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O.N.G. - Extrême-orient(é)

21 octobre 2014

La vie continue

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21 octobre 2014

E9-422 : un Inuit, de la toundra à la guerre de Corée

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"Moi, Edward Weetaltuk, E9-422, je suis né dans la neige alors que ma mère coupait du bois pour tenir sa famille au chaud. Mes parents avaient l'habitude de venir à Strutton Islands chaque printemps pour chasser la baleine arctique. C'est à ce moment que je suis venu au monde. " E pour Esquimau, 9 pour sa communauté, 422 pour le classement d'Eddy. 1932, dans le Grand Nord canadien : le jeune Inuit nous fait vivre la fin d'une époque. Très jeune, il décide de quitter les siens. Cachant ses origines, se faisant passer pour un " Blanc ", il s'engage dans l'armée canadienne sous une fausse identité au moment de la guerre de Corée. Vingt ans plus tard, quand il aura repris son identité, il rejoindra son peuple et consacrera le reste de sa vie à lutter contre l'alcool et la drogue qui ravagent la jeunesse inuit. " J'espère que mon histoire aidera les jeunes à trouver l'inspiration et la force de conserver leur culture, c'est la seule façon de ne pas perdre son âme. " Un regard de l'intérieur, un appel prémonitoire qu'il faut entendre à l'heure où le monde inuit est menacé de toutes parts. Eddy Weetaltuk est décédé le 2 mars 2005 en terre inuit.

21 octobre 2014

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21 octobre 2014

Les vrais enjeux du nucléaire nord-coréen

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La Chine plaide pour la dénucléarisation de la Corée du Nord. Les États-Unis aussi. Avec cette différence majeure que Washington menace Pyongyang d’une action militaire et que son objectif est de réunifier les deux Corées sous son égide… et à son avantage.

Le régime de la Corée du Nord (République populaire démocratique de Corée) tire son origine d’une concurrence géopolitique entre Moscou et Pékin. Ainsi, l’armée chinoise demeura-t-elle en Corée du Nord jusqu’en 1958, tandis que les continuelles tentatives de déstabilisation soviétique permirent de consolider l’alliance entre les Chinois et les Nord-Coréens ; il n’y eut guère que durant la révolution culturelle que Pyongyang prit ses distances avec Pékin. Mais lorsque les États-Unis opérèrent un rapprochement avec la Chine, la Corée du Nord se tourna vers l’Union soviétique, avec laquelle elle engagea une coopération militaire très active, ainsi qu’avec l’Allemagne de l’Est, puis avec d’autres pays comme la Syrie. À partir des années 1970, Pyongyang, appuyé sur un système de type marxiste-léniniste, a développé un formidable appareil militaire moderne qui en fait le premier pays du monde pour les dépenses militaires par habitant. La Corée du Nord s’est ainsi dotée de capacités balistiques importantes, l’Iran finançant en partie la recherche et permettant à Pyongyang de constituer un foyer mondial de la prolifération en matière de technologies balistique et nucléaire. Prenant acte de la disparition des alliés soviétique et est-allemand et de la transformation du régime chinois, la Corée du Nord a tenté plusieurs expériences de zones capitalistiques, mais qui restent anecdotiques. La situation sociale et économique du pays est dramatique : pour le régime, la terreur et la faim constituent des armes de contrôle des populations. La disparition du bloc soviétique a posé deux problèmes au régime nord-coréen : un problème énergétique, car l’URSS vendait des hydrocarbures à très bas prix, et un problème de sécurité, car l’isolement du régime s’est accru. Le lancement d’un programme nucléaire civil et militaire, dès 1989 (les Japonais ont identifié en février 1990 un site de construction d’une centrale nucléaire), est la réponse à ce double problème : diminuer sa dépendance énergétique et sanctuariser le pays grâce à l’arme atomique.

En 1993, Pyongyang annonce son retrait du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), lequel proclame le droit à l’accès au nucléaire civil, mais bannit le développement du nucléaire militaire ; en juin 1994, le président américain Bill Clinton est prêt à déclencher une guerre contre la Corée du Nord. Sous la pression, les Nord-Coréens acceptent d’abandonner leur programme en échange de la fourniture par les Américains de centrales à eau légère (accord-cadre de Genève de 1994) et de revenir dans le TNP. Mais, pour les néoconservateurs qui encadrent la présidence de George W. Bush à partir de 2000, on ne discute pas avec le « Mal » et l’idée de détente est rejetée. En 2002, les Américains rompent leurs engagements en accusant la Corée du Nord de poursuivre un programme clandestin d’enrichissement de l’uranium. Pyongyang ne nie pas mener un programme d’enrichissement à base de plutonium (à Yongbyon), mais rejette l’accusation concernant l’uranium (l’audition par le Congrès américain du responsable de la CIA en Corée du Nord, en février 2007, confirmera qu’il n’y avait effectivement pas d’enrichissement de l’uranium). La Corée du Nord expulse les inspecteurs de l’Agence internationale pour l’énergie atomique (AIEA) en décembre 2002 et se retire à nouveau du TNP en janvier 2003. Accusant les États-Unis de déployer des armes nucléaires en Corée du Sud (Washington a toujours refusé que les inspecteurs de l’AIEA viennent contrôler ses bases), les Nord-Coréens justifient leur droit d’accès au nucléaire militaire pour se garantir d’une éventuelle attaque américaine. En revanche, ils proposent de l’abandonner en échange du retrait des troupes américaines de Corée du Sud.

L’OPTION MILITAIRE RESTE SUR LA TABLE

Plusieurs cycles de négociations à six (Corée du Nord, Corée du Sud, États-Unis, Chine, Japon, Russie) s’ouvrent alors. En septembre 2005, la Corée du Nord accepte de renoncer à la bombe si elle peut accéder au nucléaire civil et disposer de garanties de sécurité face aux États-Unis. Toute la difficulté des négociations tient dans l’absence de convergence sur l’objectif recherché. La Chine, la Russie, la Corée du Sud et le Japon ont pour objectif de dissuader la Corée du Nord de chercher à acquérir l’arme suprême. Mais si les Américains proclament officiellement le même objectif, tout semble indiquer qu’ils recherchent plus que cela : le changement du régime, un changement que craignent à la fois les Sud-Coréens (une réunification serait coûteuse économiquement et sans doute aussi politiquement, dans un contexte de concurrence exacerbée avec la Chine) et les Japonais (qui n’ont pas intérêt à voir naître un géant coréen allié des États-Unis).

En mai 2005, la conférence de révision du TNP (sur le problème nord-coréen, mais aussi celui de l’Iran) échoue. L’ancien président américain Jimmy Carter accuse alors Washington d’être le principal responsable de cet échec, car comment demander à des États de signer le TNP tout en se déclarant prêt à utiliser le premier des armes nucléaires contre des États non nucléaires ? La pression sur Pyongyang augmente encore d’un cran à la fin de l’année 2005 lorsque les Américains décident de prendre des sanctions financières. Ce qui n’empêche pas, le 9 octobre 2006, les Nord-Coréens annoncent un essai nucléaire de faible puissance, réalisé à 100 km de la frontière chinoise. Les discussions reprennent malgré tout (à Pékin) et aboutissent à la suspension temporaire des activités des installations nucléaires en échange d’une aide économique et énergétique. Un dialogue bilatéral se met aussi en place entre Nord-Coréens et Japonais. Durant l’année 2007, des progrès importants sont réalisés : les inspecteurs de l’AIEA reviennent en Corée du Nord en juin, le complexe de Yongbyon est fermé en juillet, le démantèlement complet du programme est promis par Pyongyang en septembre, et des experts américains arrivent ce même mois pour y travailler. Mais, un an plus tard, des tensions surgissent à nouveau, les Nord-Coréens affirmant en juillet 2008 qu’ils ont démantelé 80 % de leur potentiel et que les Américains n’ont réalisé que 40 % de leurs promesses. Le 2 juillet 2008, le président Bush déclare que l’option militaire reste sur la table pour résoudre la crise…

À partir de 2008, les deux pays frères campent à nouveau sur des positions dures : élection en 2008 d’un nouveau président sud-coréen, Lee Myung-bak, qui prône la fermeté ; en avril 2009, arrêt par Pyongyang des discussions sur son programme atomique avec le groupe des six (les deux Corées, la Russie, le Japon, les États-Unis et la Chine). Plusieurs tirs balistiques sont effectués en 2009 par les Nord-Coréens, provoquant des condamnations fermes du Conseil de sécurité de l’ONU. En 2010, deux incidents graves éclatent : le torpillage d’une corvette sud-coréenne et le bombardement d’une île du Sud par le Nord, faisant une cinquantaine de morts. Le refroidissement entre les deux Corées profite à la Chine : entre 2009 et 2010, le commerce entre la Corée du Nord et la Chine a augmenté d’un tiers. En 2011, Moscou joue un rôle de médiation pour ramener les Nord-Coréens à la table des négociations. Ces derniers n’excluaient pas, en mars 2011, de reprendre les discussions avec le groupe des six.

LA MENACE BALISTIQUE NORD-CORÉENNE

La Corée du Nord dispose surtout de missiles de courte portée : 600 missiles Scud d’une portée de 300 à 500 km et 100 missiles Rodong I d’une portée de 1300 km. Elle développe aussi ses capacités en missiles balistiques intercontinentaux. Le 5 juillet 2006, elle tire sept missiles dont un de type Taepodong-2 d’une portée variant entre 3500 et 6700 km, susceptible de toucher Hawaii ou l’Alaska. Les missiles s’abîment en mer du Japon. On ignore s’ils ont été détruits par les Nord-Coréens eux-mêmes ou s’il s’agit d’un échec. Le Taepodong-2 serait en voie de perfectionnement (portée de 10000 km) afin de pouvoir toucher la côte Ouest des États-Unis.

Aymeric Chauprade - Chronique du choc des civilisations (édition 2011)

20 octobre 2014

La Grande famine en Chine 1958-1961

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20 octobre 2014

L’esprit des choses : la marionnette

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Cela commence comme un souvenir d’enfance, un souvenir commun à tous les enfants, que ce soit à Tokyo ou à Istanbul, Berlin, Londres ou Paris. A l’intérieur d’un cadre joliment paré, d’étranges petits êtres s’agitent, nous font rire (ou pleurer). Pour les petits Allemands, l’un de ces personnages s’appelle Kasperl; il est Punch pour les petits Anglais tandis qu’en Italie, le bon vieux Pulcinella ravit encore le jeune public. A Lyon (sa ville natale) ou à Paris, nous l’appelons tout simplement Guignol. Quant aux Turcs, ils s’enchantent toujours des facéties de Kharageuz.

Les marionnettes ne concernent pas seulement les enfants. Dans le jardin du Luxembourg, un panneau prévient toujours qu’elles amusent « petits et gens d’esprit ». Au Japon, depuis des siècles, le Bunraku propose aux adultes ses histoires de samouraïs et d’a mours impossibles avec ses figurines de grande taille manipulées à vue par des marionnettistes vêtus de noir. Ce sont les histoires des héros de chansons de geste que nous conte l’« opera dei pupi » sicilien avec ses marionnettes à fils aux armures étincelantes. Chez les Allemands, peuple métaphysique s’il en fut, les marionnettes à gaine nous ont transmis la légende de Faust et de Méphistophélès.

La marionnette nous vient de très loin. Xénophon, dans son Banquet, les mentionne déjà sous le nom de « nevrospastoi », ce qui veut dire à peu près « mus au moyen d’une corde ». Plus tard, d’autres marionnettes apparaissent à Rome, puis dans l’Europe médiévale. L’Orient n’est pas en reste. La Chine découvre les plaisirs du théâtre d’ombre et de la marionnette à gaine alors que, dans le delta du Fleuve rouge, s’agitent, dès le XIIe siècle, les premières marionnettes sur l’eau du Vietnam.

Qu’elle soit à gaine, à fils ou à tringle, qu’elle soit stylisée jusqu’à ne devenir qu’une ombre, la marionnette est universelle. Tous les peuples à un moment de leur histoire ont eu besoin de ce miroir où se représentaient leur mémoire, leurs grandeurs, mais aussi leurs travers, voire leurs ridicules.

C’est que le pantin ou la poupée à gaine ne sont pas des êtres vivants. A force d’incarner des personnages divers, l’acteur peut inspirer une certaine inquiétude; on peut même le croire possédé par le personnage qu’il incarne (d’où l’excommunication des comédiens au temps de Molière). La marionnette, elle, rassure. Elle ne prétend pas au réalisme, encore moins à l’incarnation: elle est toute représentation. Une marionnette n’a pas d’états d’âme. Les émotions qu’inspire son humanité stylisée naissent d’une pure convention où la réalité ne peut s’immiscer. Cela est si vrai que l’un des thèmes favoris du cinéma d’épouvante demeure la marionnette ou la poupée de ventriloque soudain animée d’une existence propre. La seule exception est peut être le Pinocchio de Carlo Collodi (pas celui de Disney) qui se meut d’ailleurs dans un univers bien sombre.

Dans son théâtre particulier, le castelet, la marionnette nous offre un monde radicalement séparé du nôtre. Et malheur à celui qui se laisse prendre au jeu comme Don Quichotte venu secourir Don Gaïferos sur le théâtre de Maître Pierre! Il y découvrira son insupportable folie. On ne touche pas aux marionnettes comme on ne touche pas à un rêve: la magie se volatiliserait sans retour.

Car c’est bien de magie qu’il s’agit, une magie ancienne mais toujours active, souvent même dans les formes les moins traditionnelles, en apparence. D’une certaine façon, la télévision, cette grande réductrice, continue à perpétuer cette magie. Certains se souviennent peut-être des marottes d’André Tahon, le père de la regrettée chenille Ploom. Plus proche de nous, le Muppet Show de Jim Henson sut donner un coup de jeune à un art antique, tout comme, un degré en dessous, les Guignols, d’ailleurs repris des « spitting images » anglo-saxonnes. La vulgarité et parfois la sottise sont trop souvent au rendez-vous. Mais peuton reprocher à une marionnette de n’être qu’un miroir? Là est sans doute la tragédie des marionnettes: devenir trop facilement prisonnières de l’air du temps.  Jean-Michel Diard

20 octobre 2014

Les Nouveaux Barbares aux portes de la Chine

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Pour Pékin, les Nouveaux Barbares sont essentiellement les Américains, dont la politique d’encerclement de la Chine peut s’appuyer sur un puissant réseau d’alliances militaires. Mais, pour desserrer l’étreinte, les Chinois ont su créer un contrepoids, notamment en se rapprochant de la Russie. Jusqu’au XIXe siècle, les Barbares, méprisés mais craints par les Chinois, venaient essentiellement d’Asie centrale : leurs vagues successives inspirèrent la construction de la Grande Muraille. Et, de la muraille nucléaire à la conquête spatiale, les plus grands efforts de dépassement du peuple chinois résultent aujourd’hui de sa résistance à la puissance matérielle des Nouveaux Barbares, souvent supérieure à celle des Chinois, malgré – pensent-ils – une « infériorité civilisationnelle ». On ne soulignera jamais assez le traumatisme qu’a constitué, dans la mentalité chinoise, le dépeçage de leur pays par les Européens (Russie, Angleterre, France, Allemagne), résultat des « traités inégaux » du XIXe siècle. L’emploi de l’opium par les Anglais comme arme de guerre reste un souvenir humiliant, de même que la volonté des Soviétiques, durant la guerre froide, de diriger le communisme chinois, cause essentielle de la rupture sino-russe.

Pour les Chinois du XXIe siècle, les Nouveaux Barbares sont essentiellement les Américains. Les États-Unis cherchent en effet à contenir la montée en puissance de la Chine en encerclant celle-ci d’ouest en est, de l’Asie centrale jusqu’à la Corée du Sud, en passant par Taïwan. Mais Pékin refuse de dépendre de Washington pour son approvisionnement énergétique, comme il refuse un ordre international dominé par le mondialisme américain. Tant pis s’il faut se rapprocher de vassaux potentiels (Russes et Indiens) ou d’autres Barbares (Français, Iraniens ou Vénézuéliens). L’important pour les stratèges chinois est de constituer un axe de contrepoids permettant de faire échec à l’unipolarité voulue par Washington et de favoriser au contraire l’équilibre multipolaire, en attendant de disposer des moyens suffisants pour restaurer l’unipolarité chinoise dans le cercle des vassaux.

UNE STRATÉGIE D’ENDIGUEMENT

L’Empire du Milieu a toujours été fragile face aux idéologies étrangères venues du deuxième cercle (bouddhisme) comme du cercle des Barbares (christianismes nestorien et catholique, évangélisme protestant, mondialisme « droits-de-l’hommiste », islamisme), qui forment autant de défis pour la mentalité confucéenne. Ces idéologies peuvent se coaliser avec les forces centrifuges (séparatisme tibétain, taïwanais ou ouïgour) et venir remettre en cause l’unité du vieil empire. Pour Pékin, face aux Barbares, l’enjeu est une fois encore de se moderniser pour devenir puissant ; il faut donc s’ouvrir à la modernité technique et économique de l’Occident, mais refuser son métissage. Le 11 septembre 2001 a permis aux Américains de se redéployer dans le monde et, ce faisant, de renforcer leur encerclement diplomatique et stratégique de la Chine. L’Amérique est présente en Asie centrale, à l’ouest de la Chine, en Afghanistan et au Kirghizstan. Elle maintient son alliance avec le Pakistan, malgré la pression croissante de l’islamisme radical. Elle cherche à faire de l’Inde, puissance nucléaire et navale, un allié face à la Chine. Elle se rapproche du Vietnam, qui s’oppose depuis toujours à l’influence chinoise dans la péninsule indochinoise. (Mais la Chine se désenclave vers l’océan Indien grâce à son allié birman.) Washington peut compter aussi sur ses alliés taïwanais, japonais et sud-coréens.

La guerre mondiale contre le terrorisme menée par les Américains est donc en l’occurrence le « masque » d’une stratégie d’endiguement de l’adversaire chinois, comparable à celle qui fut déployée contre l’URSS durant la guerre froide. Mais la Chine dispose de nombreux atouts pour desserrer cette étreinte. L’axe sino-russe est le principal contrepoids à la toute-puissance américaine dans le monde. Les Chinois ont besoin du pétrole et du gaz russe, et ils ne peuvent accéder au Turkestan russe (les anciennes républiques musulmanes de l’URSS) qu’en construisant des partenariats avec les Russes.

CONVERGENCES ENTRE LA CHINE ET LA RUSSIE

Certes, la Russie peut craindre une sinisation de sa périphérie orientale ; l’immense Russie est un nain démographique, si on la compare à sa voisine chinoise, et sa faible densité de population en Sibérie et plus à l’est encore doit être opposée au trop-plein démographique chinois. Cependant, Moscou et Pékin partagent une même volonté de bâtir un monde multipolaire et de faire échec au projet global des États-Unis (en mai 2008, les présidents chinois et russe ont affirmé ensemble leur opposition au projet américain de bouclier antimissile). Et ils sont attachés au droit international, donc au respect des souverainetés et des frontières.

La Russie et la Chine ont réglé ces dernières années tous leurs différends frontaliers : Pékin reconnaît la souveraineté russe sur la Tchétchénie et Moscou reconnaît l’appartenance du Tibet à la Chine. A contrario, les Russes ont toujours un différend avec le Japon à propos des îles Kouriles. Les Chinois et les Russes ont aussi le même intérêt à contenir le fondamentalisme islamique en Asie centrale. Ces convergences ont amené Pékin et Moscou, en 2001, à constituer avec le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan (sa frontière, au niveau du Pamir oriental, reste contestée par Pékin) et le Kirghizstan, l’Organisation de la coopération de Shanghai (dit Groupe de Shanghai). Ces pays ont admis comme observateurs la Mongolie (2004) puis, un an plus tard, l’Inde, l’Iran et le Pakistan, mais ils ont refusé ce statut aux États-Unis. Face à Washington, il s’agit d’un ensemble (pays membres et observateurs) de 2,8 milliards d’êtres humains.

Aymeric Chauprade - Chronique du choc des civilisations (édition 2011)

17 octobre 2014

La painite

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La painite est une espèce minérale extrêment rare du groupe des borates et du sous-groupe des nésoborates (inselborates), de formule CaZrAl9O15(BO3). Elle a été décrite en 1956 par Claringbull, G.F., M.H. Hey, et C.J. Payne; elle fut nommée ainsi en l'honneur de Arthur Charles Davy Pain (?–1971), collectionneur de gemmes et de minéraux anglais, qui notifia pour la première fois l'espèce. Avant 2000, il n'y avait que trois cristaux de painite connus. Ce n'est qu'en 2001 que le quatrième cristal a été découvert et c'est en 2005 que la majorité des spécimens ont été trouvés, tous en Birmanie.

17 octobre 2014

No way !

17 octobre 2014

L’Empire du Milieu se réveille

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Il y a la Chine au milieu du monde et, tout autour, un vaste cercle de vassaux représentant la totalité de l’espace civilisationnel asiatique… Cette vision géopolitique est profondément ancrée dans la tradition impériale chinoise. Elle est toujours d’actualité. Ce ne sont pas seulement son identité (ethnie et civilisation), son mouvement (colonisation), son orientation (terrestre plus que maritime) et ses besoins (la recherche de l’autosuffisance) qui caractérisent la géopolitique chinoise. C’est aussi la perception de l’étranger, organisée en cercles concentriques. Au milieu du monde, il y a le coeur han : la Chine. Autour, le premier cercle, les marches coloniales où les pionniers chinois submergent des ethnies moins nombreuses. Puis vient le deuxième cercle, celui des vassaux, lesquels doivent demeurer soumis et loyaux à l’empire. Les peuples considérés comme naturellement vassaux sont les Coréens, les Japonais, les Indochinois (Vietnamiens, Khmers, Thaïs), cet espace de civilisation asiatique imprégné par la civilisation chinoise. Au-delà des vassaux, en Europe, dans les islams arabe, turc et perse, en Amérique, on est dans le cercle des Barbares.

Avec les vassaux, des relations institutionnelles s’imposent, mais le mélange n’est pas possible. Avec les Barbares, sauf à devoir subir leur irruption brutale mais provisoire (des Huns jusqu’aux Européens), le contact est à éviter. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les ambassades européennes venues chercher l’ouverture de relations avec un monde nouveau sont interprétées à la cour de l’empereur de Chine comme des gestes de vassalité. Pour les Chinois, le rapport de force commande les traités, par définition inégaux c’est-à-dire provisoires. Le traité protège de la puissance de l’autre, mais il ne doit jamais limiter sa propre puissance ; cependant, les reconquêtes ne seront tentées qu’en situation de supériorité évidente. Ce que le juridisme européen (particulièrement français) regarde comme frontière intangible n’est en Chine que ligne de cessez-le-feu. Sans doute n’y a-t-il pas de mondialisme chinois comparable au mondialisme américain (la recherche de l’Amérique-monde) ; pour autant, la Chine n’est pas bornée : son espace potentiel englobe le monde des vassaux, c'est-à-dire l’intégralité de l’espace civilisationnel asiatique.

Au XVIIIe siècle, les royaumes périphériques de Corée, de Birmanie, du Siam ou du Népal furent vassalisés. Régulièrement, Vietnam et Corée firent l’objet de tentatives de remise au pas. Quand, en 1979, Pékin a lancé une opération militaire contre le Vietnam, elle l’a clairement présentée comme une « punition ». C’est bien cette idée de vassalité, dans un contexte de montée en puissance de la Chine qui fait peur, de Tokyo jusqu’à Moscou (la Russie a aussi une partie asiatique), en passant par Séoul ou Hanoï. Mais, pour l’heure, la reconstitution de la prééminence sur les vassaux ne se traduit qu’à travers la dimension économique (voir encadré). Seul le Japon, toujours redouté de Pékin, possède la capacité de concurrencer la Chine dans sa volonté de prééminence sur les vassaux. Ce sont les revers face au Japon, à partir de la fin du XIXe siècle, qui ont entamé la légitimité de l’« Empire céleste » et causé la montée des forces révolutionnaires. Aussi, aujourd’hui, les Chinois ne veulent-ils pas d’un retour politique et militaire du Japon ; ils refusent la perspective d’un siège permanent japonais au Conseil de sécurité de l’ONU comme celle de l’accès au nucléaire militaire. Mais Tokyo, de son côté, accepte mal l’idée d’une perte de son statut de première puissance asiatique au profit de la Chine… Début 2011, pourtant, la Chine est devenue la deuxième économie du monde devant le Japon.

UNE SPHÈRE CHINOISE DE COPROSPÉRITÉ ?

En 2004, les dix pays membres de l’Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), à savoir la Birmanie, Brunei, le Cambodge, l’Indonésie, le Laos, la Malaisie, les Philippines, Singapour, la Thaïlande et le Vietnam, se sont réunis avec la Chine, la Corée du Sud, le Japon, l’Inde, la Nouvelle-Zélande et l’Australie ont décidé de créer, la plus vaste zone de libre-échange du monde, soit plus de 3 milliards d’êtres humains. La Chine et l’Inde seront sans doute un jour les deux grands moteurs de cette zone de libre-échange, entrée en vigueur le 1er janvier 2010.

Aymeric Chauprade - Chronique du choc des civilisations (édition 2011)

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