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O.N.G. - Extrême-orient(é)
4 juin 2013

Jouer la Chine, lorsqu'on n'est pas du tout la Chine

Shanghai-1930

Par ailleurs, d'un conservatisme sans élan et sans compréhension, d'un ensemble de mouvements à tendances sociales et qui ne sont que duperies fort bien organisées au profit de quelques-uns, que peut faire la France ? Ses amis éprouvent une certaine inquiétude à se dire que la France n'est plus en accord avec ce qu'on pourrait appeler la marche générale du monde. Je me hâte de vous dire, ma chère Angèle, que je ne donne point dans la métaphysique du dynamisme, et que je n'ai pas pour habitude de m'émerveiller devant tous ces petits dieux modernes, progrès, évolution, qu'on nous demande d'admirer. Mais, en dehors de toute métaphysique, c'est une question de fait qu'en 1830 par exemple, ou surtout en 1848, il courut par l'Europe un grand mouvement libéral, inspiré des idées de la Révolution française, que ce mouvement soit louable ou ne le soit point. Aujourd'hui, le monde ne va pas dans ce sens, que nous le veuillions ou non. Je crois qu'il y a grand danger pour un peuple à jouer ainsi la Chine, lorsqu'on n'est pas du tout la Chine, et qu'on est amené à avoir des relations avec de nombreux voisins. La sagesse, ma chère Angèle, consiste à savoir quelles sont les forces qui mènent le monde, et à les utiliser.Vous qui aimez à fleureter avec les idées et les hommes de gauche, ma chère Angèle, vous comprendrez pourtant qu'un fasciste trouve que rien n'est plus beau que le fascisme. C'est tout à fait logique. Ne soyez donc pas offensée dans vos sentiments républicains si M. Ardemagni se demande: la France sera-t-elle fasciste? et s'il ne voit pour elle comme remède à l'anarchie qu'un gouvernement fort, un gouvernement social, une résurrection de la force nationale, de l'idée de Patrie, du sentiment d'Empire, bref, tout ce qu'il trouve chez lui sous le nom de fascisme. Qu'on ne se laisse pas arrêter par des différences superficielles, mais qu'on réfléchisse, ma chère Angèle, sur ce livre interrogatif écrit sur notre pays, à la frontière de notre pays.

Robert Brasillach - Lettre à une provinciale : un portrait italien de la France

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