Le poème du C/c Combes en Indo

Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal
Ils partirent gonflés sauter en pays thaï ;
Comme autant de pur-sang, hors du pays natal
Ils détalèrent vite du pays thaï.

Tel le preux chevalier du faible défenseur
Ils pouvaient à Tu Le demeurer en vainqueurs !
Mais tel l’Anglais bouté hors de l’Erin rebelle
Ils durent décrocher, les Viets à leurs semelles.

De Tu Le à Muong Chen,de Ta Bu à Son La
Passant torrents, rivières et sommets granitiques,
Le sourire vainqueur, les miches à gla-gla,
Ils firent une victoire d’un repli stratégique.

Harassés et fourbus, meurtris et affamés,
Dans un suprême effort, un sursaut sporadique
Ils capturèrent encore quatre poulets étiques
Qui menaçaient leur flanc et allaient attaquer.

L’agrafe Pujazon* "avec la Croix des Braves"
Fut remise a chacun de ces hardis guerriers
Qui infligèrent aux Viets une défaite grave
En lui jetant au front la boue de leurs souliers.

La station radio (hirondelle et bambou)
La presse en des termes flatteurs et élogieux
Chantaient à l’unisson les louanges des preux
Qui, Tu le et Muong Chen et Son La et Ta Bu
And so on..and so on…

Et plus tard, le récit de ces sombre journées
Maintes et maintes fois redit et raconté
Fera bailler d’ennui les petits et les grands
Qui penseront : « Le Vieux, il devient emmerdant »

(*Pujazon était un célèbre coureur de 3000 et 5000 m entre 1930 et 1950)