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O.N.G. - Extrême-orient(é)
28 décembre 2012

Chine : La cinquième génération de dirigeants politiques arrive aux commandes

Sans titre

Lors de son XVIIIe congrès national organisé à Pékin du 8 au 15 novembre 2012, le parti communiste chinois (PCC) a renouvelé l’intégralité de ses instances dirigeantes. Parlement monocaméral composé de 2.987 délégués élus indirectement, l’Assemblée nationale populaire (ANP) est en cours de renouvellement (octobre 2012-mars 2013). En mars, le président du comité permanent de l’ANP Wu Bangguo se retirera, Xi Jinping et Li Keqiang remplaceront respectivement le président Hu Jintao et le Premier ministre Wen Jiabao après un vote d’approbation de l’ANP et enfin le Conseil des affaires de l’État (gouvernement) sera entièrement renouvelé.

Fondé à Shanghai le 1er juillet 1921, le PCC qui revendiquait 80.269.000 adhérents en 2010, regroupe actuellement une majorité de cadres très diplômés de plus en plus issus de lʼentrepreneuriat public et privé. Deux coalitions coexistent au sein du PCC : les élitistes (bleu) et les populistes (rouge). PCC : un parti, deux coalitions Les élitistes qui sont des citadins très diplômés défendent les intérêts des entrepreneurs capitalistes et de la classe moyenne émergente. Les élitistes, qui exercent des fonctions politiques dans les zones côtières très urbanisées et industrialisées avec un fort développement économique et commercial, sont focalisés sur la croissance du PIB et négligent les questions sociales et environnementales. Parmi cette faction figurent les «princes rouges» (enfants des hauts dignitaires du PCC), la clique de Shanghai (membres de lʼadministration municipale ayant prospéré dans le sillage de leur protecteur Jiang Zemin, maire de Shanghai de 1985 à 1988, secrétaire général du PCC de 1989 à 2002, président de la Chine de 1993 à 2003) et les «tortues marines » (expatriés éduqués à lʼétranger et revenus au pays). Adversaires résolus du protectionnisme, ils défendent des positions libre-échangistes, ultralibérales et mondialistes. Majoritaires au Bureau politique du PCC, ils contrôlent 7 domaines : administration économique, éducation, sciences et technologie, sécurité publique, défense, finance et commerce extérieur, affaires étrangères.

Les populistes, qui ont des origines sociales plus modestes et des diplômes plus classiques, sont plus préoccupés de réduire les inégalités sociales, sanitaires et territoriales (prolétariat urbain et migrants ruraux, logements à prix abordable, sécurité sociale pour les ruraux, aménagement du territoire visant à développer les provinces de lʼintérieur). Le cœur de cette faction est constitué des «Tuanpai» qui ont accédé aux fonctions suprêmes du PCC grâce à leur militantisme au sein de la Ligue de jeunesse communiste. Les fonctionnaires du parti (parmi eux figurent les intellectuels de la Nouvelle gauche) et les dirigeants des provinces rurales de lʼintérieur sont les deux autres composantes de cette faction qui détient la majorité des postes au Comité central. Les populistes contrôlent lʼappareil interne du PCC (organisation, propagande, discipline), les lois et les directions provinciales.

Instance principale du parti, le Comité central est renouvelé tous les 5 ans lors du congrès national du PCC. Avant la clôture du XVIIIe congrès, 2.270 délégués du PCC issus de 40 circonscriptions ont élu 376 membres du Comité central (205 titulaires, 171 suppléants) qui ont ensuite désigné les membres de la Commission militaire centrale (commandement et contrôle de lʼArmée populaire de libération), les 25 membres du Bureau politique (organe exécutif), les 7 membres du Comité permanent du Bureau politique (PSC, véritable pouvoir décisionnel exercé de manière collégiale) et le secrétaire général du PCC (superviseur suprême). Composé de 7 membres proposés par le PSC, le Secrétariat qui contrôle le travail du Bureau politique et de son comité permanent sous lʼégide du secrétaire général, est la bureaucratie permanente du Comité central.

Lʼaugmentation du nombre de membres du PSC révèle lʼimportance croissante de cet organe de 1982 à 2012 (5 en 1982 et 1987, 7 en 1992 et 1997, 9 en 2002 et 2007). Atteints par la limite dʼâge (68 ans), 7 des 9 membres du PSC sortant (dont Hu Jintao, Wu Bangguo et Wen Jiabao) nʼont pas été reconduits. Seuls Xi Jinping et Li Keqiang entrés au PSC en 2007 (6e et 7e rang) figurent dans le nouveau PSC réduit à 7 membres dont la composition par ordre dʼimportance est la suivante: Xi Jinping (élitiste, «prince rouge», protégé de Jiang Zemin), Li Keqiang (populiste, «Tuanpai», protégé de Hu Jintao), Zhang Dejiang (élitiste, « prince rouge », protégé de Jiang Zemin), Yu Zhengsheng (élitiste, «prince rouge», protégé de Jiang Zemin), Liu Yunshan (populiste, «Tuanpai »), Wang Qishan (élitiste, «prince rouge» par mariage, protégé de Jiang Zemin), Zhang Gaoli (élitiste, protégé de Jiang Zemin). Xi Jinping, qui succède à Hu Jintao en tant que secrétaire général du PCC, le remplacera en tant que président de la Chine en mars 2013.

Corps exécutif et législatif

Le Conseil des affaires de lʼÉtat comprend 35 membres : le Premier ministre, le 1er vice-Premier, 3 vice-Premiers, 5 conseillers de lʼÉtat (dont le secrétaire général du Conseil et 2 ministres) et 25 ministres. Le Conseil, qui se réunit tous les 6 mois, met en oeuvre la politique gouvernementale. Réduit au Premier ministre, aux 4 vice-Premiers et aux 5 conseillers de lʼÉtat, le comité permanent du Conseil se réunit chaque semaine. Le président nomme le Premier ministre ainsi que les vice-Premiers et conseillers de lʼÉtat proposés par le Premier ministre. En poste depuis 10 ans, Wen Jiabao sera remplacé en mars 2013 par Li Keqiang, actuel 1er vice-Premier.

LʻANP, dont les délégués sont élus tous les 5 ans dans le cadre dʼun système indirect à multi niveaux, se réunit lors dʼune session annuelle du 5 au 15 mars. Les délégués de lʼANP approuvent par vote le choix du président de la Chine, les nominations du Premier ministre, des 4 vice-Premiers, des 5 conseillers de lʼÉtat et des membres de la Commission militaire centrale de lʼÉtat (structure identique à son équivalent du PCC). Composé de 150 membres, le comité permanent de lʼANP qui se réunit entre les sessions annuelles, examine une loi 3 fois au maximum avant de la soumettre au vote des délégués. Protégé de Jiang Zemin et membre de la clique de Shanghai, Wu Bangguo qui a occupé le deuxième rang au sein du PSC de 2002 à 2012, préside le comité permanent de lʼANP depuis mars 2003. Zhang Dejiang pourrait le remplacer en mars 2013 à lʼissue du renouvellement de lʼANP.

Hu Jintao : l’heure du bilan

Entré au PSC en 1992, Hu Jintao a été élu secrétaire général du PCC le 15 novembre 2002 et président de la Chine le 15 mars 2003. Lors des premières années, il sʼest efforcé dʼimposer son autorité en contrant lʼinfluence néfaste des membres de la clique de Shanghai placés par Jiang Zemin pour le surveiller. Sa contribution idéologique majeure est lʼélaboration du Concept de développement scientifique, doctrine socio-économique basée sur lʼharmonie sociale. Ratifiée dans la constitution du PCC lors du XVIIe congrès en octobre 2007, cette théorie vise à concilier le développement économique avec la réduction des inégalités sociales et la prise en compte de la question environnementale.

Son second mandat présidentiel a été marqué par des crises sérieuses surmontées avec succès (troubles au Tibet en mars 2008, séisme dévastateur au Sichuan le 12 mai 2008, violences et émeutes interethniques à Ürümqi, capitale du Xinjiang en juillet 2009) et des événements prestigieux (Jeux olympiques à Pékin en août 2008, commémoration du 60e anniversaire du 1er octobre 1949, exposition universelle à Shanghai en 2010).

La Chine est devenue en 2010 la deuxième puissance économique mondiale malgré un contexte tumultueux (crise systémique globale de 2008, chute des exportations vers la zone euro). Puissance géostratégique incontournable en Asie-Pacifique, la Chine va accroître son influence maritime après sʼêtre dotée de son premier porte-avions Liaoning solennellement inauguré à Dalian le 25 septembre 2012 par Hu Jintao et Wen Jiabao.

Pour les cinq années à venir en France et en Europe, on risque de souffrir encore plus dans les domaines économique, industriel et commercial des conséquences néfastes des positions politiques dʼau moins cinq de ces sept personnages du Comité permanent du Bureau politique, très influents au niveau mondial.

Nation Presse Magazine

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