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O.N.G. - Extrême-orient(é)
10 avril 2009

Nam-Bodge Tour

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Cambodge Soir : D’où est venue l’idée du “Nam-Bodge Tour” ?

Tai-Luc : Le terme “Nam-Bodge”, je l’ai inventé à l’occasion de ce projet... Dans une bande-dessinée de Conan le Barbare que j’avais lue il y a longtemps, il y avait une carte du monde dessinée avec un pays qui s’appelait “Nambodia”. Je trouve que c’est un jeu de mots sémantiquement très fort.

Comment s’est mise sur pied la tournée ?
Ca a été un truc assez irréel. Tout s’est fait grâce à Gilles P., qui en plus d’être manager d’un hôtel, est un fan du groupe et grâce à Eric S., [directeur de l’Embassy Place à Phnom Penh]. Je leur tire mon chapeau pour avoir réussi à obtenir toutes les autorisations. Pour un groupe comme nous, c’est plutôt surprenant. On a souvent été jugés comme de mauvais garçons... Même si ça change depuis deux-trois ans : le 1er janvier 2004, on est allé jouer à Canton devant 40 000 personnes. On a pu comme ça faire un concert en Chine avant les Rolling Stones, qui venait d’annuler le leur pour cause de Sras ! (rires).

Tu as beaucoup chanté une Asie perçue comme un ailleurs mystérieux, mystique, risqué (Bangkok, Khun Sa Blues, En Indochine). Tu t’y retrouves encore à l’heure du “Big Business”?
Il ne faut pas aborder ça de manière trop cloisonnée. Ce à quoi on assiste est une étape, mais il y a des choses qui resteront immuables. Je pense à quand nous sommes allés à Kep, ça m’a rappelé Sanya (三亚), en Chine méridionale... Deux villes bouffées par la pluie, avec une atmosphère particulière... Cette Asie-là existera toujours. Tout se construit, il y a un essor économique, mais tu ne pourras pas enlever aux gens d’ici leur nonchalance, leur état d’esprit. Même s’il y a des Coréens ou des Taïwanais qui viennent ici faire des joint-ventures, là n’est pas l’essentiel.

Quel a été ton premier contact avec le continent asiatique ?
Le premier concert a eu lieu en 1988 à Lhassa, au Tibet. J’ai eu l’honneur de jouer avec des Chinois et des Tibétains devant le Potala, la résidence du Dalaï-Lama. Sinon, je me suis rendu en Asie pour la première fois en 1982, à Hong Kong et en Chine populaire. A l’époque, on sortait juste de la période maoïste, les hommes et les femmes s’habillaient pareil, et s’appelaient entre eux “camarades”... Le conflit avec le Viêt-nam était encore frais... Quand les officiels ont vu mon nom [le père de Tai-Luc est Viêtnamien], ils m’ont demandé : “Qu’est-ce que tu fais derrière nos lignes?” “Non, désolé, les gars, je suis Français.” (rires)

C’était alors important pour toi de découvrir l’Asie ?
Je crois assez à la fatalité, comme les Viêts ou les Cambodgiens. Toutes les choses ont une cause. A force de voir affiché dans la cuisine, chez les parents, le temple d’Angkor Wat, tu as envie de t’y rendre. C’est le fait de tous les Eurasiens d’avoir envie de retrouver leurs racines. Assez tôt, j’ai voulu connaître cette expérience plutôt étrange...

A l’époque de Tambour et soleil, en 1995, vous avez eu un gros succès public, et après plus rien...
Tambour et Soleil, c’est un moment où on a pu prendre plus de temps pour la création. Certains textes, comme Les Princesses de la rue, avaient été écrits depuis 1988-89. Avant ça, on était dans un contexte plus précaire. Quand tu joues dans certains lieux, pour un public qui n’est pas venu pour la musique, il faut des trucs très directs, avec un message incisif. Ensuite, avec Tambour et Soleil, on a eu deux clips qui sont passés en rotation sur M6. Parce qu’on passait à la télé, les gens pensaient qu’on était devenu des vedettes. Puis en 1997, on a refait un album, Granadaamok, et c’est à cette époque que notre maison de disques s’est faite racheter par Universal... De toute façon, entre chaque disque de La Souris, il y a toujours cinq ou sept ans. Nous aussi, nous avons notre nonchalance, notre inertie.

Y aura-t-il un prochain disque ?
Depuis le dernier, il s’est passé un truc, c’est le copiage. Est-ce que c’est nécessaire aujourd’hui de faire un album? Ce que les gens veulent, c’est écouter des images, voir du son ou aller à un concert. Ils ne veulent plus juste acheter un CD. On réfléchit à un truc genre DVD, on voudrait faire une fiction avec des images autour de la musique. On prépare un truc là-dessus pour la rentrée...

C’est qui aujourd’hui le public de La Souris ?
On a fait un concert à Paris le 25 décembre pour les 25 ans du groupe, il y avait des gens de toutes tranches d’âge. Ce que font les jeunes aujourd’hui, au niveau du vandalisme, c’est pareil, il y a que le son qui a changé. De tout ce qui vient maintenant de la réalité périphérique de Paris, on n’est pas très é loignés, finalement. De toute façon, à un moment, tous les genres musicaux convergent, dès que tu t’éloignes du côté hype, tendance, établi...

Et la jeunesse asiatique ?
Celle que je connais le plus, c’est celle du XIIIe arrondissement et de la banlieue. Bon, dans les concerts, elle n’est pas trop présente, parce ce qu’elle se consacre à l’informatique et la restauration (rires). Les concerts au Viêt-nam ou au Cambodge, c’est différent. Jouer devant un public introverti, voir statique ou assis, c’est une autre expérience. Mais à Chau Doc, on a eu la chance de jouer devant 10 000 personnes, une marée humaine sur les rives du fleuve. Quand tu donnes un concert dans un cadre comme ça, où les gens se retrouvent, ils te font passer un enthousiasme à la mesure de la musique que tu fournis. Sinon, à Phnom Penh en 2000, j’avais pu saluer avant de jouer la princesse Bopha Devi, ça a été un grand moment de ma vie. Je pense aussi à la princesse Op Sisowath, elle nous a fait dans le passé une très bonne publicité. Elle devait écouter nos albums auparavant à Paris...

Cambodge Soir, juin 2005

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