Pour nous, anciens de là bas, des questions restent posées.

Cet immense gâchis pouvait-il être évité ? Peut-on affirmer qu'il y a eu incompétence, mauvaise politique, déloyauté voire trahison ?

La France face à ce conflit était indifférente. Cette guerre était lointaine et constituait un fardeau inutile. Les anciens d'Indo ont longtemps souffert des conditions morales de cette guerre. La France avait envoyé ses fils au loin et semblait les oublier, voire les renier. Les cercueils et les blessés étaient souvent débarqués à Marseille après la tombée de la nuit, presque en cachette. Les dockers de la cité phocéenne se sont même mis en grève pour ne plus avoir à charger des munitions et des armes pour l'Indochine. Il y a eu des sabotages de matériels d'armement qui provenaient directement de nos arsenaux !

Et que penser encore des collectes réalisées en France au profit du Viet Minh dès 1946 ?

Beaucoup de français ne savent pas, ou ont oublié, que le corps expéditionnaire d'extrême Orient a été formé pour terminer la deuxième guerre mondiale contre le Japon. Nous n'étions pas des mercenaires puisque le principe de l'indépendance des états d'Indochine au sein de l'union française était acquis pour le futur. Il n'y avait pas davantage de but colonial, mais le souci de permettre à ces états d'être démocratiques et d'échapper à la dictature d'un parti totalitaire. Et ceci même si des intérêts particuliers ont pu faire obstacle à la volonté de la France. Le génocide initié par Pol Pot au Cambodge en est une preuve. Mais Paris était plus soucieux des querelles politiques que de ce lointain conflit. Cette guerre était révolutionnaire, à base de guérilla, aux combats psychologiques et politiques. Tout un pays était guidé par un Viet Minh fanatisé. Des français complices se sont joints à eux. Comme ce Georges Boudarel passé à l'ennemi. Il occupait le poste de Commissaire politique adjoint au chef de camp 113 à Lang Kieu au Tonkin en 1953.

René Guerbadot (Ancien de la 9ème Division d'Infanterie Coloniale)