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O.N.G. - Extrême-orient(é)
23 octobre 2013

Le calcul des socialistes et le consensus de Pékin

Sans titre

Quoi qu’en disent les Guignols de l’intox, pardon, de l’info, qui sont à la comprenette politique ce que Marc Lévy ou Guillaume Musso sont à la littérature, notre Président bien-aimé François Hollande, dit « le IIème », est tout sauf un imbécile : c’est le digne successeur de François Mitterrand, dit « le Ier », qui coupa la droite en deux pendant dix ans avec SOS Racisme, le temps de gagner encore une présidentielle (par ailleurs totalement inutile pour le pays).

Aujourd’hui, François le IIème fait la même chose avec la hache du mariage pour tous, qui permet parallèlement d’assurer le RSI (retour sur investissement) de Pierre Bergé, qui a beaucoup fait pour la Cause : gros sous de campagne + soutien sans faille du journal Le Monde, vendu jusqu’à l’os. Jusqu’ici, vous n’apprendrez rien.

La suite est plus étonnante.

Beaucoup de Français se demandent avec raison pourquoi le gouvernement PS se suicide en acceptant 20 000 (chiffres La Croix), puis 50 000 Roms bientôt de Bulgarie et de Roumanie, contre l’avis de ses concitoyens. Notre élite, déconnectée du pays réel, comme le faisait remarquer avec cruauté Florian Philippot aux autres politiques du Big Four sur le plateau d’Yves Calvi (PS, PC ou FdG, UMP, Médias), fait plus ou moins semblant de ne pas comprendre pourquoi les Français qui habitent à côté des campements sauvages sont en colère. En réalité, pas tant contre les Roms, qui sont de pauvres hères sans défense (on attend toujours la riposte du lobby rom à la télé), mais chiants quand même, que contre un laxisme d’État, et donc une politique absolument volontariste.

Oui mais qu’est-ce que François le IIème a à gagner dans une poussée de colère nationale ? La montée du FN ? Évidemment. Au prix de quelque impopularité et de… quelques municipalités en 2014, selon l’aveu même de Malek Boutih, ex-vitrine de SOS Racisme devenu député de l’Essonne. Le PS possède tellement de villes… Les Roms sont le curseur qui permet de faire monter ou descendre le FN en fonction des besoins politiques du moment. Actuellement, François le IIème, empêtré dans un chômage des années 30, a besoin d’un FN fort. Il y a quelques années, quand le club de la capitale portugaise végétait en milieu de classement, le Premier ministre en personne avait sorti cette phrase magique : « Nous avons besoin d’un Benfica fort. »

Le coup à deux bandes est simple : casser la droite UMP en deux, seule capable de reprendre le flambeau de l’alternance en 2017, par le jeu des désistements et de la réserve électorale. Calcul politique gagnant, mais perdant pour le pays, puisque ses conséquences sont désastreuses pour l’unité, et donc le redressement national. On reprendra la phrase d’un troisième François, moins noble celui-là, malgré son château, Cavanna du nom, sur lequel Denis Robert réalise un doc gentillet (vite avant la saisie) : « Privatisons les bénéfices, et socialisons les pertes. » Ici, François le IIème privatise le bénéfice politique de l’éclatement de l’UMP sous la pression montante du FN, mais au prix de l’unité du pays. Un risque de début de guerre civile, toujours en germe chez nous depuis deux cents ans. À ceux qui refusent la fracturation hydraulique pour le trésor des schistes bitumineux, pas très moral de réaliser la fracturation politique pour le trésor électoral caché dessous ! Le coup à trois bandes est facile à voir : faire passer Marine devant le candidat UMP en 2017 et vaincre sans gloire (apparemment) au second tour de la présidentielle. Une tactique 100 % mitterrandienne. Sauf que ce coup-ci, on sera plus proche du 55/45 que du 80/20. Et ce sera le dernier coup de billard.

L’injection de Roms en grande quantité dans notre pays est donc un calcul politique à long terme, et Le Pen père a raison de dire qu’on risque de passer de 50 à 500 000 roms après janvier 2014. Pourquoi pas, après tout, ce sont des citoyens européens, et la gauche Oui-Oui (pas forcément lucide sur le calcul florentin de son Président) pense pouvoir assimiler tout ça. Philippot évoque au milieu des cris le « rouleau compresseur républicain », à coups d’école et de boulot. Why not, la France est le pays du miracle de l’assimilation. Et puis comme dirait de Gaulle, il faut qu’on soit au moins 80 millions, pas 50 ou 60, c’est pas assez. Lui voulait égaler l’Allemagne en terme d’habitants. Eh ben si les Françaises continuent à pondre comme ça, et les Allemandes à dépondre autant (adios Lebensborn), on va y arriver, tranquillement, démographiquement, à la Emmanuel Todd. Sauf si les socialos, en manque de fraîche, coupent dans les allocs.

Reprenons.

François le IIème, fin politique, doit donc à la fois ouvrir les vannes à Roms (le romoduc), tout en montrant de la fermeté, mais pour la galerie. Il doit jouer de la carpe et du lapin dans le même gouvernement, ce que font parfaitement nos deux comédiens Valls et Taubira. Taubira, c’est romoduc ouvert, et Valls, romoduc fermé. En apparence. Il faut donner des gages à tout le monde et faire croire qu’on « lutte contre l’insécurité » mais aussi « pour la justice des droits de l’homme ». C’est comme le chômage, aucun de nos gouvernements des trente dernières années – les Trente Foireuses – à part celui de Pierre Mauroy, n’a vraiment voulu lutter contre le chômage, car le chômage est la condition sine qua non du profit en pays capitaliste. C’est l’assurance de salaires bas, d’une pression sur l’emploi, de la soumission des syndicats (quand ils ne touchent pas en douce), de la déconfiture communiste, et de marges consolidées. Le grand patronat adore le chômage et déteste l’inflation, qui rogne ses marges. Et les gouvernements successifs lui sont soumis.

Ceci étant dit, nous assistons donc à un petit théâtre de marionnettes où François le IIème joue du gendarme Valls contre la racaille Taubira (« Ouvrez ouvrez la cage aux taulards, regardez les s’envoler c’est beau »), et inversement. On contente la gauche, puis on caresse la droite. Le mariage de la fermeté et du laxisme est l’image même du consensus de Pékin. Rappel : au sortir des indépendances du « tiers monde » dans les années 1960, les gouvernements fraîchement élus ou auto-élus se sont trouvés face à un dilemme : comment se développer ? À la russe ou à l’américaine ? Les peuples, eux, voulaient bosser, s’enrichir, être libres. On peut pas leur en vouloir. C’est le consensus de Washington, qui autorise la libre entreprise basée sur la liberté individuelle, et donc la démocratie politique. Cela a été le moteur du développement de la Corée du Sud, par exemple, partie aussi bas dans les années 60 que beaucoup de pays d’Afrique, qui présentaient même quelques réussites économiques comme la Côte-d’Ivoire.

Mais voilà, devant la crise du capitalisme financier (chômage, paupérisation, croissance nulle) et le boom de l’économie chinoise depuis les années 90, sous la baguette de Deng (Xiaoping), le modèle chinois, ou consensus de Pékin, associant capitalisme ultra et communisme de fer, séduit les leaders du monde non-aligné : un pouvoir militaire fort au service de l’unité nationale dans le but de se développer à toute vitesse, grâce à des atouts comme le faible coût de la main-d’œuvre, la démographie galopante, un marché intérieur grandissant, et parfois un sous-sol richissime. Le consensus de Pékin, tenez-vous bien, est même en train de faire (ré)fléchir les… Américains, dont on peut parfois penser qu’ils sont eux aussi un pouvoir militaire, comme la Chine, Israël, l’Algérie, ou l’Égypte. Où l’armée tient le pays politiquement, prête à réagir en cas de débordement (c’est elle qui définit le « débordement »), et encadre plus ou moins l’économie (en touchant sa part). Mais n’allons pas si loin, et retournons en France.

On dirait que le durcissement désiré (par la population, avec l’aide euh, désintéressée des médias) d’un pouvoir policier chez nous annonce l’acceptation d’un petit consensus de Pékin, mais à la française. C’est-à-dire, d’un côté, un pouvoir policier réel, qui encadre les récalcitrants à coups de taser et de subventions, de carotte et de bâton (la réserve indienne de la République), et de l’autre, une social-démocratie chère à nos propagandistes duhaméliens liée à un sempiternel libéralisme économique censé déchaîner les énergies créatrices de richesses et d’emplois. Une dictature localisée pour les Huns, la démocratie pour les autres. Concrètement, un État policier pour tenir les banlieues, mais qui ne toucherait pas les « citoyens » à l’Athénienne, soit les Patriciens, dans cette curieuse démocratie fondée sur l’association sous-hommes/surhommes. Une justice à deux vitesses, la pour les riches et la pour les pauvres. L’association paradoxale de révoltés en (im)puissance (boulots au black, confort aléatoire, carte Vitale partagée, cohabitation à la moscovite, permis acheté, rejet bijectif du système scolaire, vie en cash, résidence surveillée) et de bourgeois nantis (revenu sûr, confort de vie, protection santé, bien immobilier, double voiture, études supérieures, épargne, voyages).

On y va tout droit. Non pas vers la guerre civile – fantasme de plumitifs parisiens qui n’ont jamais vécu parmi les travailleurs ou les pauvres – mais vers des micro-guerres localisées, selon le principe de contention d’Ellroy, à savoir des flics fachos contre des immigrés défoncés (de colère, pauvreté, ignorance, came et violence) dans un périmètre donné, comme on l’a vu en novembre 2005, quand ça flambait à 100 mètres, et que les gens allaient bosser tranquillement juste à côté. Là aussi, consensus de Pékin, alliance étonnante de la carpe et du lapin, du feu et de la glace.

la rédaction d’E&R

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