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O.N.G. - Extrême-orient(é)
10 octobre 2014

Une civilisation qui entre unie dans la mondialisation

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Forte de son unité ethnique et civilisationnelle, la Chine est en train de devenir un acteur majeur de la mondialisation des échanges, avant d’en devenir peut-être le moteur. Et de ravir le premier rôle à l’Amérique. L’identité chinoise est à la fois ethnique et civilisationnelle. Elle est ethnique parce que la Chine est d’abord le pays des Han, immense masse asiatique, fruit d’une dynamique d’unification de multiples groupes ethnolinguistiques caractérisés chacun par la spécificité du dialecte oral utilisé d’une province à une autre. Mais c’est aussi une civilisation parce que, depuis plus de deux mille ans, une langue écrite commune, la langue idéographique, domaine des mandarins et base même de l’État, est l’expression fondamentale des constructions impériales chinoises qui se sont succédé.

L’ABSORPTION DES DYNASTIES ÉTRANGÈRES

Or, en Chine, il y a un rapport original entre ethnie et civilisation. Car c’est précisément le fait que la langue écrite soit le pouvoir d’une minorité et la colonne vertébrale de l’État impérial qui a préservé la spécificité identitaire des provinces – et donc, globalement, l’unité ethnique du peuple chinois. En effet, unis politiquement par leur civilisation, les Chinois se sont très peu mélangés entre groupes ethnolinguistiques, conservant ainsi la structure identitaire originelle des vieilles provinces. Chaque fois que l’empire s’est effondré ou s’est morcelé, il a pu se reconstituer pratiquement à l’identique, refaisant l’unité entre ses morceaux élémentaires et irréductibles. Pour cette raison également, les envahisseurs étrangers, Huns, Mongols et Mandchous, n’ont pu modifier sensiblement la masse identitaire des Han. Les Chinois, paysans sédentaires (issus de ces « Mésopotamies » formées par autant de grands fleuves fertiles en alluvions) plutôt que guerriers nomades, ont régulièrement abandonné le pouvoir à l’envahisseur, digérant ceux qu’ils sinisaient (les élites le plus souvent) pour mieux rejeter les autres. Toutes les dynasties étrangères, et notamment les deux dernières, mongols Yuan (1271-1368) et mandchous Qing (1644-1911), furent absorbées. Démographiquement, ces apports ne furent jamais assez importants pour modifier le socle ethnique de l’empire. C’est donc forte de son unité ethnique et civilisationnelle que la Chine est en train de devenir un acteur majeur de la mondialisation des échanges, peut-être le moteur qui va remplacer l’Amérique.

À LA CONQUÊTE DE LA PLANÈTE MARS

La politique spatiale de Pékin est un véritable défi au leadership américain. La Chine a envoyé son premier homme dans l’espace en 2003. En 2008, trois taïkonautes (astronautes chinois), à bord de Shenzhou VII, ont pu accomplir une sortie dans l’espace. Le 1er octobre 2010, Pékin a lancé sa deuxième sonde lunaire et, à l’automne 2011, Chinois et Russes envoient la première sonde chinoise vers la planète Mars. En février 2011, le Pentagone s’est ouvertement alarmé des armes spatiales chinoises, capables d’abattre des satellites et de brouiller des signaux.

10 % DU PIB MONDIAL DANS DIX ANS

La croissance de l’économie chinoise a presque toujours été à deux chiffres depuis le début des réformes (en 2007, elle était de 11,7 %). Le PIB a plus que décuplé en vingt-cinq ans. La Chine, qui a intégré l’OMC en 2001, s’est alors hissée au quatrième rang des économies mondiales derrière les États-Unis, le Japon et l’Allemagne. Elle représente 5 % du produit intérieur brut mondial et 25 % de celui de l’Asie. En 2020, l’ensemble Chine/Hong Kong/Taïwan devrait peser 10 % du PIB mondial. Dans dix ans, la moitié de la population de la Chine (soit 700 millions d’habitants), atteindrait un niveau de développement socio-économique comparable à celui de l’Occident. Sauf bouleversement géopolitique majeur (une guerre macrorégionale ou mondiale), la fin de l’ère de la triade États-Unis/Europe/Japon est annoncée. En février 2011, la Chine est devenue la deuxième économie du monde, devant le Japon. Elle avait déjà supplanté l’Allemagne au premier rang des exportateurs mondiaux en 2009.

Aymeric Chauprade - Chronique du choc des civilisations (édition 2011)

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