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O.N.G. - Extrême-orient(é)
2 avril 2013

Profession : cinéaste - Politiquement incorrect !

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Jacques Dupont ! Ce nom français par excellence, au point d’en paraître banal (du moins autrefois), ne semblait pas promettre, à celui qui le portait, un destin exceptionnel. Paysan, artisan, instituteur, soldat, oui, peut-être. Voilà ce qui pouvait attendre tous les Jacques Dupont de jadis, et Dieu sait s’ils durent être nombreux. Mais le nôtre devait échapper aux destinées ordinaires. Il fut aidé en cela par un vingtième siècle fertile en trouvailles nouvelles, propres à faire bouger le paysage. Sur son chemin, ce Dupont-ci en rencontra deux qui modifièrent profondément sa trajectoire : le cinéma et la décolonisation. Le cinéma pouvait avoir du bon, source d’évasion pour ses pratiquants, public ou cinéastes. Pour la décolonisation, ce sera autre chose…

Après l’IDHEC, l’Institut des Hautes études cinématographiques dont il sort major, et plusieurs courts-métrages et documentaires exotiques (dont Crèvecœur, film sur le bataillon français dans la guerre de Corée, qui lui vaudra l’inimitié vigilante des communistes, puis La Passe du Diable (1958) avec Pierre Schoendoerffer, Joseph Kessel et Raoul Coutard), voici la consécration en 1960, avec Les Distractions, un premier grand film de fiction, tourné en France cette fois. Les acteurs s’appellent Belmondo, Claude Brasseur, Alexandra Stewart, Mireille Darc, tous futures grandes vedettes. Nous sommes à l’époque où débutent Chabrol, Godard, Truffaut et plusieurs autres. Belle époque somme toute. Oui, enfin… C’est le moment que choisit Jacques Dupont pour s’engager à fond dans une cause perdue, lui, les siens, famille et amis. Bientôt, l’étiquette aux trois lettres infamantes : OAS, leur collera sur le dos pour longtemps, si longtemps que Jacques Dupont ne pourra plus jamais faire de longs métrages. En effet, à son nom, toutes les portes se ferment, tous les projets sont refusés.

Non seulement dans l’aventure la France a perdu l’Algérie, mais aussi nombre de ses meilleurs serviteurs, militaires et civils. Elle a perdu notamment un futur grand cinéaste et c’est bien dommage. Comment beaucoup plus tard Jacques Dupont trouvera refuge et salut à la télévision, c’est entre autres ce que raconte son livre passionnant, passionné aussi (on ne se refait pas). Il est maintenant grand temps que je laisse au lecteur le plaisir de le découvrir. Écoutons plutôt le clap traditionnel et les mots magiques : « Silence ! On tourne. »

Philippe d'Hugues

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