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O.N.G. - Extrême-orient(é)
4 mai 2008

Escarmouche sur la RC4

patrouille

Contexte :

Le 2 Octobre 1949 l'opération avait pour but l'ouverture de route pour faciliter le passage d’un convoi de plusieurs rames de véhicules. Le corps engagé était le PHR du 1er Escadron du 6me GSMP (Groupe de Spahis Marocains à Pied). Pour cette opération plusieurs véhicules du PHR (Dodges 4/4 – Ambulance) arrivant de Nacham et transportant un groupe mitrailleuse (de 30). Un groupe mortier de 60 et une patrouille de spahis prennent position en bordure de la RC4. Le lieu : Une rizière asséchée entourée par une piste entre Nacham et Tat-Khe. D’un côté un piton boisé tombant à proximité de la rizière. De l’autre côté de la route, un ravin au fond duquel coule un ruisseau et –si je me souviens bien- un piton boisé descendant jusqu’au ruisseau. Restent sur place : les conducteurs, l’ambulancier (Revon ?) et quelques spahis. Le groupe mitrailleuse (une seule) prend position au sommet du piton. A ce moment le mortier n’est pas encore en position. Il reste dans le véhicule.

Récit :

En attente du retour du peloton nous nous reposons et préparons un repas. Dans une boite de rations nous mettons du riz avec un peu d’eau que nous recouvrons d’un morceau de feuille de bananier. Nous sommes assis près de l’ambulance. Nous discutons des attaques récentes –septembre- sur cette même RC4. L’un de nous précise même « Paraît-il que lorsque les Viets attaquent ils sonnent la charge au clairon » Nous ne le croyons pas .

Soudain nous entendons un clairon sonner pas très loin de nous. Notre sang se glace dans nos veines, puis soudain la mitraille se déchaîne. Nous voyons les feuilles des arbres se transpercer sous les balles. Nous nous dirigeons vers nos véhicules tant bien que mal. C’est d’ailleurs au cours de cette attaque que notre infirmier est tué.

Etant brigadier je suis chef de pièce mortier. Je fais sortir rapidement les caisses d’obus de 60, m’empare du mortier que je mets sur sa plaque de base, mais n’est pas le temps d’installer le bi-pied que je tiens à la main. Un Spahis marocain me passe rapidement les obus, sans qu’ils soient dégraissés. Je tire directement sur le flanc de coteau d’où descendent en masse les Viets. Le tube est brûlant et je ne peux plus le tenir. Les assaillants sont partout. Le chef de la pièce mitrailleuse qui était en haut du piton réussi avec son groupe à redescendre.- Je crois que ce chef était la Mdl. Gernigon ?

Un officier nous crie de se replier, pensant que nous allons être encerclés. Les Viets arrivant de partout des deux côtés de la route – d’un côté de la RC4 ils étaient camouflés dans des trous que nous n’avions pas vus- Nous regagnions nos véhicules tant bien que mal, suivis par les rafales de mitrailleuses. Nous quittons la rizière en catastrophe et reprenons la route vers Nacham. Je dis au marocain assis à côté de moi, -qui avait le FM sur lui- de tirer sur les assaillants que nous apercevons près de la route. Il me répond « y’en a plus de cartouches chef » Il nous reste quelques grenades que nous réservions au cas ou….

Tant bien que mal nous arrivons à la citadelle de Nacham et constatons les dégâts aux véhicules. Mon Dodge 4x4 n’a pas subi de dégâts, mais celui qui me suivait a tout le côté droit labouré par les balles. Les pneus sont hachés. Le camarade qui me suivait me dit « Tu ne sais pas la chance que tu as eu. J’ai vu les impacts des balles et les traçantes passer entre la route et ton réservoir » Puis les nerfs retombants nous avons pleurés comme des gamins.

Voici, c’est tout ce que je souviens de cette terrible soirée.

Jean Ravet

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