La bastonnade de Singapour
Parmi les bastonnades appliquées en Asie, celle de Singapour est la plus
connue et la plus sévère. La bastonnade est largement utilisée comme une
forme juridique de châtiment corporel dans la ville-Etat de
Singapour.
La bastonnade, appliquée avec une canne en rotin, comme forme de
sanction légale pour les criminels condamnés, a été introduite pour la
première fois à Singapour du temps des Anglais et de la Malaisie britannique. Elle a été formellement
codifiée dans le cadre du Code pénal Straits Settlements ordonnance IV.
Au cours de cette période, les infractions conduisant à la bastonnade étaient similaires à celles en Angleterre et au Pays de Galles.
La bastonnade est restée ensuite dans le droit local après que
Singapour ait proclamé son indépendance. La législation a même été
renforcée par le Parlement de Singapour pour augmenter le nombre
minimum de coups qu'un délinquant reçoit, et le nombre de crimes
méritant de la bastonnade. La loi permet la bastonnade pour plus de 30
infractions, y compris le
vol qualifié, vol en groupe avec meurtre, la consommation de drogue, le
vandalisme et les émeutes. La bastonnade est aussi une peine
obligatoire pour certaines infractions telles que le viol, le trafic de
drogue et pour les étrangers qui ne respectent pas la durée maximale autorisée par leur visa. Les articles 227 à 233 du Code de procédure
pénale établit les procédures régissant la bastonnade, et notamment:
- Un criminel de sexe masculin âgés de 18 et 50 ans condamné et certifié médicalement apte par un médecin peut être soumis à la bastonnade judiciaire.
- Il recevra un maximum de 24 coups de canne, quelque soit le nombre total des infractions commises.
- Si le délinquant a moins de 18 ans, il recevra jusqu'à 10 coups de canne, mais avec une canne plus légère.
- Il ne sera pas bastonné s'il a été condamné à mort.
- L'épaisseur de la canne de rotin ne doit pas dépasser 1,27 cm (0,5 pouce) de diamètre.
La
bastonnade en prison est aussi appliquée si le détenu enfreint le règlement de
la prison. En 1993, le nombre de criminels frappés à coup de rotin était de 3244. En
2007, ce chiffre avait doublé pour atteindre 6404 criminels condamnés à
la bastonnade (dans environ 95% des cas, la sentence a été
effectivement mise en œuvre).
La bastonnade est toujours en complément d'une peine de prison et
n'est jamais ordonnée à titre de punition en elle-même. Elle est
administrée dans un espace clos dans la prison, hors de vue du public
et des autres détenus. Les personnes présentes se limitent au détenu,
aux gardiens, au médecin, à "l'agent de bastonnade", et
parfois à des hauts fonctionnaires de l'administration pénitentiaire pour
assister à la punition.
Un détenu condamné à la bastonnade ne reçoit un avertissement
préalable à l'application de la peine que le jour même. Le détenu doit
alors se déshabiller complètement, et porter un sarong qui protège
ses organes génitaux, puis est escorté jusqu'à la salle de bastonnade.
Il fait ensuite un examen médical par le médecin de la prison afin de
vérifier s'il est médicalement apte à la bastonnade. Si le médecin
donne son feu vert, le détenu reçoit ensuite son châtiment, mais si le
médecin s'y oppose, sa peine est reportée à une date ultérieure. La
bastonnade peut être interrompue si le médecin certifie que le détenu
ne peut pas recevoir plus de coups en raison de son état, et le reste
des coups sera administré lors d'une autre session. La bastonnade est
sujette à un rapport officiel détaillé du début à la fin.
Se faire bastonner ne produit que très peu d'effusions de sang, mais des bleus importants.
Après la bastonnade, le détenu reçoit un traitement médical.