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O.N.G. - Extrême-orient(é)
16 décembre 2008

L'ONU contre le Timor-Oriental

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A l’origine du drame du Timor-Oriental, il y a le non-respect d’un droit reconnu à tous les peuples et que l’Indonésie elle-même s’était engagée à respecter. Ses représentants à l’ONU n’affirmaient-ils pas, en 1961 et en 1962 : « Nous déclarons catégoriquement  (...)  que nous ne revendiquerons pas l’autre moitié du Timor. »  En 1974, le ministre indonésien des affaires étrangères, M. Adam Malik, confirmait encore dans une lettre à M. Ramos-Horta : « L’indépendance est un droit de toutes les nations, et le peuple du Timor-Oriental ne fait pas exception. »

Pour la communauté internationale, ce droit est indiscutable. En décembre 1975, le Conseil de sécurité des Nations unies a voté à l’unanimité une résolution « reconnaissant le droit inaliénable du peuple du Timor-Oriental à l’autodétermination et à l’indépendance ». Il demandait aussi « au gouvernement indonésien de retirer sans délai toutes ses forces du territoire ». Les États-Unis, qui avaient secrètement donné leur accord à l’invasion - c’était l’époque de la fin de la guerre du Vietnam, et l’Indonésie était leur alliée - votèrent malgré tout cette résolution : ils pouvaient difficilement faire autrement, compte tenu du vote de l’assemblée générale, qui avait précédemment demandé à une forte majorité (72 pays) au gouvernement indonésien de « cesser de violer l’intégrité territoriale du Timor portugais », 10 pays seulement votant contre. L’ONU considère toujours officiellement le Timor comme « un territoire autonome sous administration portugaise ».

Pourtant, très vite, les grandes nations, celles qui avaient le plus d’intérêt à développer de bonnes relations économiques avec l’Indonésie, géant du Sud-Est asiatique, ont oublié le peuple du Timor et ses droits. Six mois après cette première résolution, le Conseil de sécurité votait une deuxième résolution, identique, mais, cette fois, les Etats-Unis et le Japon s’abstenaient.

Toutes les résolutions votées par l’Assemblée générale de l’ONU jusqu’en 1982 ont mentionné le « droit inaliénable à l’autodétermination » du Timor-Oriental et ont exprimé une « profonde préoccupation pour les souffrances causées au peuple » de ce territoire. Alors que les Etats-Unis et le Japon ont systématiquement voté contre et que les grands pays européens se sont abstenus, l’Australie est allée jusqu’à reconnaître de jure l’intégration du Timor-Oriental dans l’Indonésie. Les puissances alliées de l’Indonésie veillent à ce qu’aucune mesure concrète ne gêne leur partenaire ni ne perturbe le cours de leurs affaires communes.

L’inefficacité des résolutions votées par l’Assemblée générale des Nations unies a fini par effriter le bloc favorable au Timor. En 1982, devant le risque de voir disparaître la majorité qui défendait l’application de la Charte au bénéfice de ce territoire, l’Assemblée générale de l’Onu a confié la question au secrétaire général. Celui-ci fut chargé d’amener les parties directement concernées - l’Indonésie, le Portugal et les Timorais - à dialoguer sous son égide. Sa médiation ne fut pas plus efficace que les résolutions de l’Assemblée générale. Forte de l’appui de ses alliés, l’Indonésie n’a jamais accepté que les Timorais soient associés aux conversations. Celles-ci se sont prolongées jusqu’en 1991, sans résultat significatif. Elles n’ont d’ailleurs porté que sur des problèmes marginaux, Djakarta refusant de traiter les questions de fond.

Jean-Pierre Catry (Monde Diplomatique - Dec 96)

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