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O.N.G. - Extrême-orient(é)
2 février 2009

L'amiral Decoux

de

Jean Decoux naquit à Bordeaux le 5 mai 1884 dans une famille originaire de Savoie. Entré très jeune à l'École navale, il sort sous-marinier en 1907. Jean Decoux est, dans les années 30, un expert écouté dans les conférences internationales. Decoux est bientôt nommé à des postes importants, notamment au Secteur de Défense de Toulon en 1938. Il est promu vice amiral d'escadre en 1939.

Commandant en chef des forces navales en Extrême-Orient (1939), il commande le croiseur Lamotte-Picquet à Saïgon. Il est nommé gouverneur général de l'Indochine française le 25 juin 1940 — poste qu'il n'occupera que le 20 juillet — en remplacement du général Georges Catroux (1877-1969). Decoux devient alors, selon les mots de Jean-Baptiste Duroselle, « sous le regard des Japonais et face à 24 millions d'Indochinois, le chef d'une petite France lointaine ». Il réorganise la Fédération indochinoise, aligne les salaires des fonctionnaires indochinois sur ceux des français, développe l'Université de Hanoï...

Le choix de Decoux est déterminé principalement par une politique orientée contre toute collaboration avec les forces japonaises. Le général Catroux avait déjà ébauché quelques accords de principe afin d'éviter un conflit immédiat avec le Japon. Les réalités militaires et politiques de la région forcèrent l'amiral Decoux à prendre le même chemin : le 22 septembre 1940, la chute de Lạng Sơn, poste frontalier du Tonkin et « verrou de la Chine », l'oblige à laisser le rouleau compresseur militaire japonais circuler librement en Indochine.

En 1941, la Thaïlande (ancien Siam), désireuse de reconquérir les anciennes provinces cambodgiennes qu'elle possédait au XVIe siècle, se livre à une série d'agressions le long de la frontière mitoyenne avec l'Indochine. Pour y mettre fin, Decoux décide de frapper la Thaïlande au moyen d'une offensive et charge l'amiral Jules Terraux et le capitaine de vaisseau Régis Bérenger de cette mission. La victoire navale de Koh Chang, le 17 janvier 1941, la seule remportée par la France, sans le concours de ses alliés, au cours des deux guerres mondiales, signalera la fin des agressions thaïlandaises. Le Japon intervient pour faire signer un armistice aux belligérants, puis un traité très largement en faveur de ses alliés thais. À la suite de négociations de paix ouvertes à Tokyo le 7 février 1941, la France est amputée des provinces de Battambang, Sisophon et Siem-Réap. Elle abandonne également des provinces du Laos et du Cambodge à la Thaïlande. Ce faisant, le Japon s'assure de la collaboration militaire de la Thaïlande.

Peu de temps avant l'arrivée des forces américaines en Nouvelle-Calédonie en mars 1942, l'amiral Decoux et l'amiral Bérenger, commandant de la Marine à Saïgon conçoivent le plan d'une opération conjointe franco-japonaise destinée à reprendre le contrôle de ce territoire qui avait opté pour la France libre en 1940.

Par crainte d'un retournement de situation en leur défaveur, les troupes japonaises mettent fin à l'autorité française le 9 mars 1945 par un coup de force sans véritable ultimatum.

Seul un « aide-mémoire », émanant du commandement des forces impériales japonaises, fut présenté à l'amiral par l'ambassadeur Matsumoto à 19h00 pour être rendu, signé ou non, à 21h00. Ce document demandait l'accord du gouverneur général Decoux pour que l'ensemble de l'administration de l'Indochine passât sous l'autorité unique de l'armée Japonaise. L'amiral jugea naturellement ces conditions inacceptables, contraires à son honneur et à celui de la France. Son refus lui valut d'être emprisonné jusqu'à la capitulation japonaise de septembre 1945.

Le général de Gaulle reproche à Decoux d'avoir collaboré avec les Japonais. Mais que pouvait-il faire d'autre pour conserver l'Indochine à la France, si loin de la métropole occupée et sans aucune aide des alliés Américains, hostiles au colonialisme français, ni des Britanniques ? Pour le général de Gaulle (premier déserteur de France), comme pour la plupart des gens de la métropole, les Français de l'Indochine sont coupables d'avoir été sous les ordres de Vichy.

Decoux est donc ramené en France et traduit devant la Haute Cour de justice après la Libération, puis gardé à vue pendant plusieurs mois au Val-de-Grâce. Les diverses accusations portées contre lui ayant toutes été reconnues comme sans objet, il bénéficie finalement d'un non-lieu en 1949.

Decoux a publié À la barre de l'Indochine : histoire de mon Gouvernement général (1940-1945) chez Plon en 1950. Il est décédé à Paris en 1963. Une rue à Bétheny, dans la Marne, honore la mémoire de l'amiral Decoux dans un quartier aux noms de marins illustres.

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