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O.N.G. - Extrême-orient(é)
15 novembre 2013

Biographie de Jean-Vincent Placé

Sans titre

Jean-Vincent Placé est, à l’état civil, né le 12 mars 1968 à Séoul (Corée du Sud) même s’il précisera au Figaro du 13 août 2010 que cette date est incertaine. D’abord élevé par des soeurs protestantes hollandaises, il sera adopté sous forme plénière à l’âge de sept ans par une famille normande avant d’être naturalisé en 1977. Dans cette famille française de cinq enfants, le père est avocat et la mère institutrice. S’il a souvent été dit que cette famille était « très à droite et très chrétienne », il semble que la réalité soit à nuancer. En effet, son frère Hervé Placé, avocat d’affaires à Caen, expliquait à Mégalopolis du 15 septembre 2011, à propos de ses géniteurs que « Lui [est] plutôt de droite, elle plutôt de gauche ».

Il aura fait tout son cursus scolaire à Caen, au collège Villey Desmeserets, puis au Lycée Augustin Fresnel d’où il sortira bachelier (1987). Il obtiendra une maîtrise d’économie à l’université de Caen où il militera à l’UNEF-ID tout en fréquentant le PS Caennais. Entré très jeune en maçonnerie, au Grand Orient de France, il adhère aux radicaux de gauche en 1992. Michel Crépeau (lui-même franc-maçon, membre de la Commission trilatérale, député de Charente-Maritime et maire de La Rochelle et président du groupe Radical-citoyen-vert) le prend sous son aile et en fait son assistant parlementaire (1995-1999). « Le chinois de Crépeau » doit tout à ce « deuxième père » (Le Point, 15 juillet 2010) qui lui apprendra tous les rouages du métier : « Tu sonnes, tu fais parler le mec de lui, tu lui répètes trois fois ton nom et le jour du vote. C’est tout (Le Point, 31 octobre 2013). » Parallèlement, présent sur la liste PRG menée par Louis Mexandeau, Jean-Vincent Placé se retrouve conseiller municipal d’opposition à Caen (1995-2001). Après la mort de Michel Crépeau (1999), Placé s’installe à Paris et adhère aux Verts (2001). « Il aurait pu entrer au PS, mais pour lui, mieux vaut être un aigle chez les petits qu’un moineau chez les grands (Le Point, 15 juillet 2010). »

Alors que Placé n’a aucun antécédent écologique, Jean-Luc Bennahmias, alors secrétaire national des Verts, lui confie la direction du Cédis (Centre d’éco développement et d’initiative sociale). Destiné à former les élus écologistes, cet organisme, financé grassement par l’État, qu’il dirigera pendant dix ans (2001-2011), lui a permis de tisser sa toile dans le parti (sur le site copains d’avant, il se présente d’ailleurs comme directeur de centre de formation). À son départ, il nommera Christophe Rossignol, un familier de son riad à Marrakech, qui quittera son poste au printemps 2012 (pour la campagne législative infructueuse de la 2e circonscription d’Indre-et-Loire) avant d’être remplacé par Dominique Plancke.

Il est d’abord membre du secrétariat exécutif des Verts d’Ile-de-France en tant que délégué aux élections de 2002 à 2004, puis sera l’un des principaux négociateurs de l’accord régional Verts-PS (alliance dès le premier tour dans quatorze régions). Très fin manoeuvrier, il se fait donc élire tête de liste parisienne aux élections régionales de 2004, puis à la présidence du groupe Vert au conseil régional d’Ile-de-France. L’année suivante il devient membre du comité des régions (CDR) de l’Union Européenne, où il représente la Région Ile-de-France. « Une fois bien installé au conseil régional, il s’est déployé chez les Verts et a pris une place étonnante. Sans jamais intervenir dans les débats du congrès, il négocie les alliances et propulse son nouveau courant, Espoir en actes, au centre du jeu (Le Monde du 21 mai 2008). »

C’est ainsi qu’au congrès de 2006, il réussit à faire nommer sa compagne d’alors, Cécile Duflot (portrait détaillé dans F&D 284), secrétaire nationale bien que minoritaire au sein du parti. Il lancera au député PS Bruno Le Roux : « T’as vu qui est secrétaire nationale ? Ma meuf ! C’est moi le patron maintenant. » Le Monde du 21 mai 2008 précise : « On lui reproche d’avoir « importé » les méthodes apprises au PRG. Intrigues, alliances dans les couloirs, menaces sous couvert de pressions amicales, peu d’appétit pour les batailles idéologiques qui font le délice des Verts : tout pour déplaire. Et pourtant, il grimpe. » En 2006-2007, rapidement rebaptisé « expert électoral », il est négociateur en chef des Verts pour les élections législatives. Le premier fait d’arme par le duo Placé-Duflot sera de refuser l’accord électoral avec le PS, malgré une proposition de soutien dans la 5e circonscription de l’Essonne, circonscription dans laquelle Ségolène Royal était arrivée en tête lors du second tour de l’élection présidentielle. La dénonciation d’un accord au rabais avec les socialistes lui permettra de consolider sa base en interne.

Il sera président de Natureparif depuis sa fondation en 2007 jusqu’en 2010, une agence régionale de la nature et de la biodiversité d’Île-de- France (la plus importante agence sur la biodiversité en Europe, avec un budget annuel de 3,4 millions d’euros). Après les municipales de 2008, il occupera également la fonction de conseiller municipal aux Ulis (jusqu’en 2011), mais se fera surtout remarquer par sa réaction à la victoire de Dominique Voynet à Montreuil : « Dommage qu’elle ait gagné contre un autre élu de gauche. J’espère qu’elle va s’occuper à pleintemps des habitants de Montreuil. » Cette attaque sera la première d’une campagne anti-Voynet pour faciliter la réélection de Cécile Duflot à la tête du parti. Quant à lui il sera élu secrétaire national adjoint des Verts, délégué à l’organisation, aux régions, à la communication interne et aux relations extérieures. De fait, le n° 2 du parti.

Dans la lancée du bon score d’Europe Écologie aux européennes de 2009 (16,3 %), il opte pour la constitution de listes autonomes au premier tour des élections régionales de 2010. Directeur de campagne de Cécile Duflot en Île-de-France (16,58 % au premier tour), il négociera la fusion d’entre deux tours en Île-de-France avec Jean-Paul Huchon et au niveau national avec Claude Bartolone. Il occupera, de mars 2010 à décembre 2011 le poste de vice-président du conseil régional d’Île-de-France, en charge des transports (un budget annuel de 9 milliards d’euros). « Il s’intéresse à ses dossiers, mais ce n’est pas le roi des transports en Ile-de- France. Ce n’est pas qu’il ne suit pas, c’est qu’il n’en a pas envie. Tant qu’il n’aura pas la présidence du Stif [le bras armé de la région en matière de transport, dirigé par Jean-Paul Huchon, N.D.L.R.], il ne s’y investira pas totalement. Pour lui, pas question de faire le job pour quelqu’un d’autre (Roger Karoutchi dans Mégalopolis du 15 septembre 2011). » Michèle Sabban de conclure : « Il est dans le deal permanent, avec une façon insolente de menacer de ne pas voter s’il n’obtient pas les moyens qu’il réclame (Le Monde Magazine, 16 octobre 2010). » Ambitieux, il participait en 2010 au forum Sécurité et liberté à l’université du PS, assurant à L’Express du 28 juillet 2010 : « J’espère faire partie de ceux qui dirigeront le pays. Je rêve du ministère du Budget ou de celui de l’intérieur, par attachement à l’ordre républicain. » Pour la désignation du candidat à la présidentielle de 2012, il coachera Hulot tout en ayant pensé un temps soutenir Duflot contre Eva Joly (« Si vous préférez la vieille éthique à la jeune dynamique »), avant de soutenir cette dernière contre Hulot.

Daniel Cohn-Bendit révélera un mail envoyé par un proche de Placé en interne : « On peut leur laisser Eva Joly pour 2012, mais il faut bloquer Cohn- Bendit, Jadot et garder le parti (Libération du 7 juin 2010). » En réalité Duflot et Placé avancent en binôme pour assurer leur emprise sur le parti. Gaby Cohn-Bendit, les appelle le « Politburo » et Daniel Cohn-Bendit désabusé de constater : « C’est le Richelieu des Verts, il est sans fois ni loi, il se réclame de Mitterrand et de la ruse (L’Express du 28 juillet 2010). » Le choix de Joly est en réalité un sacrifice volontaire de l’élection présidentielle dans le cadre de négociation avec les socialistes en vue des législatives. Un socialiste constate d’ailleurs dans Le Point (15 juillet 2010) : « Il deal, il arrose à coup de déjeuners, de dîners, de placements de ses potes… Il ne croit qu’au rapport de force, l’écologie il s’en tape ! » et Stéphane Sitbon, conseiller de Cécile Duflot reconnaît : « S’ils n’étaient pas amis [Duflot et Placé], il serait déjà mort (même source). »

Entré chez les Verts à l’adolescence, Stéphane Sitbon, homme clé de la nomenklatura verte, accompagne Placé dans ses négociations où il discute d’égal à égal avec les pontes socialistes en vue des sénatoriales de 2011. C’est ainsi qu’il entre au Sénat avec neuf autres élus écologistes. Avec la baisse du nombre de sénateurs nécessaire pour la formation d’un groupe (de 15 à 10, pour laquelle il a oeuvré), il se retrouve propulsé président de groupe au Sénat. Il déclare alors : « Je le dis tranquillement avec beaucoup de prétention : sans Aubry, Duflot et moi il n’y aurait pas eu de majorité au Sénat (Le Point, 12 janvier 2012). » Désormais sénateur de l’Essonne, membre de la commission des Finances, il est désigné comme rapporteur spécial du budget de la sécurité. En bon rad-soc, il négocie ensuite l’accord législatif PS-EELV (sur 63 circonscriptions) qui obtiendra 18 députés. Avec un score de 2,31 % d’EELV à la présidentielle, le parti obtient donc deux groupes parlementaires, celui de l’assemblée nationale étant présidé par François de Rugy, son ami de quinze ans.

Jean-Vincent Placé qui « fait de la politique comme un éléphant du PS ou un baron de l’UMP » (Entourages du 26 novembre 2012) entretient le contact avec les socialistes Jean-Pierre Bel, François Rebsamen et François Lamy avec qui il a négocié les accords entre les deux partis en vue de l’élection de 2012. Au Sénat, ce mondain est comme un poisson dans l’eau, s’affichant avec les UMP Roger Karoutchi et Pierre Charon, ou encore Jean-Louis Borloo. Laure Lechatellier, une de ses fidèles, se charge de ses relations politiques réservées, et garde un oeil sur le conseil régional d’Ile-de-France dont elle est vice-présidente en charge de l’action sociale.

Séparé (mais en très bons rapports, en particulier politiques, puisqu’il demeure en fait son véritable mentor) de Cécile Duflot, il vit désormais en concubinage avec Éva Sas, la trésorière des Verts. Née en 1970, cette dernière est l’ancienne compagne du ministre délégué au développement Pascal Canfin. Elle fut candidate dans la 18e circonscription de Paris en 1997 sur la liste USQJ (de Pierre Larrouturou) où elle avait obtenu 0,97 % des voix. Elle est aujourd’hui députée écologiste de l’Essonne (le département de Placé), vice-présidente de la commission des Finances de l’assemblée nationale, trésorière d’EELV et cogérante avec Cécile Duflot de la SCI Un toit pour les Verts. Aux élections municipales de 2014, elle doit conduire la liste à Savigny-le-Temple.

En matière de politique étrangère, Placé a toujours été un sioniste, à la différence d’autres élus écologistes. Il a d’ailleurs participé aux deux plus récents dîners de gala du Conseil représentatif des institutions juives de France (2012, 2013). En juin 2013, il s’est rendu, avec Eva Sas, en Israël où Jean-Vincent Placé conduisait la délégation d’élus EELV (avec François de Rugy, André Gattolin, et Christophe Cavard). Le porte-parole d’EELV, Jean Philippe Magnen fera savoir que le parti ne cautionnait pas ce déplacement qui marque une rupture avec la position historiquement pro-palestinienne des Verts. Un an avant, il s’était rendu aux cent ans de l’hôpital Hadassah et le président d’Hadassah-France, Sydney Ohana lui avait rendu hommage publiquement : « Il n’a rien à envier au plus sioniste d’entre nous. Jean- Vincent Placé est un ami d’Israël de longue date » et de rajouter : « J’espère que tu sauras populariser un peu la cause d’Israël chez les écolos » (Actualité juive du 14 juin 2012). Il semble qu’il ait été entendu.

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