-orient(é)
16 mars 2010

Le gentilhomme de fortune

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Pierre Guillaume appartient à une génération d'hommes qui croisa l'aventure et la fit sienne toute son existence.  Sorti de Navale au lendemain de la seconde guerre mondiale il s'illustrera en Indochine. A la tête d'une "Dinassaut" (Division navale d'assaut) Pierre Guillaume patrouille dans les méandres du Mékong et du Fleuve Rouge.  Les combats éclatent alors contre le Viet-Minh, il les conduit sans hésitation. Quand, après les accords de Genève, l'ordre est donné de se replier, il désobéit.  Avec sa Dinassaut il va recueillir les nombreux vietnamiens qui fuient l'avancée du Vietminh dans le delta du Fleuve Rouge.  Ces dizaines d'hommes et de femmes, réfugiés avant l'heure, le plus souvent catholiques, vont s'échappaer grâce aux barges providentielles du Commandant Guillaume. Après la guerre d'Indochine, ce marin d'exception décide de regagner sa Bretagne natale, à bord d'une jonque. Il double le détroit de Malacca, traverse l'océan Indien mais fait naufrage sur les côtes somaliennes.  Capturé par les Somaliens, il devient leur ami puis fini par regagner la France.  La guerre d'Algérie vient d'éclater. Pierre Guillaume est de nouveau au combat. Il va remplacer son frère tué à la tête de son "commando de chasse. Là, il traque les combattants du FLN, appliquant avec méthode la devise de son unité:  "Observe et frappe .  Ame de chef, il se mêle à la rébellion des Généraux qui refusent la politique algérienne de la France qu'ils considèrent alors comme un abandon et une trahison. Après le putsch de 1961, il rejoint l'OAS (Organisation de l'armée secrète).  En mai 1962, accusé d'avoir essayé de soulever la Marine, il est condamné à vingt ans de prison.  Il est incarcéré à Tulle avec les généraux Salan, Jouhaud et Zeller.  En 1968, il est libéré.  Il va mener de nouvelles aventures.  On le retrouve en Arabie Saoudite.  Il côtoiera également les soldats de fortune.  Mille aventures lui sont prêtées, dont on ne sait lesquelles sont vraies et lesquelles sont romancées par les écrits publiés sur son compte.

C'était:  "un marin magnifique. Le plus grand avec Tabarly.  Avec cette capacité de maoeuvrer quelle que soit la mer, quel que soit le temps" retient de lui Pierre Schoendoerffer.  Kessel aussi en son temps, dira de Pierre Guillaume: "Il avait gardé une âme d'enfant.  C'était un coeur pur."  On peut être surpris par tant d'éloges adressés à un seul homme.  C'est qu'il resta droit toute sa vie, plaçant l'Homme et ses devoirs plus haut que les combines faciles du temps.  Il fit des choix difficiles et ne se renia jamais.  Rares sont les "aventuriers" à n'avoir jamais trahi une cause.  Rêveur et homme d'action, poète et soldat, il appartient à cette espèce de gentilshommes de fortune qui ont nourris des desseins plus vastes que la mer.  Passioné d'Asie, un de ses derniers combats fut la défense du peuple Karen.  Encore une cause perdue, pourrait-on soupirer.  Encore une cause juste, surtout.  Marin, il naviguait à Saint-Malo sur une goélette, et avait réédité son trajet en jonque entre le Vietnam et la Bretagne en se joignant à l'expédition de Sao Mai.  C'est un passioné de l'Asie qui nous quitte.  Nous l'imaginons bord à bord avec ses pairs:  Surcouf et Jean Bart, nous laissant tout à l'admiration de son sillage, étoilé d'emruns.

Enfants du Mékong, janvier 2003.

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