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O.N.G. - Extrême-orient(é)
24 septembre 2013

Sept. 1970 : l’usage d’armes chimiques par les États-Unis au Laos

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Septembre 1970. La guerre au Vietnam fait rage entre le nord et le sud du pays. Ses proches voisins, le Laos et le Cambodge, sont également touchés par le conflit.

Pendant que les B-52 de l’US Air force tapissent de bombes le territoire cambodgien frontalier avec le Sud-Vietnam et qui sert de base arrière et de piste d’acheminement en matériel et en hommes pour le Vietcong [1], les combats au sol sont assurés dans le plus grand secret par des unités d’élite pratiquant la guerre non-conventionnelle (sabotage, espionnage, capture ou élimination d’officiers ennemis, secours aux prisonniers de guerre, soutien aux agents clandestins, etc.)

Un commando de 16 membres de « bérets verts » (probablement des membres du MACV-SOG [2], épaulés par une centaine de combattants Hmongs [3], mené par le lieutenant Robert Van Buskirk) est chargé d’un opération clandestine au Laos : sa mission, du nom de Tailwind, a pour but la destruction d’un village servant de camp militaire où a été signalé un groupe de « yeux ronds » – des caucasiens – (un groupe de déserteurs américains, parfois présenté comme des conseillers militaires soviétiques).

Après de violents combats ou de nombreux soldats sont blessés, l’opération tourne mal : à court de munitions, épuisés et isolés dans la jungle montagneuse du Laos, encerclés par les soldats vietnamiens et laotiens du Pathet Lao  [4] et à plus de 100 km de leur base de Kontum, les hommes du lieutenant Van Buskirk semblent ne pas pouvoir s’en sortir. Ils contactent par radio leurs supérieurs et demandent l’exfiltration de leur petit groupe par hélicoptère.

L’état-major ordonne aux hommes de passer leurs masques à gaz (élément troublant car aucune unité servant en Asie du Sud-Est ne s’encombrait de ce genre d’équipement, preuve que les unités en étant équipées étaient susceptibles de devoir faire face aux gaz de combats). Deux bombardiers Douglas AD Skyraider sont envoyés sur zone et lâchent plusieurs bombes sur les forces communistes qui se retrouvent dans une brume à peu de distance des hommes des forces spéciales.

Le sergent Mike Hagen témoigne : « Ça m’est apparu comme un brouillard très léger, sans couleur, inodore, à peine visible. »

Le soldat Craig Schmidt raconte : « L’air est devenu collant. Nous avons rabattu nos manches pour nous couvrir autant que possible. »

Le sergent Mike Hagen déclare : « C’était du sarin un gaz neurotoxique, même si le gouvernement refuse de l’appeler comme ça. »

Le gaz neurotoxique fait des ravages parmi les soldats vietnamiens et laotiens. Mike Hagen décrit : « Les soldats ennemis se tordaient à terre, saisis de convulsions, de vomissements et de diarrhées incontrôlables avant de périr par étouffement. »

Les hommes de Van Buskirk peuvent alors rejoindre la zone d’extraction. De retour dans leur base, le commando a reçu l’ordre de ne pas faire mention dans leurs rapports de cette attaque au gaz.

Les témoignages des vétérans de l’opération Tailwind furent diffusés en 1998 par CNN et le magazine Time, prouvant que les États-Unis furent les premiers à utiliser du gaz de combat depuis le protocole de Genève de 1925 prohibant l’emploi en cas de guerre de gaz asphyxiants, toxiques ou similaires et de moyens bactériologiques (non-ratifié par Washington au moment des faits, sous la présidence Nixon).

La veille de l’assaut sur le village, les appareils états-uniens avaient déjà « préparé » la cible par un bombardement au gaz létal.

Henry Kissinger [5] et Colin Powell [6] firent pression sur Ted Turner, le propriétaire de CNN, pour faire stopper l’enquête de la journaliste April Oliver, en charge du dossier. Cette dernière refusa et fut licenciée. La Justice confirmera le sérieux de son enquête sur l’opération « Tailwind » et soulignera que la procédure de l’employeur était abusive.

Le Pentagone nia l’usage de tels armes et affirma « n’avoir trouvé aucun document faisant état de l’utilisation de gaz de combat » au Vietnam.

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