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O.N.G. - Extrême-orient(é)
31 mars 2014

L'esprit des choses : La boussole

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Il vaut mieux ne pas la perdre, surtout si l’on est marin, soldat ou randonneur, pour ne rien dire des boy-scouts. Sous son faible volume et son apparente simplicité, cette petite boîte (si l’on en croit l’étymologie) constitue en effet l’un des objets les plus indis- pensables à l’humanité depuis plusieurs siècles. Sans elle, des continents resteraient ignorés et bien des voyages demeureraient impossibles, y compris sur le plancher des vaches. Dans Les Vikings de Richard Fleischer, c’est grâce à elle, ou plutôt à sa version rudimentaire, que le personnage incarné par Tony Curtispeut traverser la « mer empoisonnée » et ses brumes épaisses pour conquérir la belle Janet Leigh.

Une boussole est un objet magique, même pour ceux qui l’utilisent le plus. Sous son apparente simplicité, elle nous associe aux mystères de la planète. Nous savons tous qu’elle indique le nord mais nous ignorons le plus souvent les mécanismes qui obligent l’aiguille à se tourner toujours vers le nord. A vrai dire, d’ailleurs, cette ignorance ne tourmente pas grand monde, sauf lorsqu’il s’agit de déterminer cette fichue déclinaison qui empêche sadiquement le nord magnétique de coïncider avec celui de la carte. Et l’on ne parlera pas du nord indiqué par l’étoile polaire – quand nous savons identifier cette dernière.

La boussole permet donc de déterminer le nord, du moins aujourd’hui. Les Chinois, qui découvrirent cette propriété du fer aimanté, parlaient du « poisson montre sud ». Cette boussole primitive (la tige aimantée était posée sur l’eau) permettait de pallier un ciel couvert sans précision excessive. Ce seront les Occidentaux qui, lors des derniers siècles du Moyen Age, imagineront de poser la tige sur une rose des vents – viendront plus tard les graduations plus précises. des premiers cartographes modernes, lesquels découvraient ainsi les trésors de la triangulation. Au service des Etats, ces mêmes cartographes commencèrent à identifier sérieusement un territoire devenu ainsi plus contrôlable. Il nous en est resté des mo numents comme la fameuse carte de Cassini, première carte de France précise, réalisée au XVIIIe siècle. Après les géomètres, les militaires s’y intéresseront sérieusement, les artilleurs d’abord, puis les fantassins. Mais, sur terre toujours, la boussole ne va pas se cantonner à la guerre ou au quadrillage territorial. L’explorateur puis le randonneur vont à leur tour découvrir l’intérêt de ce modeste instrument.

Désormais, les sentiers battus et les grandes routes ne suffisent plus: il faut sortir des itinéraires conventionnels pour découvrir d’autres voies et d’autres paysages. Grâce à la boussole, il devient pos sible d’accéder à des sites jusque-là négligés ou craints sans risquer de se perdre ou de manquer son objectif. A sa manière, elle nous invite au saut dans l’inconnu et à la contemplation. Sera-t-elle supplantée par les satellites et les GPS? Face à de tels concurrents, la boussole a pour elle la simplicité ainsi que, d’une certaine façon, l’écologie puisque cet instrument séculaire se passe d’énergie, fossile ou autre. Son énergie à elle est inépuisable. La technologie n’aura pas si vite raison des mystères de la boussole.

Jean-Michel Diard 12 mars 2014

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