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O.N.G. - Extrême-orient(é)
17 mai 2009

Le fleuve Tumen, enjeu asiatique majeur

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Situé dans le nord-est de l'Asie, le fleuve Tumen (en chinois 图们江) ou Tuman (en coréen 두만강) marque la frontière entre la République populaire de Chine et la Corée du Nord, et, sur ses derniers 17 kms, entre la Russie et la Corée du Nord. Tumen est un mot mandchou, venant du mongol tümen qui signifie « dix mille ». Le fleuve prend sa source dans le mont Paektu, puis parcourt 521 km pour se jeter dans la mer du Japon. Sur sa rive nord s'étend la province chinoise de Jilin, et au sud, elle longe les provinces coréennes du Hamgyong du Nord et du Yanggang.

Jusqu'à la moitié du XIXe siècle, la rivière Tumen ne séparait que la Chine et la Corée. Par le traité de Pékin, conclu en 1860, la Chine abandonna une grande partie de son territoire à la Russie, et notamment la région de l'est de l'Oussouri. L'estuaire de la rivière Tumen devint ainsi le point de jonction entre trois pays : la Chine, la Corée — alors placée sous protectorat chinois depuis le XVIIe siècle — et la Russie. Des désaccords opposèrent la Chine et la Russie concernant l'emplacement exact de l'embouchure : les Russes voulant reculer la frontière d'environ 12 kilomètres par rapport à l'emplacement accepté par les Chinois. Le compromis se fit à mi-distance entre ces deux points, c'est-à-dire à 15 kilomètres de la mer. La Chine perdit ainsi sa façade maritime sur la mer du Japon.

En 1868, l'accord de Hunchun est venu adoucir le traité de Pékin en accordant aux chinois un droit de passage dans l'estuaire sous la condition de notifier chaque trafic aux autorités russes. Depuis 1992, les Russes et les Chinois se cèdent mutuellement du terrain. La Chine a pu acquérir une bande de terrain située le long de la rivière Tumen, en bordure du lac Khassan. Cette acquisition rapproche un peu plus la Chine de la mer mais ne lui en fournit pas encore l'accès.

Un projet de développement de la rivière Tumen est actuellement en cours et prévoit, pour un financement avoisinant les 30 milliards de dollars, la construction de 11 ports. Le projet fait intervenir cinq pays : la Chine, la Corée du Nord et la Corée du Sud, la Russie, la Mongolie et le Japon. Son but est d'utiliser les richesses et le savoir-faire de chaque pays pour transformer l'Asie du Nord-Est en une vaste zone d'échanges commerciaux, attractive pour les investisseurs du monde entier et destinée à accroître le bien-être de la population. Ce projet ambitieux confère à la rivière Tumen un avenir très prometteur. La rivière est d'ores et déjà surnommée "Rotterdam de l'Extrême-Orient", "Hong-Kong du Nord" ou encore "Triangle d'Or" (sic).

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