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O.N.G. - Extrême-orient(é)
20 octobre 2009

Entrevue avec Popoli

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Entrevue de Franco Nerozzi, correspondant de guerre et fondateur de Popoli, de retour depuis peu de la Birmanie.

D’abord, pouvez-vous nous parler de la Birmanie, pays complexe et dangereux et plus particulièrement du peuple Karen.

La Birmanie est un pays dangereux et surtout pour ses habitants. Je ne parle pas des birmans mais surtout de l’autre moitié de la population appartenant à différentes ethnies et qui désirent obtenir une certaine autonomie du pouvoir central. Ce sont des peuples vraiment différents les uns des autres qui ont été soumis de force et réunis dans une colonie britannique et qui, depuis la décolonisation attendent leur indépendance. Parmi eux se trouvent le peuple Karen, principale minorité en nombre et en importance. Le traité qui devait garantir leur liberté n’est pas respecté par le gouvernement birman. Depuis lors, a lieu une guerre pour la survie de cet antique peuple dont l’histoire remonte à 2700 ans.

Parlez-nous de votre voyage et de la mission qui vient de se terminer.

Chacune de nos missions en pays Karen nous laisse avec un sentiment mêlé de joie et de trsitesse. Ce fut le cas pour cette mission. Au terme de celle-ci, on ne peut que conclure que nos amis Karens méritent tout notre soutien pour continuer leur lutte pour leur liberté. Ils sont pauvres, mal nourris et mal armées. Pourtant malgré cela, ils refusent toujours de tomber dans le trafic de drogue. Il y a donc une joie de rencontrer ce peuple qui vit dans la simplicité. Cela nous donne des leçons d’éthique. C’est aussi la tristesse de voir que rien n’est fait pour aider ces centaines de milliers de personnes qui se cachent dans la jungle pour fuir la répression de Rangoon. L’attention internationale est portée uniquement vers les promesses de démocratie ou sur le cas d’Aung San Suu Kyi. La lutte des ethnies n’intéresse personne.

Comment se passent les activités militaires, paramilitaires et sanitaires dans le territoire?

Ces dernières années nous avons assisté à l’avancée progressive des troupes birmanes et de leurs chiens de garde, les milices de la DKBA. Des dizaines et des dizaines de villages ont été attaqués, incendiés ou occupés par des soldats. Tout ceci fut bien sûr accompagné de violences, de viols, de vols. Plus que des opérations militaires, ce sont des actes de banditisme. L’armée Karen a adopté une tactique de guérilla, abandonnant peu à peu du terrain pour essayer de préserver les hommes. Ils harcèlent l’armée birmane en menant des opérations rapides et disparaissant dans la jungle. Cette tactique a eu de bons résultats, dans les derniers mois, le rapport des morts de l’armée karen par rapport à ces adversaires est de 1 pour 60 en faveur des insurgés.
Nos activités ont soufferts de cette tension constante. Les zones où nos cliniques se trouvaient sont maintenant aux mains des birmans. Nos équipes sont désormais mobiles et suivent les karens chargés de leur matériel et de médicaments. Ils peuvent ainsi soigner les populations qu’ils rencontrent en chemin. Une clinique travaille encore à plein régime dans le district de Mutraw mais elle se trouve très près de la zone birmane. Je ne sais pas combien de temps elle réussira encore à fonctionner.

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De quoi a besoin la population? Comment peut-on aider?

L’offensive récente de l’armée birmane a provoqué l’exode d’environ 7000 personnes qui sont venues s’ajouter aux 500 000 personnes déjà chassée de leurs villages. Ces gens se sont réfugiés provisoirement sous la protection des guérilleros. Ils vivent dans des camps avec des bâches en plastique en guise de toit pour se protéger des abondantes précipitations et ils souffrent de malnutrition. La véritable urgence est donc de pouvoir acheter du riz, de l’huile, et du sel.
La Comunità Solidarista Popoli et « L’Uomo Libero » cherchent en ce moment recueillir suffisamment de fonds pour remédier à cette situation grave. Nourrir quelqu’un pour un mois dans ces conditions coûte environ 8 euro. Ainsi avec environ 100 euro, on peut nourrir un réfugié Karen pour un an si l’on compte l’ajout de fer et de vitamines en complément de l’alimentation.

Les peuples occidentaux sont au courant de ce qui se passent mais persistent à regarder ailleurs, pourquoi?

Les peuples occidentaux n’écoutent que les sirènes du consumérisme et sont un peu « distraits ». Leurs gouvernements obéissent à logique mondialiste. La souffrance humaine n’entre pas dans les paramètres d’une telle logique. Le poids du peuple Karen est insignifiant pour eux car il n’a pas de valeur marchande. Il existe des dizaines de situations similaires à travers le monde. Je prends souvent l’exemple du Kosovo. L’Europe s’est vue imposer une guerre qui a favorisée la naissance d’un État mafieux, favorisant le trafic de drogue, et recevant ses ordres de Washington.

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À votre avis, est-il possible d’envisager un jour une résolution pacifique de ce conflit?

Prévoir ce qui arrivera à la Birmanie est difficile. Il y a de nombreux acteurs impliqués dans cette situation. Que fera la Chine dans le futur, elle qui est actuellement le principal sponsor de Rangoon. Que feront les multinationales (surtout Chevron et Total) qui pillent les ressources du pays et financent les généraux? Que feront les pays qui vendent des armes et fournissent des instructeurs militaires comme Israël, l’Australie, Singapour ou l’Inde? Et les États-Unis qui ont déjà décrétés que des sanctions contre Rangoon n’est pas une bonne stratégie surtout quand il s’agit d’investir dans le pays. Personnellement, je crois que dans le futur nous assisterons à un réveil démocratique du pays mais qu’à la condition que les investisseurs aient des garanties suffisantes pour supporter le projet. Je ne suis pas sûr que cela change grand-chose pour les ethnies qui seront toujours gênantes pour eux.

Pour vous joindre et aider, comment fait-on?

Pour nous contacter le plus simple c’est d’utiliser notre email. Nous avons besoin de dons. Si quelqu’un désire organiser des levées de fond en organisant des repas ou d’autres activités pour nous aider, nous en serons reconnaissants. Je tiens à préciser qu’aucun membre de Popoli ne reçoit de l’argent et que 100% des dons vont aux Karens.

Quelques mots pour conclure…

Comme je le disais, les Karens souffrent et ont de nombreux besoins. Nous cherchons à aider un groupe d’humain qui a fait le choix de lutter pour sa liberté sans se compromettre. Soyons clair, si les Karens avaient choisi la voie du trafic de drogue, ils n’auraient pas besoin de nous. S’ils avaient renoncé à leur dignité, ils n’auraient pas besoin de nous. S’ils avaient acceptés de se vendre aux multinationales, ils n’auraient pas besoin de nous. S’ils avaient choisi la voie de l’émigration vers des pays riches, ils n’auraient pas besoin de nous. Ils ont choisi de se battre pour demeurer un peuple. C’est pour cela que nous les aidons et que nous avons besoin de votre soutien.

popoli

Comunità Solidarista Popoli - Onlus
Via Anfiteatro, 10 - 37121 Verona
Tel. +39. 339 6054684

www.comunitapopoli.org
e-mail: info@comunitapopoli.org

Donations bancaires: IBAN: IT19R0518811703000000057192

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