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O.N.G. - Extrême-orient(é)
29 octobre 2008

Premier échec

741059

Haïphong le 15 Mars 1946

Au milieu de cette large étendue d'eau nous progressons à travers un étroit chenal marqué par des bouées. Nous croyons la situation réglée. L'ordre est de ne tirer aucun coup de feu. Nous pensons déjà aux acclamations des français d'Haïphong, lorsque 2 obus éclatent dans l'eau à quelques dizaines de mètres de nous. Le canon tonne, les mitrailleuses chinoises crépitent et puis déjà nous voyons les petits navires qui font demi-tour et reviennent vers nous. des morts sont allongés sur le pont. A 100 mètres un L.C.I. (navire de 4 à 500 tonnes ) brûle. Un obus de 37 a mis le feu à un fût d'essence faisant 5 morts et une quinzaine de blessés. Derrière nous, le "Lt. Saint Loubert Biè" gros cargo de 12000 tonnes s'enlise. Il brasse l'eau boueuse de ses puissantes hélices. Tous perchés sur les plus hauts sommets des navires nous regardons. Notre contre torpilleur " Triomphant " qui est près de nous se met à tirer, les obus débouchent à zéro et éclatent tout près sous nos yeux faisant voltiger les baraques et sauter un grand dépôt de munitions chinois qui continuera de brûler pendant plusieurs jours. Nos mitrailleuses balaient la plaine environnante. Le combat dure 20 minutes. Nous avons au moins 40 morts et 120 blessés. Les Chinois peut être 3400 morts et 600 blessés. Ce qui faisait dire à un commandant " j'ai vu des combats plus durs, de plus meurtriers, jamais " Alors, une de nos vedettes arborant drapeau chinois, français et drapeau blanc emmènera le général en vue d'engager des pourparlers avec les autorités chinoises. Pendant ce temps tous les navires se retirèrent dans un bras du fleuve face à Haïphong, où nous devions rester toute la journée du 7 Mars. Le général Leclerc fit le tour des bâtiments, nous saluant au passage. Il s'en alla saluer les morts. Cela nous rendit confiance, car nous étions particulièrement humiliés de ce que nous considérions comme notre premier échec.

Jean Baud - Un Getois en Indochine

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