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O.N.G. - Extrême-orient(é)
15 juin 2009

Choi Hong Hi : le père du Taekwon-do

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Le général Choi Hong Hi (최홍희) est né dans le district de Myung Chun, dans l’actuelle Corée du Nord, le 9 novembre 1918. Comme de nombreux grands maîtres d’arts martiaux, le jeune Choi est un individu frêle qui tombe facilement malade, même s’il fait déjà preuve d’un caractère très fort. À l’âge de douze ans, il est expulsé de son école pour avoir causé des troubles contre les autorités japonaises (la Corée est sous domination japonaise à cette époque).

Après cette expulsion, son père l’envoie étudier la calligraphie chez monsieur Han Il Dong, l’un des plus illustres professeurs de Corée, mais aussi un maître de Taekyon, un ancien art coréen du combat à mains nues. Constatant la faiblesse physique du jeune Choi, le maître entreprend de le former au Taekyon afin de renforcer son corps. En 1937, alors âgé de 19 ans, Choi Hong Hi est envoyé au Japon pour parfaire son éducation. Mais juste avant son départ, il joue et perd tout l’argent qu’il devait utiliser pour son voyage. Saisissant une occasion, il dérobe l’argent qu’il a perdu et se sauve sous les menaces.

À Kyoto, Choi rencontre un compatriote coréen, monsieur Kim, avec lequel il entreprend l’étude du Karaté. Après deux ans d’efforts, le Général obtient sa ceinture noire premier dan de Karaté. Choi poursuit ses études jusqu’à l’université. À l’obtention de son deuxième dan de Karaté, il commence à enseigner dans un Y.M.C.A. de Tokyo. Lorsque la Deuxième Guerre Mondiale éclate, les jeunes coréens sont enrôlés de force dans l’armée japonaise. Mais nombreux sont ceux qui tentent de se soustraire à cet enrôlement. Choi Hong Hi en fait partie, mais il est finalement arrêté par la police militaire japonaise et intégré à l’armée japonaise le 20 octobre 1943. Il est alors envoyé à Séoul pour suivre une formation militaire, puis il est intégré à la 42ème Unité de la Division de Pyongyang. Là-bas, la rébellion coréenne s’organise, et il tente de s’enfuir avec d’autres jeunes Coréens. Leur but est de rejoindre les montagnes de Baek-Du, frontalières avec la Mandchourie, afin de rallier l’Armée Clandestine Coréenne de Libération, pour lutter contre l’occupant japonais.

Mais l’évasion échoue, et les trente jeunes hommes sont pris, jugés et condamnés pour haute trahison. Le jeune Choi écope de 7 ans de prison. Pour conserver le moral et une bonne forme physique, il commence à pratiquer son art, mélange de Taekyon et de Karaté japonais, dans sa cellule. Très vite, ses codétenus deviennent ses élèves, tout comme son geôlier. La prison tout entière se transforme alors en un immense dojang (lieu où l’on pratique les arts martiaux en Corée). Mais la peine de 7 ans de prison est commuée en peine de mort, et le Choi Hong Hi doit être fusillé le 18 août 1945. Trois jours avant la date prévue pour l'exécution, la Corée est libérée, et le 15 août 1945, Choi Hong Hi sort de la prison de Pyongyang, libre. Après 35 ans d’occupation et une guerre, le pays est à reconstruire. Dès sa sortie de prison, Choi Hong Hi répond à l’appel du Comité de préparation d’un gouvernement libre, présidé par Yu Woon Young. Il intègre le groupe des Étudiants Volontaires à Séoul, dont le but est le maintien de l’ordre public, la police coréenne n’étant pas encore créée. Mais les temps sont troublés, et après l’influence chinoise et l’occupation japonaise, la Corée est le théâtre de l’affrontement idéologique entre l’U.R.S.S. et les États-Unis d’Amérique. Dans le cadre de ce conflit, Yu Woon Young est assassiné, et le Groupe se scinde en deux parties : d’un côté un groupe épousant les thèses communistes, de l’autre un groupe défendant le libéralisme. Choi Hong Hi prendra la direction de ce second groupe.

Après une rencontre avec le Major Reas, le superintendant de la Military English School (qui deviendra l’Académie Militaire de Corée), Choi Hong Hi est désigné parmi les « 110 pères fondateurs de l’Armée Coréenne ». Nommé Lieutenant en Second de la nouvelle armée coréenne, il est affecté à la direction du Quatrième Régiment de Kwang Ju. En arrivant sur place, il se rend compte que la police locale est bien mieux organisée que l’armée. Il découvre également que les policiers abusent de leur pouvoir en arrêtant pour des motifs souvent fallacieux des militaires, leur infligeant de sévères corrections. Le Second Lieutenant Choi donne donc l’ordre à ses soldats de ne plus sortir seuls, et il prend la décision de leur enseigner le Tang Soo Do (prononciation coréenne des idéogrammes « Karaté ») qu’il a appris au Japon sous la direction de Maître Funakoshi. Promu Lieutenant et transféré à la tête du Deuxième Régiment d’Infanterie de Tae Jon, Choi Hong Hi continue à enseigner un Tang Soo Do de plus en plus différent du Karaté de Funakoshi à ses troupes ainsi qu’aux soldats américains stationnés dans la région. En 1948 et avec le grade de Major, il devient l’instructeur de l’école de police militaire américaine de Séoul. À la fin de la même année, il est promu Lieutenant-Colonel.

En 1949, et avec le grade de Colonel, il interrompt son voyage de noces et quitte la Corée pour se rendre aux États-Unis, où il doit rejoindre l’école militaire (d’abord la Ground General School, dans le Kansas, puis l’Advanced Command School, en Géorgie). Naturellement, le Colonel Choi profite de cette année aux États-Unis pour enseigner le Tang Soo Do à ses compagnons de chambrée. Le 23 juin 1950, les soldats coréens reçoivent leur diplôme. Nous sommes à trois jours du début de la guerre de Corée. Les soldats coréens rentrent au pays dans la précipitation.

De retour sur son sol natal, le nouveau Général de Brigade Choi est chargé d’organiser l’École des Officiers. C’est en tant que vice surintendant de cette école qu’il rencontrera Maître Lee Won Kuk, le fondateur du Chung Do Kwan, une importante école d’arts martiaux coréenne. Devant quitter le pays pour raisons personnelles, Maître Lee demande au Général Choi de prendre la tête du Chung Do Kwan. Nous sommes alors en pleine guerre de Corée.

En 1953, le front s’est stabilisé au niveau du 38ème parallèle. Ce sera la DMZ (DeMilitarized Zone), la frontière entre la Corée du Nord et la Corée du Sud. 

En septembre 1953, le Général Choi est chargé par le Général Baek Sun Yub, chef de corps de l’armée coréenne, de mettre en place la 29ème Division, dernière division de l’Armée Coréenne. Le Général Choi en prend le commandement. Il a alors la charge de l’instruction militaire des soldats coréens. C’est à cette époque qu’il recrute Maître Nam Tae Hee et Maître Han Cha Kyo, qui l’assisteront dans l’enseignement du Tang Soo Do aux troupes.

Lorsque la 29ème division déménage dans les montagnes de Sulrak, le Général Choi ordonne la construction d’une école où les instructeurs militaires sont formés au Tang Soo Do. Maître Nam Tae Hee prend la direction de cette école, qui est baptisée Oh Do Kwan (« l’École de ma voie »). Mais c’est encore du Tang Soo Do que pratiquent les hommes du Général, même si du Tang Soo Do des débuts, il ne reste que le nom. Il faut donc trouver à ce nouvel art martial une nouvelle appellation. C’est à ce moment-là que le Général Choi forge le mot « Taekwon-do ». Le nom rappelle le mot « Taekyon », il fait donc allusion à un art martial traditionnel de Corée, et il signifie la Voie (« do ») par l’art de frapper avec les pieds (« tae ») et les poings (« kwon »). De fait, il n’y avait pas de Taekwon-do avant les années 1950.

Le 16 mai 1961, convaincu que le Général Chang Do Young, Commandant en Chef des Armées en est l’instigateur, il participe au coup d’état qui portera au pouvoir le général Park Chung Hee, un autre des 110 Pères Fondateurs de l’armée coréenne, cadet du Général Choi. Mais les choses ne se déroulent pas comme prévu, et le Général Choi entre en conflit avec le Général Park quand celui-ci refuse de retourner à ses fonctions militaires une fois le calme rétabli, comme il l’avait promis au peuple coréen. Il prend donc le pouvoir de façon dictatoriale et contraint le Général Choi à prendre sa retraite avec le grade de Général deux étoiles. Il le nomme ambassadeur en Malaisie. Il ne rentrera en Corée qu’en 1965.

Les relations entre le Général Choi et le Président Park Chung Hee, déjà mauvaises, se dégradent rapidement. Le climat politique est très tendu, et le Général Choi commence à penser que s’il s’oppose trop ouvertement au président Park, il risque de finir en résidence surveillée ou même en prison. Pourtant, le développement du Taekwon-do reste sa priorité, et il doit désormais lutter contre l’Association Coréenne de Taekwon-do, qui a à sa tête un fidèle du président Park, Kim Un Young.

En août 1971, le Général Choi préside une réunion du bureau de l’I.T.F. durant laquelle il annonce sa volonté de défendre la neutralité de l’I.T.F. face au gouvernement de Corée du Sud, qui tente de prendre le contrôle de l’organisation. Il déclara à cette occasion : « Le Président de l’International Taekwon-do Federation est certes un Coréen (puisque c’est lui, N.D.L.R.), mais cela ne signifie pas que l’I.T.F. doive être contrôlée ou dirigée par le gouvernement coréen. C’est une organisation internationale qui ne peut être influencée par la politique d’aucun pays ». Quelques temps plus tard, il commença à élaborer un plan pour quitter clandestinement la Corée.

C’est au Canada que le Général Choi décide de s’exiler. Naturellement, lorsque le gouvernement sud-coréen apprend l’exile du Général Choi, l’un des Pères Fondateurs de l’armée, Général deux étoiles et ancien Ambassadeur, il fait tout pour le ramener au pays. D’abord en envoyant des députés de l’Assemblée Nationale, avec des promesses de postes importants (directeur de cabinet, secrétaire aux affaires étrangères, ambassadeur dans le pays de son choix, etc.), puis en envoyant certains de ses amis proches. Ces démarches ayant échoué, la dictature Sud Coréenne fit enlever son fils et sa fille. Mais là encore, la démarche échoua. Ils seront finalement libérés, et le Général reprendra son entreprise de développement et de diffusion du Taekwon-do.

Dès lors, le Général voyage inlassablement de pays en pays, donnant séminaire sur séminaire afin de développer le Taekwon-do.

Il meurt le 15 juin 2002 à Pyong Yang, en Corée du Nord, quelques mois après son dernier stage. Il y repose au Cimetière des Martyrs.

gc

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