Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
O.N.G. - Extrême-orient(é)
18 juin 2013

Avec du riz et du nuoc mam, un peu d'opium...

Sans titre

Mon hôte se pencha vers moi d'un air mystérieux et porta soudain son poing à sa bouche en aspirant bruyamment, puis il hocha gravement du chef : "... il tire sur le bambou, quoi ! ... Notez bien, il y en a d'autres ; encore une tradition dans la Marine."
L'imbécile ! L'opium, c'est moi qui ai décidé Willsdorff d'en embarquer sur la jonque. C'est un excellent remède dans certains cas et je comprends très bien qu'après avoir essuyé un cyclone, bien abrité dans les Maldives, il se soit allongé sur sa natte pour fumer quelques pipes. C'est la meilleure manière de récupérer, meilleure que le tafia ; j'en aurais fait autant. Le nuoc mam de Phu Quoc, dans les jarres brisées par le cyclone pour le grand bonheur de Mimi, qui empestait si fort ; le riz, le poisson séché, c'est encore moi. Le nuoc mam est un concentré de jus de poisson fermenté que fabriquent les Vietnamiens. Il y a des cris, comme pour le vin, celui de Phu Quoc est le meilleur. Ça sent fort, c'est vrai, mais c'est délicieux. On en verse sur tous les mets, même sur la viande. A l’hôpital j'en donné une cuillerée à soupe tous les matins à mes convalescents. J'en avais fait analyser un échantillon par un laboratoire ; il y a dedans tout ce qu'il faut pour l'organisme : des sels, du calcium, du fer, du phosphore, des vitamines, etc. Je pensais qu'avec du riz et du nuoc mam, un peu d'opium pour se soigne, on pouvait faire le tour du monde - je le pense toujours.

Pierre Schoendoerffer - Le Crabe-Tambour (livre)

Publicité
Commentaires
Publicité