Finding Freedom
Je suis né dans une zone de guerre civile en Birmanie. Mon père était
un soldat révolutionnaire de l'Union Nationale Karen (KNU) et a lutté
contre le régime militaire birman. Ma mère a toujours pris soin de
notre famille mais notre vie quotidienne n'a été remplie que par la peur, la
souffrance et la douleur. Quand j'ai atteint l'âge de dix ans, mon père
a été tué sur le champ de bataille. Cela a été le plus sombre jour pour
notre famille.
Ma mère ne voulait pas que son enfant ne rejoigne le groupe
révolutionnaire. La perte de son mari dans la lutte a été une
expérience amère et très douloureuse, elle ne voulait pas perdre son
fils en plus. En ces jours, la plupart des Karens pensaient que pour
être un révolutionnaire, vous deviez être un soldat, vous devez détenir
des armes et lutter pour la liberté et l'autodétermination. Ils
pensaient qu'il n'y avait pas d'alternative à la lutte armée.
À ce moment-là, je pensais aussi que la lutte armée était la seule
façon d'obtenir la liberté. Je voulais me venger des militaires
birmans. Mon père a été tué, mon oncle a été tué, mon cousin a été tué,
mes amis ont été tués et mon peuple ont été tués, torturés, maltraités
et violés par la guerre. J'ai appris des anciens, que "sans
sacrifier ton sang, tu ne seras pas libéré de l'esclavage". Lutter
est un moyen pour protéger ma famille, mon village, mon territoire et
mon peuple. Quand j'avais quatorze ans, j'ai accompagné mon oncle à la
guerre, et j'ai vu des cadavres, des blessures, de la douleur et de la
souffrance. Cette expérience m'a motivé à devenir un combattant de la
liberté.
Lorsque j'ai été assez vieux, j'ai rejoint le groupe
révolutionnaire Karen, mais ma mère ne voulait pas que j'y prenne part.
Elle voulait que je finisse mes études secondaires dans le camp de
réfugiés. Mais elle a cédé car elle ne pouvait pas m'arrêter. Elle a
juste prié Dieu pour moi. J'ai servi deux ans comme combattant (Freedom Fighter) dans la
jungle, dans de mauvaises conditions, sans nourriture ni abri, et en
travaillant dur. Certaines nuits, je faisais de mauvais rêves. Mais ces
difficultés ne m'ont pas arrêter. Après que notre territoire ait été
occupé par l'armée birmane, je suis retourné au camp de réfugiés et j'ai
continué mes études.
Différent mais toujours un révolutionnaire
Lorsque
j'ai terminé mes études dans le camp de réfugiés de Tham Hin, je me
suis entretenu avec un vieil ami qui travaillait à Bangkok, et il m'a proposé de venir à Bangkok pour deux mois afin de continuer ma
formation. J'étais très heureux de sortir du camp, et je pensais que ce
serait une grande opportunité pour moi, même si je n'avais aucune idée
de la formation que j'allais suivre.
C'était une formation d'organisation de communauté. Avec d'autres, nous avons
appris l'élaboration de réflexions, l'analyse structurelle et
l'organisation des compétences. Cette formation m'a donné beaucoup de
nouvelles idées. J'y ai appris que la lutte armée n'est pas la seule
façon d'obtenir nos droits de liberté et de justice. Nous avons étudié
des biographies d'hommes politiques célèbres et toutes sortes d'histoires
que nous n'étions pas à l'école.
Ma vie a changé maintenant. J'ai évolué et je ne suis plus ce que
c'était avant, mais je me considère toujours comme révolutionnaire. Je
veux un grand changement dans ma communauté. Je veux que mon peuple
obtienne la liberté, l'autodétermination et la justice, le respect de
nos droits et une vie sure. La lutte armée n'est pas la seule solution
et j'ai honte d'avoir rechercher uniquement la vengeance. Je ne veux pas dire que
je déteste la lutte armée, je comprends nos combats pour protéger
nos familles et nos enfants, notre peuple et notre territoire. La chose
la plus importante est de disposer d'aptitudes à la pensée
révolutionnaire, pour comprendre les causes profondes du conflit et de
construire une nouvelle justice et une société pacifique.
Il y a deux mois, ma mère est partie pour les Etats-Unis
Elle
est inquiète pour moi. Beaucoup de gens disent que les personnes
déplacées (Internally Displaced People) et les réfugiés n'ont pas
d'avenir. Comme je suis son fils, elle ne veut pas me voir vieux sans
assurance-vie et m'a dit : «Vient en Amérique et tu deviendras un
citoyen américain, tu gagneras de l'argent et tu pourras retourner en
Birmanie et recommencer ton travail. Tu es sur le territoire
thaïlandais sans aucune autorisation et la police thaïlandaise peut
t'arrêter à tout moment. Je m'inquiète tellement."
Je comprends ma mère, et je sais qu'elle m'aime beaucoup. Je lui ai
juste dit : "Maman ne t'inquiète pas pour moi." La citoyenneté
américaine ne peut pas me donner mon assurance-vie de toute manière.
J'ai foi en Dieu, et Il est le seul qui peut me donner une assurance
vie. Je ne sais pas ce qui va se passer demain, mais maintenant je suis
ici pour travailler et servir mon peuple, et accomplir mon rêve en lui
assurant une certaine avenir.
Mon avenir n'est pas dans l'acquisition de propriétés, ni dans une
vie de luxe. Mon avenir est dans la lutte contre toutes les formes
d'injustice ou d'oppression, de vivre en harmonie avec notre
environnement et de bâtir une société pacifique.
Mon rêve
Je tiens à mettre en place "une éducation
appropriée" pour mon peuple et lui donner les semences de la pensée. Je
suis allé en Inde et ai étudié à l'École de la Paix (campus de Visthar)
où j'ai eu beaucoup d'idées. Dans mon campus (mon rêve), il y aura une
école et un centre de formation rempli d'arbres, de fleurs et de
légumes. Des arbres, des fleurs et des légumes qui nous donneront des
médicaments, de la nourriture, de l'air frais et de la paix spirituelle.
Je veux amener les enfants déplacés et les enfants des zones de
guerre dans mon campus pour qu'ils étudient. Je ne doute pas que le
véritable changement dans l'avenir est l'éducation, et il existe de
nombreux types d'enseignement. Je veux que la prochaine génération
connaisse les notions de vie, de paix, d'égalité, d'art, de musique, de
tradition, de culture et les moyens de surmonter l'injustice et
l'oppression. Que cette génération réfléchisse sur sa vie. L'éducation
qui permet à notre société et de manière pacifique, de se modifier.