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O.N.G. - Extrême-orient(é)
16 juin 2014

Les débuts étonnants de l’astronomie chinoise

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Les débuts de l’astronomie chinoise se perdent également dans un épais brouillard de légendes et de dynasties semimythiques. D’aucuns prétendent que le passé astronomique de la Chine est extraordinaire : c’est en tout cas un thème récurrent dans la littérature chinoise. Il convient cependant d’être prudent dans l’interprétation de ces affirmations : il faut en effet rappeler qu’en 213 BC, la plupart des livres d’érudition chinois furent malheureusement brûlés dans un autodafé ordonné par Qin Shi Huang Ti, un souverain extrémiste, centralisateur et anti-intellectuel, désireux de faire table rase du passé. Cependant, comme il apparaît clairement que la Chine a reçu des influences extérieures en matière d’astronomie et, compte tenu de ce que nous savons déjà de cet art ainsi que des calendriers de grandes civilisations légèrement antérieures aux anciens Chinois, il n’est pas interdit de penser que cette affirmation contient un fond de vérité. Entre autres affirmations, les Chinois prétendent avoir été familiers avec l’année de 365 jours ¼ plus de 2000 ans avant le Christ.

Un fait non dépourvu d’intérêt, dans le cadre de la géométrie mégalithique, est que les anciens Chinois associaient l’espace et le temps. Rappelons que c’est là l’essence même de notre géométrie du fond des âges, dont l’ambition était de réconcilier l’espace et le temps dans un système unificateur. En Chine, toutefois, l’application de cette ambition revêtait un caractère différent : les Chinois associaient les quatre saisons et les quatre points cardinaux, auxquels étaient assignée une couleur. Ainsi, l’été était associé au sud et à la couleur rouge, l’automne à l’ouest et à la couleur blanche, l’hiver au nord et à la couleur noire, et enfin le printemps à l’est et à la couleur verte. Le pôle nord était considéré comme le suzerain maître de l’espace-temps, régulateur des quatre directions et des quatre saisons. L’étoile polaire, elle, était appelée le Grand Empereur Céleste ou le Pivot Céleste, car c’est autour d’elle que le firmament tourne sans relâche.

Un texte présumé comme étant l’un des plus anciens écrits de la civilisation chinoise est fort intéressant à cet égard : il s’agit d’un extrait du Chu King de Confucius, un ouvrage rassemblant des textes concernant l’histoire des dynasties chinoises dont l’antiquité est la plus grande. Ces textes s’étalent des toutes premières dynasties (semilégendaires) chinoises (2357 BC) jusqu’à la période des Zhu de l’Est (621 BC). Seuls quelques fragments de cette compilation de textes subsiste aujourd’hui, car une grande partie de l’ouvrage a été définitivement détruite lors de l’autodafé de 21 3 BC. L’extrait suivant est tiré du chapitre intitulé « Yao Tien », et il daterait de l’époque reculée de l’empereur Yao (2357 BC), premier prince de Chine selon le confucianisme : Yao ordonna aux ministres Hi et Ho d’observer le ciel et de se conformer avec un soin respectueux aux lois du ciel suprême, de calculer le mouvement du soleil et de la lune, d’observer les espaces sans étoiles et de faire connaître au peuple le temps et les saisons... Remarquez une période de 36 décades, plus six jours. L’intercalation d’une lune et la détermination des quatre saisons servent à la disposition parfaite de l’année. Cela étant exactement réglé, chacun s’acquittera de son emploi, selon le temps et la saison, et tout sera dans le bon ordre.

Ce passage appelle plusieurs commentaires. En premier lieu certes selon la tradition qu’on se doit d’étudier d’un oeil cr it ique on remarque que l’astronomie a été une préoccupation pour les Chinois dès l’époque du tout premier prince. Ensuite, on peut souligner le fait que, comme souvent, les fins de l’astronomie étaient avant tout pratiques, puisque l’intérêt de cet art était de réguler la vie agricole du peuple, qui avait besoin de connaître avec précision les saisons pour les diverses semailles et récoltes. La deuxième partie du texte est particulièrement saisissante : Yao demande aux responsables du calendrier impérial d’observer une période de « 36 décades », soit 360 jours, « plus six jours », ce qui fait un total de… 366 jours !

Curieusement donc, dans l’un des plus anciens textes chinois, non seulement l’empereur Yao somme-t-il son gouvernement de devenir des astronomes pointilleux, mais il les exhorte en plus à utiliser un calendrier de 366 jours. Est-ce là le résultat d’une pure coïncidence ou faut-il voir là l’influence directe de la géométrie mégalithique ? Revenons sur ce qui est parfaitement acquis. Il est certain que le calendrier chinois entretient un rapport étroit avec le calendrier chaldéen : la division du cercle en un nombre proche de celui du nombre de jours en une année, l’utilisation du nombre 60 et la division de l’année (et surtout du jour) en 12 parties, tout ceci montre que le lien entre la Mésopotamie et la Chine ancienne est bien réel. En revanche, il est plus difficile de savoir quand et de quelle manière s’est transmis ce savoir. Or, d’après la légende, le calendrier existe depuis… l’an 2697 BC.

La tradition chinoise fait remonter sa chronologie au 10 mars 2697 BC (ou au 6 mars 2637 BC selon les interprétations), date du début du règne de l’empereur semi-mythique Hoang Ti. Selon la légende, le souverain décréta ce jour-là qu’une année comportait 365 jours ¼ : on a donc une apparente confirmation du haut degré de précision qui prévalait dans le calendrier chinois dès ses débuts, ce qui tend à confirmer le caractère héréditaire et immédiat, et non progressif, de l’acquisition de ces connaissances. L’empereur Hoang Ti demanda à ce qu’une année de 365,25 jours soit ainsi adoptée, mais précisa que le peuple, superstitieux, ne devait pas en être tenu informé : s’agirait-il là d’une recommandation des druides mégalithiques pour qui le secret était gage de sécurité et de pouvoir ?

Tristan Sylvain - Les Lignes d'or

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