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O.N.G. - Extrême-orient(é)
12 mai 2014

Karakorum, la tortue mongole

Sans titre

Karakorum (en mongol Хар Хорум, « muraille noire » ou « muraille du nord »), est une ancienne ville mongole fondée en 1235 par Ögödei, capitale de l'empire jusqu'au choix par Kubilai Khan de Khanbalik (actuelle Pékin) vers 1260.

Karakorum de Gengis Khan à Ögödei
Au début du XIIIe siècle, Gengis Khan établit la domination des Mongols sur un empire qui s'étend du Pacifique à la mer Caspienne, et qui comprend les steppes de Mongolie, la Corée, la Chine du Nord et une partie de l'Asie centrale. Cet empire est d'abord dépourvue d'une capitale car les Mongols sont des nomades. Vers 1220, Gengis Khan établit son camp de base, y laissant femmes et administration centrale durant ses campagnes militaires, sur le site de Karakorum, situé au pied des monts Khangaï sur la rive gauche de l’Orkhon, affluent de la Selenda. Karakorum est un site significatif, à quelque 25 km de l’ancienne capitale ouïghoure Qara Balgassun (VIIIe siècle). Gengis Khan meurt en 1227 et son fils Ögödei lui succède. Un des faits majeurs de son règne est la création d’une ville-capitale. Le nouvel empereur veut imiter les peuples soumis et surtout offrir au monde l’image de la nouvelle puissance mongole. Vers 1235, après quelques campagnes, Ögödei fait commencer les travaux de transformation du camp de Karakorum.

La capitale de l'empire mongol (années 1230 à 1260)
Une muraille est édifiée, car c’était le symbole de toute ville. Plus tard, Marco Polo parle d’un simple remblai de terre et Guillaume de Rubrouck d’un mur de briques. Quatre portes s'ouvrent sur les quatre points cardinaux. Deux énormes statues en granit représentant des tortues, avec des inscriptions de style sinisant, ornent la porte Est qui conduit vers la Chine. Karakorum est ouverte à tous les cultes et tous les peuples de l’Empire. Ses habitants sont d’ailleurs presque tous des étrangers, car les Mongols refusent la sédentarisation. Deux grands quartiers dominent : celui des Chinois et celui des Sarrasins, pour l’essentiel des artisans et artistes. La capitale mongole montre une grande qualité de vie. Les archéologues y ont repéré des systèmes de chauffage par air chaud, des canaux d’irrigation et d’adduction d’eau. L’agriculture apparaît à proximité de la cité pour nourrir les habitants, mais Karakorum dépend des importations agricoles venues de Chine. Le palais impérial, appelé Qarchi (« château ») par les Mongols et Wan-an kung (« palais des Mille Tranquillités ») par les Chinois, s’élève au centre d’une cour qu’entourent plusieurs enceintes, la plus grande mesurant 200 mètres sur 225. Un tertre haut de 28 mètres accueille la yourte impériale. Le palais en lui-même adopte un plan basilical à cinq nefs, séparées par de gros piliers en bois. Le grand khan siège au chevet, assis comme un dieu au-dessus des sujets sur un podium avec deux escaliers d'accès. Mais le palais mongol reste dans l'ensemble très simple. Il traduit les premiers pas hésitants d’un peuple qui ignore encore tout de l’architecture et de l’urbanisme. En 1256 Möngke, le quatrième grand khan, fait construire une immense stupa de cinq étages, haute de cent mètres, qui révèle les faveurs que les Mongols accordent au bouddhisme.

Destin ultérieur
Dans les années 1260, Kubilai, cinquième grand khan, transfère la capitale impériale en Chine, dans l'ancienne capitale des Jin, Zhongdu, à laquelle il donne le nom de Khanbalik, l'actuelle Pékin, devenant le premier empereur de la dynastie Yuan en 1271. Karakorum souffre durant la guerre de succession qui oppose après la mort de Möngke, Kubilai à son frère Ariq Boqa de 1260 à 1264, puis des guerres entre Kubilai et Qaïdu. La ville connaît une période de prospérité au début du XIVe siècle. Après la fin de la dynastie Yuan en 1368, elle sert de résidence à Biligtü Khan. En 1388, les troupes Ming prennent et détruisent la ville. Karakorum est habitée au début du XVIe siècle, époque où Dayan Khan en fait sa capitale. Dans les années qui suivent, la ville change de mains à plusieurs reprises durant les guerres entre Oirats et Bordjigin et est finalement définitivement abandonnée.

Le sanctuaire bouddhique de l'Erdene Zuu
En 1585, un monastère bouddhique est construit non loin du site de la ville, l'Erdene Zuu, sur ordre du prince Abadai Khan juste à l'extérieur de l'enceinte des ruines de Karakorum. Durant des siècles, Erdene Zuu a été le sanctuaire religieux le plus important de Mongolie. Au début du XXe siècle, on compte plus de 700 temples et habitations (à l'extérieur de l'enceinte) pour près d'un millier de moines. Partiellement détruit dans les années 1930 par l'armée soviétique, le site a été restauré à la fin du siècle et a retrouvé en partie son aspect religieux.

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