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O.N.G. - Extrême-orient(é)
29 octobre 2012

D’où vient l’expression « avoir la pêche » ?

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« D’où vient l’expression avoir la pêche et même avoir une sacrée pêche. Pourquoi sacrée ? » Cette expression (qui est de la même veine que « avoir la frite, avoir la gouache »), signifie « être en grande forme », comme vous le savez. Cela nous vient de la culture chinoise. La pêche – le fruit, bien sûr – est associée par les Chinois à la fécondité et même à l’immortalité. Pourquoi une sacrée pêche ? C’est un ajout, français pour le coup, histoire de renforcer le caractère providentiel, voire surnaturel, de tel ou tel état ou qualité (ça me semble être une sacrée bonne explication…). Puisqu’on en est aux expressions inspirées par des fruits et des légumes, rappelons qu’elles sont tellement nombreuses qu’on pourrait, en les recensant et en les décortiquant un brin, composer un agréable et saisonnier petit ouvrage. Quelques exemples. « Avoir un cœur d’artichaut » (légume dont le cœur est réputé tendre), c’est s’amouracher rapidement, avoir le cœur qui s’attache là où le regard se pose… On parle aussi de « la fin des haricots » (ou de « la fin des petits pois »). C’est que les haricots furent longtemps (et notamment à l’armée où les fayots étaient rois) une base alimentaire bon marché, très nourrissante et, de ce fait, dans le vent (si j’ose dire). Quand on en manquait, l’estomac criait famine. La carotte est elle aussi bien représentée. Avec « les carottes sont cuites », par exemple. Jusqu’au XIIIe siècle, cette expression signifiait « mourir », « passer de vie à trépas ». Quant à « marcher à la carotte », pas besoin d’explications, même les ânes – et eux d’abord – comprendront. Un autre légume très représenté dans les expressions populaires est le chou. Cela va de « avoir du chou » (être intelligent), ce qui vaut mieux que de n’avoir rien dans la citrouille, à « faire chou blanc » (mais là, chou est une prononciation berrichonne du mot coup, et donc « faire coup blanc », avoir raté son coup), en passant par « bête comme chou » (au XVIe siècle, on disait déjà « bête comme chou » pour désigner un sot), « se prendre le chou », « avoir les oreilles en chou-fleur », etc. Et aussi « planter ses choux » qui a une origine noble. L’empereur romain Dioclétien répondit à ceux qui le pressaient de revenir au pouvoir : « Je préfère aller planter mes choux ». Et donc cultiver son jardin… Pour le reste, on n’a que l’embarras du choix : « avoir du jus de navet dans les veines », « s’occuper de ses oignons » (peut-être ceux qu’on peut avoir aux pieds), « avoir de l’oseille » (ou du blé), « avoir la patate », « avoir la banane », « faire le poireau », « sucrer les fraises », « avoir la cerise », « être sans un radis », « être rond comme un petit pois », « travailler pour des nèfles » (ou pour des cacahuètes), « mettre du beurre dans les épinards », etc. Vous voyez, chère Françoise, que votre question aura contribué à me donner la pêche et même une sacrée pêche !

Alain Sanders

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