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O.N.G. - Extrême-orient(é)
9 octobre 2013

Le père Magnéto

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Le « père Magnéto » […] Col blanc et dur, plastron noir, une tenue stricte de clergyman, Louis Delarue a 58 ans. A la boutonnière, l’insigne des paras et des ruban : Légion d’Honneur, croix de guerre des T.O.E., valeur militaire. Il a quelque chose du chef scout. Cheveux gris tirés en arrière, tempes dégarnies, bien bronzé avec ses yeux très pâles, il est l’illustration parfaite de la fameuse feuille de propagande [sic] : « La prière du para… je veux la tourmente et la bagarre… ». Le père « Magnéto » comme certain l’appelle ne tempête pas. Il est sûr de lui et sans remord, même si le problème de la torture continue à le préoccuper : « J’ai peur de voir mes arguments détruits chaque fois que sort un ouvrage sur le sujet. » Dans le cadre désuet d’un couvent triste et vieux, ce moine combattant semble déplacé. Il n’a pas choisi la vie d’ « exilé » qu’il mène aujourd’hui. Il est né dans la région de Briouze, en Normandie. Des parents d’origine rurale, des études au séminaire de Sées, avant de rejoindre les Oblats. « Dès mes quinze ans j’ai voulu quitté Sées pour rentrer chez les O.M.I. [Oblats de Marie Immaculée, ndlr]

Mais c’était le diocèse qui payait mes études, et les évêques d’alors étaient économes de leurs futurs prêtres. La propagande missionnaire était interdite au collège. Un soir, en cachette, sur les rangs, un camarade m’adonné « Aux glaces polaire », du père Duchaussoy. L’héroïsme des premiers pères chez les Esquimaux m’a enthousiasmé. C’était décidé, c’est là que j’irais… » Ordonné en 1937, il part pour la Colombie britannique. Il a été un temps le curé des chercheurs d’or du Klondike. Appelé en 1940, il est fait prisonnier à Saumur. Il se retrouve en 1944, « tout naturellement », aumônier des troupes régulières constituées à partir des maquis du Vercors et des Glières. Il les suit en Italie et en Autriche. La paix revenue - elle semble lui peser -, il se porte volontaire en Corée. Trop tard. Le cessez-le-feu intervient. En 1954, il est en Indochine. D’abord à Saigon. Il manque un aumônier para… « Après une nuit d’angoisse, je me porte volontaire. » Encore la paix. En 1955, il est en Algérie, aumônier du 2ème Régiment de parachutistes coloniaux (R.P.C.) ; le futur 2ème régiment parachutiste d’infanterie de marine. « Nous marchions, nous crapahutions partout. Et nous ne trouvions rien. C’était le cri de joie quand on apprenait un accrochage. Malgré les pertes. Nous étions là pour liquider la question. » Après un crochet par Suez : « Massu m’avait interdit de sauter. J’ai regretté de n’avoir pas été présent… Et puis il a fallu encore s’arrêter avant la victoire. », il se retrouve au cœur de la bataille d’Alger. […]

Article de Claude-François Julien, Nouvelle Observateur, 22 novembre 1971.

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