Les Coréens de Chine
Les 2 millions de Coréens vivant en Chine constituent l'une des 55
minorités nationales du pays et sont principalement présents dans le
nord-est du pays, près de la frontière avec la Corée du Nord. Ils sont
définis comme des citoyens chinois de nationalité coréenne (朝鲜族). De nombreux Coréens habitent la préfecture de Yanbian
(延边), dans la province de Jilin (吉林省), qui dispose d'un statut de
préfecture autonome (延边朝鲜族自治州). La politique des minorités appliquée
par Pékin a permis à la minorité nationale coréenne de développer sa
langue et sa culture, on parle coréen dans la préfecture de Yanbian.
La présence coréenne en Chine témoigne de l'extension des anciens
royaumes coréens, notamment le royaume du Koguryo, au-delà du fleuve
Yalu marquant la frontière actuelle entre la Chine et la Corée du Nord.
La meilleure qualité des terres dans les actuelles province du nord-est
de la Chine a également favorisé l'émigration économique de Coréens, en
l'absence de délimitation stricte de la frontière sino-coréenne jusqu'à
l'annexion de la Corée par le Japon en 1910.
La Mandchourie (nord-est de la Chine) devint une base de repli des
nationalistes coréens qui, comme le futur président nord-coréen Kim
Il-sung, luttèrent contre l'occupation japonaise de la Corée
(1910-1945). L'invasion de la Chine par le Japon en 1937 et la création
de l'état du Mandchoukouo, satellite du Japon, conduisirent les
Japonais à chercher à favoriser, en vain, une identité mandchoue (满族) qui
aurait divisé Coréens et Chinois, tandis que la guérilla coréenne
anti-japonaise en Chine était sévèrement réprimée.
Les communistes coréens furent néanmoins plus actifs que les
communistes chinois dans la résistance japonaise au Mandchoukouo et
renforcèrent le Parti communiste chinois dans sa lutte contre le
Kuomintang entre 1945 et 1949. Les Coréens de Chine furent ensuite
activement mobilisés par Pékin, lorsque la Chine intervint aux côtés
des Nord-Coréens dans la guerre de Corée à partir d'octobre 1950.
Après la fin de la guerre de Corée en 1953, le président
nord-coréen Kim Il-sung encouragea les Chinois d'origine coréenne ayant
combattu en Corée à rester en Corée du Nord, pour participer à la
construction du socialisme en République populaire démocratique de
Corée (RPDC).
Lors des famines qui suivirent, en Chine, le Grand Bond en avant,
de nombreux Coréens de Chine furent accueillis en Corée du Nord où ils
purent obtenir la nationalité nord-coréenne, avant que beaucoup d'entre
eux ne reviennent en Chine dès les années 1960. A contrario, après la
famine ayant frappé la Corée du Nord entre 1995 et 1999, de nombreux
Nord-Coréens se réfugièrent en Chine : comme dans les années 1960, la
solidarité ethnique entre Coréens de part et d'autre de la frontiere
joua un rôle essentiel.
Après l'ouverture de relations diplomatiques entre la Chine et la
Corée du Sud, une partie de la diaspora coréenne en Chine s'est établie
en Corée du Sud où elle a été en butte à une exploitation économique et
à des difficultés d'intégration qui ont fortement enfreint les volontés
d'émigration.