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O.N.G. - Extrême-orient(é)
12 avril 2013

La route vers la modernité ou la fin Bhoutan

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Un jour, un Roi du Bhoutan reva d'autarcie... Lorsqu'il était roi, Jigme Singye Wangchuck, le père du jeune souverain actuel, régnait sur un pays volontairement laissé par lui avec très peu de voitures, aucune marque dans les magasins, une seule chaine de télévision, quelques téléphones mobiles, un droit d'entrée de 300 euros pour chaque touriste et le tir à l'arc comme loisir national...

Fils du roi Jigme Dorji Wangchuck, Jigme Singye Wangchuck, 4e roi de sa dynastie, avait accédé au trône en 1972, à l'âge de 17 ans. L'invitation de dignitaires étrangers lors de son couronnement le 2 juin 1974 marqua la fin d'une longue période d'isolement du pays. Le couronnement du 4ème roi, Jigme Singyt Wangchuck, en 1974, est apparemment l'occasion pour le royaume de s'ouvrir davantage sur le monde. Dans la réalité, le règne de Jigme Singye Wangchuck voit l'imposition de la culture bhoutanaise à l'ensemble du pays...

En 1985, une loi prive de leur citoyenneté les Lhotshampa, une population d'originie népalaise vivant dans les plaines du sud. Leur langue est interdite, ils doivent porter la tenue vestimentaire drukpa. 100 000 d'entre eux fuient et se réfugient au Népal et en Inde. Les réfugiés tibétains, pour leur part, sont sommés de prendre la nationalité bhoutanaise en 1979.

Jigme Singye Wangchuck tiendra ainsi trente années avant d'autoriser finalement la télévision en 1999... L'obsession du Roi dragon (Druk Gylapo) est en effet de ralentir, le plus qu'il peut, la modernisation que l'air du temps cherche à lui imposer.

Il poursuit la politique de son père, marquée par la lente modernisation, la plus lente possible, tout en essayant de préserver la culture bhoutanaise. En 1988, le Roi dragon instaure la politique de Driglam Namzha ("Etiquette et bonne manière"), qui impose à tous les citoyens de porter les vêtements traditionnels en public et l'apprentissage du dzongkha, la langue nationale, dans les écoles. A la fin de 2003, le "Roi dragon" ordonne la première campagne militaire bhoutanaise depuis bien plus d'un siècle pour expulser les séparatistes d'Assam qui utilisent le territoire bhoutanais pour lancer des raids contre les cibles en Inde. Des campagnes sont également lancées contre des séparatistes népalais dans le Sud du pays.

Par tous les moyens, à la façon du Lys Noir qui cherche son roi pauvre, Jigme Singye Wangchuck maintiendra pour lui un style de vie simple, préférant travailler dans une petite cabane en bois hors de la capitale Thimphu, plutôt que dans le palais-forteresse utilisé par ses quatre reines (toutes soeurs) et l'assemblée nationale.

Trente années passées à retenir le temps et à ressourcer son pays... Et puis, un jour, avant ses cinquante ans, Jigme Singye Wangchuck lacha la rampe... Non loin de lui, l'écroulement de la dynastie népalaise sous les assauts de la guérilla maoiste, l'impressionna...Les américains, comme d'habitude le convainquirent finalement de lacher du lest et de convoquer des éléctions législatives...

Cependant encore possédé par sa dignité du "Roi dragon", Jigme Singye Wangchuck abdiquera alors en faveur de son fils aîné, Jigme Khesar Namgyel Wangchuck, sous lequel auront lieu les premières élections législatives en 2008. Lui ne voulait pas voir cela sous son règne... 

Le 24 mars 2008, lors des premières élections législatives, le Parti vertueux du Bhoutan, dirigé par Jigme Thinley, âgé de 56 ans et formé par garantie aux Etats-Unis, remporte 44 sièges sur 47 de la chambre basse du Parlement, contre le Parti démocratique populaire. Jigme Thinley devient Premier ministre le 9 avril.

Mieux que cela : le jeune roi qui a succédé au Roi dragon, épouse le 13 octobre 2011, une roturière modernisante, Jetsun Pema, qui a fait des études à l'étranger...

Bref, c'est quand même le début de la fin... Chevaucher la modernité sans fouet et sans cisaux à ongles ne dure que le temps que celle-ci en a décidé, comme dit le proverbe bhoutanais que je viens d'inventer pour vous...

Le Lys Noir

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